L’égalité des genres et les droits des femmes sont fondamentaux pour progresser à l’échelle planétaire sur la voie de la paix, de la sécurité, des droits de l’homme et du développement durable. Nous ne pouvons rétablir la confiance dans les institutions, reconstruire la solidarité au niveau mondial et tirer parti des diverses perspectives qu’en luttant contre les injustices historiques et en promouvant les droits et la dignité de toutes et de tous.
Ces dernières décennies, nous avons vu les femmes réaliser de remarquables avancées dans certains domaines, en matière de droits et de leadership. Mais ces progrès sont loin d’être complets ou systématiques – et ils ont suscité une réaction hostile et inquiétante de la part d’un patriarcat solidement enraciné.
L’égalité des genres est essentiellement une question de pouvoir. Nous vivons dans un monde dominé par les hommes où la culture l’est également. Ce n’est que lorsque nous nous fixons comme objectif commun les droits des femmes, un nouveau cap à prendre au profit de toutes et de tous, que nous commencerons à faire évoluer la situation.
L’augmentation du nombre des femmes à des postes de décision est fondamental. À l’ONU, j’en ai fait une priorité personnelle et urgente. Nous avons assuré la parité entre les sexes parmi celles et ceux qui dirigent nos équipes dans le monde, et le nombre de femmes occupant des postes de responsabilité est le plus élevé jamais atteint dans l’Organisation. Nous continuerons à faire fond sur cette avancée.
Toutefois, les femmes se heurtent encore à des obstacles importants pour accéder au pouvoir et pour l’exercer. Comme la Banque mondiale l’a constaté, seuls six pays accordent aux femmes et aux hommes la même égalité de droits dans des domaines touchant à leur vie professionnelle. Et si les tendances actuelles se maintiennent, il faudra 170 ans pour combler l’écart économique entre les sexes.
Les programmes nationalistes, populistes et d’austérité ajoutent à l’inégalité de genre par des politiques qui restreignent les droits des femmes et suppriment l’accès aux services sociaux. Dans certains pays, alors que le taux d’homicide est d’une manière générale en baisse, celui de féminicide est en hausse. Dans d’autres, nous constatons un recul de la protection juridique contre la violence domestique et la mutilation génitale féminine. Nous savons que la participation des femmes aux accords de paix rend ces derniers plus durables, ce qui n’empêche pourtant pas les gouvernements qui plaident en leur faveur de ne pas réussir à traduire leurs paroles en actes. Le recours à la violence sexuelle en tant que tactique dans les conflits continue d’être à la source de traumatismes à l’échelle des individus et de sociétés entières.
Dans ce contexte, il nous faut redoubler d’efforts pour protéger et promouvoir les droits, la dignité et le leadership des femmes. Nous ne devons pas céder un pouce du terrain conquis depuis des décennies et nous devons appeler à un changement rapide, radical et en profondeur.
Cette année, le thème de la Journée internationale des femmes: « Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement », aborde la question des infrastructures, des systèmes et des cadres qui ont été en grande partie établis dans l’esprit d’une culture définie par les hommes. Nous devons trouver des manières innovantes de réinventer et de reconstruire notre monde pour qu’il profite à toutes et à tous. Les femmes occupant des postes de décision dans des secteurs comme l’urbanisme, les transports et les services publics peuvent accroître l’accès d’autres femmes, prévenir le harcèlement à leur égard et les violences dont elles font l’objet, et améliorer la qualité de vie de chacune et de chacun.
Cela vaut également pour l’avenir numérique qui nous entoure déjà. L’innovation et la technologie sont le reflet de celles et ceux qui sont à leur origine. La sous‑représentation des femmes et le fait qu’elles ne demeurent pas en poste dans les secteurs de la science, de la technologie, de l’ingénierie, des mathématiques et de la conception devraient être une source de préoccupation pour nous toutes et tous.
Le mois dernier, en Éthiopie, j’ai passé du temps avec l’équipe d’African Girls Can Code, une initiative qui contribue à combler le fossé numérique entre les femmes et les hommes et à former les responsables des entreprises de haute technologie de demain. J’ai eu le plaisir de voir l’énergie et l’enthousiasme avec lesquels ces filles menaient leurs projets. Les programmes de cette nature ne développent pas seulement les compétences: ils combattent les stéréotypes qui limitent les ambitions et les rêves des filles.
En cette Journée internationale des femmes, veillons à ce que les femmes et les filles puissent concevoir des politiques, des services et des infrastructures ayant un effet sur notre vie. Et apportons notre soutien aux femmes et aux filles qui suppriment les obstacles à la création d’un monde meilleur pour toutes et pour tous.
Source: Koulouba.com