Se prononçant sur les avant-projets de découpage des circonscriptions administratives et des collectivités territoriales proposés par le gouvernement, le secrétaire à la communication de l’Union pour la République et la démocratie (URD), Me Demba Traoré n’a été tendre. Il qualifie le projet e menace réelle sur la cohésion sociale. “L’URD ne peut pas cautionner un projet de division“, dit-il.
Les avant-projets de découpage des circonscriptions administratives et des collectivités territoriales proposés par le gouvernement suscitent toujours le débat. Dans les états-majors des partis politiques et les organisations de la société civile, des voix s’élèvent contre la volonté du gouvernement sur la nouvelle forme administrative. Le principal parti de l’opposition, l’Union pour la République et la démocratie (Urd) a attiré l’attention de l’opinion sur ses observations. Face à la presse, le 1er vice-président, Pr. Salikou Sanogo, est revenu sur le contexte du projet.
“Depuis quelques semaines, notre pays vit des soubresauts liés à une tentative de découpage territorial unilatéral et non concerté, initié par le gouvernement, poussant les populations de chaque zone géographique à réclamer leurs circonscriptions administratives ou leurs collectivités territoriales, toutes choses exacerbant les replis identitaires et portant gravement atteinte à la cohésion sociale”.
Le gouvernement ne prend pas en compte de la situation actuelle du pays, déplore-t-il. “Par lettre en date du 15 octobre 2018, la Commission de la Cédéao informait l’honorable Soumaïla Cissé de la visite de travail à Bamako d’une délégation de la Cédéao, du 19 au 20 octobre 2018. Au cours de cette mission, le ministre des Affaires étrangères du Nigeria, président du conseil des ministres de la Cédéao, porteur de message du président de la République fédérale du Nigeria, S. E. M. Muhammadu Buhari, président en exercice de la conférence des chefs d’Etat de la Cédéao, le président de la Commission de la Cédéao et les autres membres de la délégation ont rendu visite à l’honorable Soumaïla Cissé le 19 octobre 2018”, rappelle-t-il.
“Aux termes de sa mission, la délégation a émis de prendre acte de la prolongation de la législature actuelle selon l’avis de la Cour constitutionnelle et au regard des dysfonctionnements largement reconnus et évoqués par tous les interlocuteurs lors du scrutin présidentiel passé. L’impératif au gouvernement et tous les acteurs socio-politiques conviennent, de manière consensuelle, d’entreprendre des réformes courageuses des cadres légaux, y compris la Constitution de février 1992, et du système électoral avant de s’engager dans les prochaines échéances électorales que compte mener le pays…”
“Le projet de Ag Erlaf“
“Au lieu de préparer un dialogue politique de haut niveau devant aboutir à un accord politique global, le régime IBK annonce l’organisation des concertations régionales au sujet d’un projet de découpage territorial. L’URD, fidèle aux idéaux de la démocratie et de liberté, estime que cette démarche, loin de couvrir les intérêts du peuple malien, est contraire à l’idéal de dialogue républicain dans notre pays, et mêmes aux conclusions pertinentes de la mission de la Cédéao”, défend Me Demba Traoré.
Projet de Ag Erlaf, l’URD n’approuve ni la forme ni le fond du projet proposé, argumente-t-il. “Toutes les réformes liées au processus électoral, aux circonscriptions administratives, aux collectivités territoriales et à l’architecture institutionnelle générale de notre pays doivent être conçues ensemble et de manière inclusive. Une question aussi importante que le découpage territorial ne doit être, en aucune façon, abordée avec amateurisme et précipitation étant entendu que la légèreté blâmable avec laquelle il a été conçu a suscité déjà sur toute l’étendue du territoire des manifestations de rejet, sources de divisons susceptibles de compromettre dangereusement le très fragile processus de paix et de réconciliation nationale. La décision incongrue et empressée de procéder en catimini à des pseudos concertations régionales, dont les contours sont méconnus de tous les acteurs concernés, n’est ni plus ni moins que la volonté affichée du régime de faire du projet initié une camisole de force. C’est pourquoi l’URD exige le retrait de ce projet de la division et un véritable dialogue sur toutes les préoccupations du moment liées au processus électoral. L’URD ne peut pas cautionner un projet de division”.
Bréhima Sogoba
Source: L’Indicateur du Renouveau