Pour une histoire d’émission annulée, les journalistes de la Radio Télévision du Burkina (RTB), ont craché leurs vérités aux pouvoirs publics. Les responsables de la RTB ont réaffirmé leur statut de média public.
L’incident si l’on peut l’appeler ainsi, est survenu le 5 novembre 2017, dans le pays des Hommes intègres. Ce jour-là, l’ex-ministre de la Culture, Tahirou Ba, qui avait démissionné de son poste quelques jours plus tôt, était l’invité de l’émission dominicale « sur la brèche ». Au moment où le journaliste procédait aux derniers réglages pour recevoir son invité et enregistrer l’émission sous la coordination de son rédacteur en chef, il a été interpellé par le directeur de la télévision. Celui-ci lui fi comprendre, à l’insu même de la directrice générale de la RTB, « qu’il n’était plus possible de recevoir son invité ».
Les journalistes de la rédaction ayant très mal pris l’annulation de l’émission dans ces conditions, ont tenu une réunion avec leur hiérarchie pour comprendre ce qui s’est passé. C’est au cours de la rencontre que le rédacteur en chef a écarté sa part de responsabilité en affirmant qu’il a lui aussi reçu des injonctions de la part du ministre de la Communication de ne pas recevoir l’ancien ministre Tahirou Barry. Ses motivations étaient les suivantes : la prise de fonction du ministre rentrant de la Culture, l’interview que le président de la République, Roch Marc Christian Kaboré était sur le point de donner à TV 5 et la situation nationale.
La rédaction de la télévision visiblement irritée, a dans une note, dénoncé « cette immixtion inacceptable qui porte atteinte à la liberté d’informer, au principe du service public, qui garantit aux citoyens l’accès équitable au service public et expose les journalistes à la vindicte populaire, en dépit des saccages que les locaux de la RTB ont connus en octobre 2014 », [les événements qui ont précédé la chute de Blaise Compaoré].
Par cette note, les journalistes de la télévision ont dit prendre l’opinion publique à témoin et ont invité les autorités politiques au respect strict de la liberté de presse comme cela est inscrit dans les statuts de la RTB ».
Le journaliste dont l’émission a été annulée s’est fait aussi entendre sur sa page facebook en dénonçant « la censure en cours sur la RTB, l’atteinte grave à la liberté d’expression et l’immixtion dans le traitement de l’information ».
Un acte courageux et louable de la part des journalistes de la RTB pour qui média de service public et pouvoir politique ne font pas bon ménage. Ils ont tout simplement décidé de s’affranchir après avoir fait l’amère expérience de la vindicte populaire conséquence des années de soumission au prince du jour. Si leur acte pouvait service d’exemple sous d’autres cieux.