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Mauvaise gouvernance : Le Mali de contestations en contestations

Le Mali est devenu un pays de contestations, résultat du ras-le bol du peuple. C’est le constat incontestable qui se dégage à l’analyse de la situation du pays. Rarement, en période électorale il en été ainsi entre pouvoir et opposition, entre l’Etat et acteurs de la société civile, entre Etat et syndicats. Parmi les récentes contestations qui font couler beaucoup d’encre et de salives : l’organisation du premier tour de l’élection présidentielle le 29 juillet 2018.

L’organisation de ce scrutin est fortement décriée, contestée, par la majeure partie des candidats à l’élection présidentielle (une vingtaine de candidats sur les 24). Cela a été rarement vu dans le paysage politique malien. Les candidats demandent à connaitre la vérité, les vrais résultats sortis des urnes et non ceux proclamés par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Mohamed Ag Erlaf dont-ils exigent  la démission.

Ils contestent les résultats annoncés par Ag Erlaf, car ne reflétant pas, à leur avis, le choix du peuple exprimé dans les urnes.  Les contestataires  disent niet et exigent la publication des résultats par bureaux de vote, le recomptage contradictoire des voix, etc. Les recours sont déposés par certains d’entre eux devant  la Cour constitutionnelle.

Cette dernière, avant de rendre son verdict, est contestée. Elle est soupçonnée  d’avoir choisi son camp à travers certains de ces membres: celle du président sortant Ibrahim Boubacar Kéita. Le soupçon d’avoir perçue 900.000.000 Fcfa pour trancher en faveur d’IBK, vite démentie par  la Cour, a enfoncé l’inquiétude du camp des contestataires sur sa neutralité.

Autre précédent fâcheux entre la Cour constitutionnelle et le peuple malien: le rejet de la plainte d’Antè Abana  sur la révision constitutionnelle en 2017, qualifiant l’insécurité  de «résiduelle ». Donc, permettre à IBK de faire sa révision qui était anticonstitutionnelle, selon An tè Abana. Nul  besoin de rappeler aux sages qu’ils sont conscients  de leurs rôles et responsabilités.

C’est dire que le peuple attend  avec impatience  des membres de la Cour Constitutionnelle de dire le  droit, rien que le droit par rapport à ces élections, conformément à leurs serments. Cela évitera certainement  au pays  une crise poste électorale. En disant le droit, la Cour pourrait se réconcilier aussi avec son peuple.

Autre contestation, c’est celle contre la décision hasardeuse du gouverneur du district de Bamako de fermer la Radio Renouveau FM pour « incitation à la  révolte  et  à la haine ».  C’est  en réalité Mohamed Youssou Bathiliy dit « Ras Bath » et sa chronique « carte sur table » qui sont visés par l’interdiction de diffusion de Renouveau FM.

Les contestataires exigent la réouverture sans délai de la radio. Les observateurs de l’Union Européenne pour ces élections, dans leur communiqué du 7 août 2018, ont  insisté sur la nécessité de permettre à la radio Renouveau FM de reprendre rapidement ses programmes.

Les promoteurs d’écoles privées aussi sont dans le lot des contestataires puisqu’ils courent derrière l’Etat afin que soient réglés leurs impayés de 11 milliards de Fcfa au titre de l’année scalaire 2017-2018. Ces arriérés concernent les frais scolaires et les bourses des élèves sur toute l’étendue du territoire nationale.

Le problème a été évoqué à travers leur rencontre d’information tenue le lundi 6 août 2018 avec le maire du district de Bamako et le représentant du ministre de l’Education nationale. En attendant une suite, les promoteurs d’écoles privées, ont décidé de suspendre leurs participation à toutes les activités du département jusqu’au paiement intégrale des frais scolaires et bourses.

Le football est aussi dans la danse. Le samedi 4 août 2018  a eu lieu L’Assemblée générale élective de la ligue de football de Ségou sur convocation et la supervision du Comité de normalisation (Conor)  dont la présidente est Dao Fatoumata Guindo.  A la suite de cette Assemblée, Mamadou Sow a été réélu président de la ligue de football de Ségou pour un mandat de 4 ans. Président sortant, il  a été réélu par 8 voix contre 0 pour Moustapha Koita, son challenger.  Pour les 10 membres votants, seuls deux n’ont pas répondu présents.

Les districts à de Ségou, Niono, Bla et San étaient là. Les districts de Macina et l’AS Bakaridjan ont brillé par leur absence. Oumar Soumbounou dit Barou estimant que l’organisation de l’élection n’a pas respecté les règles du jeu n’était pas présent. Espérons que ce soit la fin d’une histoire, car la crise du football a fait perdre et fera perdre encore le Mali de beaucoup de choses. C’est pourquoi il est grand temps d’arrêter l’hémorragie.

Les contestations n’en finissent pas. Pas plus tard que la semaine dernière, les magistrats ont entamé une nouvelle grève. La liste des contestataires n’est pas exhaustive. L’Etat n’est-il pas en train de tourner le dos à ses citoyens ? Certainement oui. Une remise en cause profonde s’impose à tous  pour que prennent fin ces contestations.

Hadama B. Fofanba

Source: Le Républicain

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