Malgré tout, les premiers concernés doivent tout simplement se soumettre à cette règle établie. Il serait judicieux de savoir que la participation à cette pratique est une nécessité pour chacun des jumeaux durant le mariage. Selon la tradition, les jumeaux naissent avec certains pouvoirs surnaturels et leur complicité est si forte qu’il convient de ménager leur susceptibilité pour ne pas attirer un malheur sur la communauté. D’où tous les égards à l’endroit des jumeaux. Lorsque ceux-ci se marient, un rituel spécial accompagne la cérémonie en vue de renforcer les liens de fraternité entre les jumeaux et par ricochet les ceux du mariage.
« Lors du mariage de ma sœur, il m’a été demandé d’accomplir un rituel. J’ai suivi avec elle tout le rite généralement assigné à la femme quand elle doit partir chez son futur mari. Il s’agissait notamment de s’asseoir pendant un temps bien déterminé, du foulard blanc qui doit couvrir la tête. Personnellement, je ne trouvais pas ça nécessaire. Bon, cela ne me coûtait rien non plus. Je me suis conformé aux formalités rituelles afin de respecter notre culture, » affirme Adama, un jumeau natif du cercle de Koro.
Quant à Koufecou, traditionaliste, il soutiendra que le fait de faire les rituels lors du mariage d’un des jumeaux est normal et rien de mal. Juste montrer que les deux personnes sont unies à vie. Et ce n’est pas un mariage ou autre événement qui va les séparer. « Si pour certaines personnes, valoriser cette culture leur importe peu, alors ils doivent revenir en arrière et savoir que la culture d’autrui ne nous représente pas». Dira-t-il.
« Dans notre culture, les jumeaux sont des cadeaux du ciel, révèle-t-il, car la vie des jumeaux est une vie particulière. Leurs comportements, leurs actions, tout ce que les jumeaux font sont surveillés par leurs parents à leur naissance jusqu’à l’âge adulte. S’agissant des jumelles, lors de leur mariage, on faisait les mêmes cérémonies et si l’une d’elles refuse de faire les rituels pendant le mariage de l’autre, cela entraînait une dispute au sein de la famille. Au cas où ça arrivait, il n’y a aucun problème. » