Le président du Reform Party estime que la réponse du Président français à l’activiste sur la question du génocide pourrait signifier qu’il contribue à la perpétration des crimes supposés au travers des armes de guerre que la France livre au Cameroun.
Le 26 février 2020 dans la matinale de Radio Balafon basée à Douala, l’avocat et leader politique Emmanuel Agbor Ashu a été invité à commenter l’échange entre le Président français, Emmanuel Macron et l’activiste camerounais Calibri Calibro le 22 février 2020 au Salon de l’agriculture à Paris. Le président national du Reform Party a qualifié la sortie d’Emmanuel Macron de «salutaire, embarrassante et d’avertissement».
Il la trouve « salutaire » parce qu’elle marque d’après lui, un certain affranchissement du Cameroun vis-à-vis de la France. «Je pense qu’avec cette sortie je suis sûr que le Cameroun ne court plus derrière la France. Le Président français lui-même dit qu’il est obligé de faire pression sur Président Biya pour obtenir ce qu’il veut. Cela n’a pas été le cas dans le passé. Tout le monde a cru que le Cameroun, c’est la chasse gardée de la France; qu’il suffit seulement que les Français claquent les doigts pour que le Cameroun fléchisse les genoux».
Pour appuyer ses arguments, il cite le retrait du terminal à conteneurs du Port de Douala au puissant homme d’affaires français Vincent Bolloré. «Le Cameroun n’a pas suivi la demande des Français. La France n’est plus aussi paternaliste vis-à-vis du Cameroun que par le passé», se réjouit-il.
Pour lui l’intervention de Macron est «embarrassante» parce que le jeune dirigeant français ne tient pas sa langue. Une volubilité qui pourrait lui valoir des problèmes avec la justice internationale. Ce d’autant que, accuse Me Agbor Ashu, Macron admet un «génocide» et semble vouloir en faire porter le chapeau au seul Paul Bya.
«C’est un embarras parce que pour qu’un Chef d’Etat dévoile les secrets diplomatiques en public on n’a jamais vu ça. La diplomatie demande beaucoup de réserve, beaucoup de maturité. Un Chef d’Etat ne doit pas parler comme nous avons entendu le Président français parler ! Et puis dans le contenu, un activiste lui dit: «monsieur le Président il y a le génocide chez moi il dit: «je sais». Alors que la communauté internationale demande qu’il y ait une enquête objective, le Président français sait déjà qu’il y a génocide. Je n’apprécie pas beaucoup cette sortie d’un partenaire de tous les temps. Nous savons que la France et le Cameroun ont des accords de coopération militaire et que la majeure partie des armes utilisées par l’armée camerounaise sont fournies par la France. Alors si monsieur Macron sait qu’l y a génocide est-ce que lui-même n’a pas la main dedans ? Qu’il nous dise le contenu du navire qui a accosté à Kribi lorsque Le Drian est arrivé. Il pense qu’il peut livrer monsieur Paul Biya à la vindicte de la Cour Pénale Internationale. Il faudrait qu’il sache aussi que c’est possible que ça l’entraine».
En ce qui concerne «l’avertissement», le juriste Ashu croit avoir compris que Macron en veut au pouvoir de Paul Biya. La preuve selon lui par cette partie de sa conversation avec l’activiste Calibri Calibro où il parle de «travailler avec la société civile» dans les Etats peu démocratiques.
«J’ai pensé que le Président français avertit le Président Biya qu’il va lui faire un Coup d’Etat. Parce que quand il dit «je vais travailler avec la société civile comme nous l’avons fait au Congo, c’est un avertissement clair. On l’a vu au Soudan, en Algérie. Même Tibor Nagy a dit qu’après le Soudan ce serait le Cameroun. Et nous savons que ces personnes-là donnent de l’argent à la société civile pour créer ce qu’ils vont appeler par la suite « révolution populaire ». C’est un avertissement clair et sans frais pour ce monsieur Biya qui ne veut plus être l’élève de la France et dont on doit se débarrasser», subodore Me Ashu.