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MENACE CONTRE LA SANTE PUBLIQUE : L’avortement est-il un mal nécessaire ?

« Toutes les vies sont sacrées », nous apprend-on. À ce titre, la vie n’appartenant à aucun être humain, avons-nous le droit de l’arrêter, c’est-à-dire priver un autre être de ce présent que lui fait le ciel ? Celle-ci constitue une question éthique, mais d’actualité qu’il conviendrait de traiter avec plus de modération, en montrant ses défenseurs et ses ennemies, ses tenants et ses aboutissants.

L’avortement est devenu monnaie courante dans nos sociétés de telle sorte que nul ne se pose des questions sur ses teneurs. On s’y livre de toutes parts et n’importe comment. Dans la plupart des cas cette pratique intervient de nos jours suite à des grossesses indésirées. Ne voulant pas les garder par peur de pressions familiales, beaucoup sont ces jeunes filles qui choisissent cette voie comme dernier recours. Reconnaissons par la même voie que ces grossesses relèvent d’un manque d’expériences en matière de sexualité.

Toutefois, Barakissa Mallé, étudiante en Licence 3 à la FSEC, dit ne pas partager cette justification de l’avortement. « Soutenir l’avortement parce que la grossesse est indésirée constitue un galimatias. Aucune grossesse n’est accidentelle à part les cas de viol », a-t-elle soutenu. Cette position est également celle de Assitan Fomba, élève en Terminale TSS au lycée public de Kalaban-Coro. « S’il m’arrive de consommer une grossesse, je ne vais pas songer à l’avorter sous prétexte de pressions familiales dans la mesure où ce serait par plaisir que je l’aurais consommé », indique mademoiselle Fomba qui qualifie par la suite ceux qui se livrent à cette pratique de criminels.

L’avortement est un crime crapuleux

À considérer cette problématique sous un volet religieux et juridique, l’avortement constitue un crime passible d’emprisonnement puisque le fœtus est déjà un être humain en miniature ayant déjà une vie, donc une âme. Or, cette substance n’appartenant pas à l’Homme, mais à Dieu, ne doit pas être enlevée par qui que ce soit si ce n’est Dieu. Raccourcir la vie d’une grossesse, c’est être un criminel. Avorter revient à tuer un homme avec une arme. C’est d’ailleurs ce que soutient Maiga Sagaidou Bilal, blogueur malien. « L’avortement en tant que tel, je ne l’encourage pas. Cela, pour la simple raison que je considère toute vie comme sacrée. Or, avorter, c’est ôter une vie. Ainsi compris, je la considère comme une atteinte à la vie d’autrui, un crime », soutient M. Maiga.

De son côté, Alpha Salloum Haïdara, poète et auteur du recueil de poèmes « Nos cris et nos larmes », est plus acerbe dans sa condamnation de cette pratique qu’il considère comme un « acte de criminalité pure et dure ». « Avorter est même pire que les autres crimes puisqu’il s’agit d’ôter la vie à un être innocent qui n’a rien demandé pour bénéficier d’un tel sort », soutient M. Haïdara qui dédie un poème de son recueil à cette pratique odieuse.

L’avortement est alors condamnable religieusement et juridiquement. Seulement sur ce dernier plan, il est souvent autorisé d’avorter. Cela est possible lorsque les médecins constatent que la vie de la maman est en danger en gardant la grossesse et pour d’autres raisons encore. C’est aussi ce que nous explique M. Maiga : « Dans d’autres circonstances, il peut ne pas être considéré comme un crime. C’est le cas lorsque la vie de la maman se trouve en danger et qu’il faudrait faire un choix entre sa vie et celle du fœtus. Dans ce contexte, il peut être légalement pratiqué. » Même à ce niveau, plusieurs techniques existent en vue de sauver la vie du fœtus. Parmi celles-ci, nous avons la méthode de la Mère-Porteuse.

Cette question de l’avortement, sans être un partisan du crime organisé ni un spécialiste de la question, mérite d’être regardée sous un nouvel œil. Elle n’est pas toujours un crime comme le considèrent beaucoup. Cette question est plus problématique que nous ne puissions la penser.

