En marge des travaux de la Conférence régionale sur la situation sécuritaire au Sahel et en Afrique de l’Ouest, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita et son homologue Faure Essozimna Gnassingbé, président du Togo et président en exercice de la CEDEAO, ont inauguré, samedi dernier, le Centre national de coordination du mécanisme d’alerte précoce et de réponse sis à l’Hippodrome.
L’évènement s’est déroulé en présence de Marcel A. de Souza, président de la Commission de la CEDEAO et du chargé d’Affaires de l’ambassade des Etats-Unis au Mali, Gregory L. Garland.
Lorsqu’on a été prévenu de ce qu’on doit craindre ou de ce qu’on doit faire, on est doublement en état de prendre ses précautions ou ses mesures. Voilà qui résume tout l’intérêt de ce Centre national de coordination du mécanisme d’alerte précoce et de réponse du Mali, le tout premier des quinze Centres qui verront bientôt le jour dans les Etats membres de la CEDEAO. Cet outil de prévention est d’autant plus nécessaire que notre espace commun fait face à de nombreux défis sécuritaires, notamment l’extrémisme violent et le terrorisme. Des défis qui transgressent les frontières nationales et qui sont liés à des causes multiformes. La lutte nécessite alors, non seulement une démarche holistique, mais aussi et surtout une plus grande solidarité et une meilleure coordination entre les Etats membres. D’où l’initiative de la CEDEAO de mettre en réseau, à travers un mécanisme régional d’alerte précoce et de réponse, ses pays pour anticiper sur d’éventuelles menaces au sein de son espace.
En effet, le mécanisme devra, à brève échéance, mailler toute la région ouest-africaine et se poser comme l’instrument de solidarité communautaire, indispensable à la prévention, la gestion et la résolution des conflits. Au delà des conflits, ce mécanisme, selon Marcel A. de Souza, président de la Commission de la CEDEAO, prend en charge l’ensemble des domaines relatifs à la sécurité humaine, notamment les aspects liés à la sécurité environnementale, alimentaire et sanitaire. Il s’est dit convaincu que cet important instrument, dirigé par le colonel-major Ibrahim Fané du Mali, va générer des résultats remarquables et va contribuer à l’avènement de la paix et de la sécurité, non seulement au Mali, mais également dans la région ouest-africaine.
Il a, enfin, salué la qualité de l’accompagnement des Etats-Unis, sans lequel ce centre n’aurait pas vu le jour. En effet, le département d’Etat américain a déboursé 2 milliards de FCFA pour la mise en service du Centre. Les Etats-Unis ont aussi offert un véhicule 4×4 de marque Ford pour la suite des activités.
Ainsi, le généreux donateur entend aider les Africains à trouver des «solutions africaines aux problèmes africains». Le chargé d’Affaires de l’ambassade des Etats-Unis au Mali, Grégory L. Garland, a expliqué que l’objectif est d’augmenter la capacité du Mali, mais aussi de la CEDEAO à faire face aux menaces.
Après la réception symbolique des clés du véhicule et l’inauguration du Centre, logé dans un bâtiment plutôt imposant, les chefs d’Etat ont visité la «salle de situations» à l’intérieur de laquelle ils ont assisté à une démonstration d’échanges d’informations avec Abuja (Nigeria), à travers une vidéoconférence. A la fin de l’exercice, le président Faure Gnassingbé, très émerveillé, dira que cet outil va changer la donne. «Pour nous, la priorité, c’est la paix et la sécurité, et donc je pense que cet outil manquait à tous les dispositifs de paix et sécurité de la CEDEAO, puisque nous étions dans la prévention, la gestion et le règlement», a-t-il indiqué. Et de poursuivre : «Là, nous sommes dans l’alerte et l’anticipation, donc nous sommes mieux armés pour déceler les crises, déceler les problèmes avant qu’ils n’arrivent. Cela augmente les chances de règlement en aval». Le président togolais a salué la détermination des autorités maliennes qui ont «tout fait pour que ce Centre soit opérationnel».
Le président Ibrahim Boubacar Keïta s’est dit impressionné par la haute qualité du matériel mis à la disposition du Centre par «nos amis», les Etats-Unis d’Amérique. «A nous désormais d’en faire bon usage», a ajouté le chef de l’Etat qui s’est réjoui du fait que la CEDEAO ait désormais cette chance de pouvoir prévenir, d’anticiper. « Quand on est informé, on doit pouvoir prendre des dispositions et faire en sorte que la menace ne s’exécute pas…Et c’est bien pour ça aussi que nous sommes interpellés pour renforcer le quotidien de nos outils de défense», a déclaré le président de la République, tout en réitérant ses remerciements aux Etats-Unis d’Amérique dont le geste prouve qu’ils ont «souci de la sécurité où que ce soit, singulièrement dans les pays du Sahel». Il a rendu un vibrant hommage aux soldats américains tombés au Niger. Une tragédie qui, de l’avis de notre chef de l’Etat , prouve que «nous avons les mêmes ennemis».
Ibrahim Boubacar Kéita a aussi saisi l’occasion pour rappeler les efforts consentis par notre pays en matière de prévention et de lutte contre le terrorisme. L’acquisition récente, «au prix de mille efforts», d’aéronefs et d’hélicoptères est un témoignage éloquent. Et ce renforcement du vecteur aérien dénote la volonté du président de la République à équiper les forces armées afin qu’elles soient en mesure d’anticiper sur les menaces. S’il y a «une menace quelque part, il faut pouvoir vous y porter», a indiqué Ibrahim Boubacar Kéita, pour qui «la projection est une donnée essentielle, comme la capacité de projection».
«Nous avons aujourd’hui des avions de transport, des hélicoptères… Je gage également que nous aurons, avec la coopération des pays amis, d’autres appareils qui nous permettront de mettre en œuvre, avec profit, les produits de ce centre, pour la sécurisation de notre espace et pour notre partenariat dans le combat mondial pour la paix», a indiqué le président Kéita.
Très bientôt, les Centres de coordination du mécanisme d’alerte précoce et de réponse du Libéria, du Burkina Faso, de la Guinée Biseau et de la Côte d’Ivoire verront le jour.
Issa DEMBELE
Source: Essor
