Au cours de son entretien avec le Renouveau Télévision, le Président du Haut Conseil Islamique, l’Imam Mahmoud Dicko, a annoncé la tenue d’un grand meeting de la plus grande organisation islamique de notre pays, le dimanche prochain, au palais de la Culture Amadou Hampaté Bah. Un meeting qui sera sans doute le prolongement du procès que l’Imam Dicko a fait au Régime actuel sur le plateau antennes du Renouveau TV.
L’éducation sexuelle fait débat. Il était question de l’introduire dans le cursus scolaire à partir du primaire. Le lièvre a été levé par l’Imam Mahmoud Dicko qui, dans un enregistrement, a révélé ce qui se tramait. Il s’en est suivi un levé de bouclier de la part de nombreuses personnes qui ont vite pris le raccourci de confondre éducation sexuelle à la promotion de l’homosexualité. Mais faut-il dire que les termes «PD» employés dans le document de travail des cadres de l’éducation prêtent le flanc à cette interprétation ?
Un constat, les mentalités, ici, ne sont pas prêtes à accepter de telles réformes dans le système éducatif. Si le Ministère avait dans un premier temps tenté de nier, il finira par admettre sur le bout des lèvres qu’effectivement ce travail était en cours, et s’excuse presque de ne pas avoir impliqué les Religieux pour prendre en compte leur avis dans un pays à majorité musulmane.
Requinqué par cette « victoire » sur le Ministère de l’Éducation Nationale et par ricochet sur le régime, l’Imam, Mahmoud Dicko qui était resté longtemps silencieux surfe sur la vague du Buzz créé par sa «révélation» et n’attend pas s’arrêter en si bon chemin. Le Haut Conseil Islamique qu’il préside tiendra un meeting le dimanche prochain. Sans être devin, l’on sait que cette question sera le plan de consistance de ce meeting avec, certainement, plus de détails encore pour définitivement mettre K.0 Abinou Témé et soutiens. Lui qui disait sur le plateau de Renouveau que le Ministre « fait pitié » pour parler d’un dossier dont il n’a pas la maîtrise, compte tirer sur l’ambulance ce dimanche.
Pour expliquer que cette mesure ait pu faire l’objet de concertations au Mali, Mahmoud Dicko pointe du doigt la cupidité : «Les gens ne sont pas responsables dans ce pays, ils vendent leur âme au diable».
Quid de la sécurité ?
Sur le plateau de Renouveau tv, l’Imam Dicko, qui a longtemps fait partie de la commission de bons offices dirigée par l’ancien Premier Ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga, pour ramener Iyad Ag Ghali à la table de négociations n’a pas manqué de se prononcer sur la situation sécuritaire du pays. Et là encore, il n’a pas manqué de faire des «révélations». «Cheick Haoussa a été assassiné le jour où il m’a annoncé qu’Iyad avait accepté d’aller vers la paix», a-t-il affirmé. Une affirmation lourde de sens, quand on sait que la ligne rouge imposée à Bamako par certains de ses partenaires, et non des moindres, est de ne pas dialoguer avec ceux qu’ils ont appelés «djihadistes». Sinon, on se souvient que les Maliens, de toutes obédiences, regroupés lors des concertations nationales en mars 2018, avaient formulé à la fin des travaux l’ouverture de dialogue avec Iyad Ag Ghali. Le médiateur de la République, Baba Hakib Haïdara, qui avait présidé les travaux en avait fait la lecture en présence du Chef de l’État, Ibrahim Boubacar Kéïta, au palais de la Culture. Un Chef d’État qui, tout ému de voir les Maliens discuter et proposer, avait promis de prendre en compte des recommandations formulées notamment celle ayant trait au dialogue avec les Maliens en rupture de ban. La commission des bons offices naissait par la suite avant de disparaître avec le départ du Premier Ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga.
«Le pouvoir n’a aucun respect pour le peuple», trancha-t-il. Pour y mettre fin, il invite la population à prendre les rênes à l’image des gilets jaune français et de «tracer des lignes rouges» que les Gouvernants ne doivent plus franchir désormais. C’est certainement ce trait qu’il va commencer à tracer à partir du dimanche prochain.
Mohamed Sangoulé DAGNOKO
LE COMBAT