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Méchage : Dundunba golobara

« Ni yé dundunba golobale yé, ni a fara to tè, a bla to do » (traduction libre: si tu aperçois la peau du grand tam-tam gondolée, soit le gros tam-tam est sur le point d’être déchiré, soit il est sur le point d’être abandonné).

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Sans aucune exagération, le Premier ministre Moussa Mara se trouve ces derniers temps dans la situation du gros tam-tam dont la peau est gondolée au point d’être abandonné ou déchiré. Dans les deux cas, la situation n’est pas enviable. En effet, en moins d’une semaine, deux grosses rumeurs ont parcouru la ville annonçant son limogeage ou sa démission. Les rumeurs se sont avérées fausses mais elles ne dissipent pas le malaise ambiant.

Depuis la semaine dernière, ce que tout le monde susurrait est hélas étalé au vu et au su de tout le monde, qui plus est au grand jour. Il s’agit de la tension qui existerait au sommet de l’Etat entre le président de la République et son Premier ministre. Les raisons du divorce sont nombreuses mais fondamentalement elles tournent autour d’un manque de loyauté du Premier ministre. En effet, le « Vieux », comme le dirait « Soumi Champion » se serait rendu compte sur le tard que celui qu’il considère « comme un fils » dispose de son propre agenda bâti autour d’un discrédit autour de la gestion du pouvoir par le président de la République. Ainsi de la tragique aventure de Kidal à la médiatisation à outrance des irrégularités constatées autour de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires en passant par la grève de l’UNTM, le Premier ministre est soupçonné (et c’est un doux euphémisme) de manœuvrer pour son seul bénéfice. En clair, le Premier ministre est accusé d’œuvrer à salir le président de la République, les membres de sa famille et les ministres régaliens sans que lui ne soit touché ou éclaboussé. On l’accuse même de diriger les regards vers les autres. Pendant ce temps, il fait dire dans certains milieux qu’il fréquente assidument depuis qu’il est à la Primature, que lui œuvre pour le bonheur du Mali, qu’il se lève tôt parce que présent au bureau à 5h du matin, qu’il est un couche-tard parce que ne sortant du bureau qu’après 23h.

Les rumeurs de limogeage ou de démission ne sont pas bonnes pour le Premier ministre dans la mesure où cela voudrait dire qu’il n’y a plus personne pour le défendre. On se rappelle qu’il y a quelques mois, alors qu’il avait à peine bouclé son premier trimestre à la Primature, l’opposition déposait une motion de censure plus contre lui personnellement que contre le gouvernement. L’opposition avait tenté un coup politique comptant sans doute secrètement sur un ralliement du parti majoritaire qui n’avait jamais pu avaler encore moins digérer sa nomination. Parce qu’avec les bulletins secrets, tout peut arriver. Les débats trahissaient mal les sentiments de la majorité envers un Premier ministre qu’elle n’a jamais vraiment supporté. Au point où aux yeux des observateurs, le soutien apporté à Moussa Mara ressemblait au soutien de la corde au pendu. Mais ce jour-là, le Premier ministre a personnellement contribué à se mettre définitivement sur le dos l’opposition et à altérer durablement les sentiments qu’une partie de l’opinion gardait de lui. En effet, le Premier ministre était apparu agressif, hargneux, haineux-même. Mais surtout, il avait pris beaucoup de libertés avec les faits au point où ses certitudes d’hier apparaissent aujourd’hui comme manœuvres dilatoires et mensonges grossiers. Une bonne partie de l’opinion l’a jugé arrogant quand, en réponse aux députés de l’opposition qui lui demandaient de rendre le tablier, il a eu ces propos : « ntè, né ti ta yorosi » (traduction libre : je refuse, je ne bouge pas d’un iota). Cette phrase a sonné comme un rappel des propos tenus en 1991 par un autre Moussa, Traoré celui-là, qui refusait tout dialogue et toute ouverture démocratique. On connait la suite. Les propos de Moussa Mara ont également rappelé ceux de Cheick Modibo Diarra, alors Premier ministre sous la Transition, qui refusait de démissionner au motif qu’il était « Premier ministre pleins pouvoirs et qu’il ne savait pas à qui il devait remettre sa démission ». Là également on connait la suite.