Avorter pour sauver l’honneur de la famille et de la jeune fille

Nombreuses sont les jeunes filles qui s’adonnent à la sexualité sans avoir la moindre idée sur ce qu’elle est en termes de protection contre les grossesses indésirées et les maladies liées au sexe. En conséquence, une fois dedans, elles ne tardent pas à rattraper des grossesses sans auteurs connus.

N’ayant pas de moyens pour se prendre en charge et prendre en charge ladite grossesse et étant expulsées de la famille sous prétexte de se trouver un père à leur enfant, la plupart des filles décident tout simplement de se débarrasser de leur grossesse. Car, comment garder un enfant sans père ? Une telle grossesse ne sera-t-elle pas une honte pour toute la famille ? L’honneur de la famille ne sera-t-il pas bafoué ?

Toutes ces interrogations sont celles que se posent les auteurs d’avortement. N’ayant pas de moyens, il serait difficile, voire impossible, de prendre en charge un enfant en plus de soi-même. Outre cet aspect, avoir un enfant hors mariage constitue une honte pour beaucoup au sein de la société.

Beaucoup de pays ont fini par comprendre et ont immédiatement adopté des lois autorisant cette pratique. L’islamologue et philosophe d’origine égyptienne ou suisse, Tariq Ramadan, fait le même constat. D’après lui, il est plus judicieux d’autoriser l’avortement lorsqu’il s’agit d’une grossesse indésirée, une grossesse contractée par viol ou d’autres accidents de ce genre ou encore si la maman ne se sent pas en mesure de supporter la grossesse jusqu’à son terme.

En effet, une grossesse acquise par suite de viol doit être autorisée à être avortée pour le bien de l’enfant et de la mère puisqu’il sera difficile d’aimer ce genre d’enfant et pire, personne ne connait l’ADN du violeur. Car si Francis Fukuyama, intellectuel japonais, trouve que la criminalité peut être héréditaire, alors il ne sert à rien de garder une grossesse contractée suite à un viol dont l’auteur est un terroriste.

Cela est la même chose que les grossesses prématurées qui mettent la vie de la maman en danger. Par ailleurs, l’acharnement thérapeutique n’est-il pas permis dans certaines circonstances ? Alors, pourquoi pas l’avortement ?

Cette pratique n’a-t-elle pas des conséquences ?

Ses conséquences sont nombreuses, soutient Maimouna Traoré, jeune fille à Kabala. Beaucoup de jeunes se livrent à cette pratique de façon non spécialisée en combinant plusieurs types de comprimés. Ce qui peut avoir des répercussions graves sur leur vie. Aux dires de Mademoiselle Traoré, d’autres filles tentent d’avorter sans connaitre l’état d’évolution de leur grossesse. Elles se rendent chez des praticiens traditionnels pour tenter d’avorter. Dans la plupart des cas, l’avortement, même s’il réussit, peut avoir des conséquences drastiques sur leur vie. Faute de perdre trop de sang, elles peuvent être victimes d’anémie, voire mourir, a-t-elle soutenu pour finir. Ce qui laisse entendre que cette pratique n’est pas sans conséquence.

De son côté, Amédou Mallé, infirmier de la santé à Kalaban-Coura, soutient que cette pratique a de multiples conséquences. Parmi toutes celles-ci, il cite l’hémorragie à long terme ; la stérilité, voire l’anémie.

Lorsque l’on parle de l’avortement et surtout de son interdiction, nous devons faire la part des choses pour ne pas tout simplement clamer haut et fort son interdiction, mais plutôt à montrer où il est interdit et là où il est permis.

L’avortement n’est toujours pas mauvais en soi, il a des points positifs et des points négatifs, comme tout acte humain. Aux autorités de veiller à l’application stricte des bonnes normes en la matière. Le poète Haidara invite plutôt à plus de responsabilité. « Il faut s’assumer plutôt que de s’adonner à des crimes aussi odieux », invite-t-il.

Fousseni TOGOLA

Source: Le Pays

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