S’il y a un acte troublant, de nos jours, qui est en train de marquer l’humanité ; c’est bien le terrorisme. Mais que deviendraient-ils ces actes terroristes sans les médias ? Peut-on imaginer un jour un boycott de ces actes par les médias. A ces questions, notre confrère du Faso, Oezen Louis Oulon, non moins responsable de l’International Négoce, a tenté d’apporter des éléments de réponse.
Notre pays a abrité, du 22 au 24 août, le troisième Forum du Réseau des journalistes ouest-africains pour la paix (FJP).
Aux termes de trois jours d’échanges et de débats, les participants ont discuté sur de nombreuses questions d’actualité, liées à la paix. Parmi les thèmes débattus: « Médias et terrorisme » a été développé par Oezen Loui Oulon.
Incontestablement, les médias en tant que supports intéressent «les maîtres à penser des actes terroristes» qui intègrent les médias dans leurs stratégies de communication.
Selon le conférencier, tant que la logique de l’information sera le «Quoi de neuf ? », celle sur le terrorisme, par le fait de sa nouveauté, va toujours intéresser les médias. En effet, à la question basique : « Quoi de neuf ? » La réponse peut être : attentats terroristes à… « Nambala, Kidal, Bamako, Ouaga, Nairobi… ». L’ampleur des dégâts et le nombre de victimes placeront cette information à sa juste place dans l’alignement de la rédaction, selon le conférencier.
Le terrorisme est-il un moyen de lutte méprisable ? Moyen de lutte légitime ? S’agit-il de moyens pour atteindre un objectif politique d’action ignoble de terroristes sanguinaires ou simplement de gestes justifiés de gens qui luttent et meurent au nom de la liberté ou de Dieu ?
En tout cas, bons ou mauvais, sanguinaires ou héros de la liberté, les actes des terroristes alimentent et font quotidiennement les «Unes» des médias, à travers le monde. En effet, soutient le conférencier, les actes terroristes sont des matières pour les journalistes.
Il en donne l’exemple: dans les jours qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001 aux USA, près de 9 téléspectateurs américains sur 10 ont jugé le travail des médias excellent.
On imagine un seul instant une décision des médias de ne pas se faire l’écho des actes terroristes dans le monde ? Ce mot d’ordre ne sera jamais suivi tellement les gens veulent savoir et sont souvent attirés par le sensationnel, est-il convaincu.
«Le rapport entre médias et actes terroristes est comparable à un lien de mariage malheureusement marqué par la recherche du sensationnel », dira le conférencier. L’information spectacle se précipite sur les images et les thèmes qui suscitent les actions des terroristes (drame, tragédie, choc, colère, douleur, peur, panique) sont des ingrédients idéaux pour transformer ces actions (thriller haletants ou en feuilletons déchirants) conçues pour captiver le public et élargir l’audience, selon Ouezen Louis Oulon.
L’acte terroriste est ainsi vu comme un spectacle mis en scène par les maîtres à penser du terrorisme, une théâtralisation où le metteur en scène cherche à captiver des spectateurs. Dans ce contexte, les choix sont méticuleusement faits pour impacter autant que faire se peut.
« On peut envisager le terrorisme moderne comme le montage d’opérations répondant aux exigences de la production théâtrale. Les terroristes accordent la plus grande attention à la préparation du scénario, à la distribution des rôles, au choix des décors et des accessoires, au jeu des acteurs et au réglage minute par minute de la mise en scène » (Weiman et Winn, 1994) », a-t-il expliqué.
Dans le scénario des terroristes, les médias sont des partenaires incontournables : diffuser, rediffuser pour porter l’image partout dans le monde. Par exemple : que serait l’impact des attentats du 11 septembre 2001 sans les médias ? En effet, diffusées en boucle par les télévisions américaines et du monde entier, les scènes sont gravées dans les mémoires collectives des gens de New York à New Delhi en passant par Ouagadougou et Caracas, etc.
Aujourd’hui, il est difficile d’imaginer ces attentats sans les médias, c’est avec les médias que les concepteurs font passer leurs messages. Accompagnateurs, ils le sont involontairement au nom de l’information, du droit à l’information.
Le terrorisme comme matière d’information est comme le ciment dont le maçon a besoin pour construire une maison, a fait savoir le présentateur. Pour lui, c’est à tout média de faire son choix face à ces scénarios soigneusement mis en scènes par des acteurs bien préparés.
Par Sidi Dao
Source: info-matin