Dundunba golobara, la peau du gros tam-tam est gondolée. Le Premier ministre dont les qualités de fin observateur sont connues au point qu’il s’en flatte et tente de les vendre, sait aujourd’hui que l’équipe gouvernementale dont il a la charge a mal dans son fonctionnement. Tous les Maliens savent qu’il n’y a aucune solidarité dans le gouvernement et que le Premier ministre n’a presque plus d’autorité sur les ministres. La faute lui en incombe dans la mesure où, à plusieurs reprises, de nombreux ministres, ont eu la preuve qu’il joue contre eux ou casse du sucre sur leur dos. Au point où, au lieu de l’accompagner, nombreux sont les ministres qui se défendent contre lui, contre ses agressions, contre ses manœuvres. L’équipe est disloquée. Et sans choquer personne, nous pouvons emprunter à ATT qui disait que « bè bi ba bolo ». Jour après jour, nos confrères rapportent des scènes abracadabrantesques entre le Premier ministre et certains ministres. Moussa Mara n’avait pas besoin de cette guérilla dans la mesure où il a été perçu dès le départ comme un illégitime à la Primature. Les ténors du RPM qu’il a dans le gouvernement ne lui ont jamais caché ni leur hostilité ni leur volonté de le déloger. La conséquence est que le gouvernement est paralysé et les activités sont au ralenti pour ne pas dire à l’arrêt. Le Premier ministre qui se lève très tôt et se couche très tard, lui qui a l’ouïe fine, doit entendre les râles des opérateurs économiques et percevoir les gémissements de la population.

Dundunba golobara, la peau du gros tam-tam est gondolée. Les rumeurs persistantes sur sa démission ou son limogeage, ne sont pas bonnes pour lui. Cela voudrait dire qu’on prépare l’opinion (entre nous, l’opinion est prête depuis longtemps) au départ volontaire ou forcé du Premier ministre. Qu’il soit à la base ou non des rumeurs (il se dit que Moussa Mara a envoyé des SMS pour annoncer son éventuelle démission), il s’est rendu au moins d’une chose : les Maliens étaient nombreux à attendre la confirmation de son départ. Et puis entre nous, lui-même devrait partir au regard de toutes les adversités dans le camp de la majorité. Sa nomination a été perçue comme une erreur qui mérite d’être réparée. Les militants et les responsables du RPM n’ont de cesse de vouloir lui faire la peau. On se rappelle de toute la gymnastique qui a été menée pour lui retirer les fonctions de chef de la majorité. Il est vrai que c’est une incongruité de vouloir porter les costumes de chef de la majorité avec un député à l’Assemblée nationale, quand on a soi-même reçu 1% des suffrages exprimés lors de la présidentielle. Et comme chez les Tisserands du RPM, il y en a qui cultive la mémoire, ils sont en train de ressortir les discours de campagne de Moussa Mara s’en prenant aux Vieux, à tous les Vieux qui ont enfoncé selon lui le Mali dans le gouffre, dans le marasme (sans jeu de mot) et dont il se chargerait personnellement de la mise à la retraite. Ils se rappellent que Mara était l’un des plus virulents contre IBK lors de la campagne présidentielle. Ils se disent donc que l’heure des comptes à sonner.

Dundunba golobara, la peau du gros tam-tam est gondolée. Le Premier ministre n’est pas le seul à avoir des difficultés. Les membres de l’ex-junte (qui ne lui sont d’ailleurs pas inconnus) seront renvoyés devant la Justice. Nous le savions déjà. Mais ce qui est inquiétant pour eux, c’est-à-dire Sanogo et ses acolytes, c’est que leur dossier s’épaissit découvertes après découvertes. En effet, avec la confirmation par les tests ADN que le corps qui a été retrouvé dans la maison de Sanogo est bien celui du colonel Youssouf Traoré, la situation se corse davantage. C’est vrai que pour des gens qui ont déjà sur la conscience une trentaine de morts, un de plus ou un de moins semble peu préoccupant. Mais un homme mort déjà constitue une tragédie. Les parents des victimes qui ont longtemps bataillé pour que le dossier des disparus ne soit pas enterré doivent pousser un ouf de soulagement. Mais le chemin reste encore long. Parce qu’il faudrait maintenant que le Justice se saisisse vraiment du dossier, l’instruise normalement et traduise les responsables devant les tribunaux.

Nous allons finir ce papier sur une note de tristesse. Au moment où les autorités poussaient des cris de victoire et des youyous de joie, Ebola frappe deux fois. Un malade venu de la Guinée et l’infirmier qui le suivait à la clinique Pasteur sont tous les deux décédés. C’est vrai que la clinique a été rapidement mise en quarantaine. Mais beaucoup de questions restent sans réponse : pourquoi l’information n’est sue qu’après la mort de l’infirmier ? Depuis combien de temps Pasteur garde un malade d’Ebola tout en maintenant le silence dessus ? Connait-on exactement le nombre de personnes exposées et qui sont dans la nature ? Pour les patients mis en quarantaines, qui prendra en charge les frais d’hospitalisation (quand on connait le niveau des tarifs qui s’y pratiquent, la question vaut son pesant de francs CFA). S’il y a un point sur lequel les Maliens n’accepteront pas que la peau du gros tam-tam soit gondolée, c’est bien Ebola.

 

Talfi

SOURCE: Nouvelle République  du   13 nov 2014.
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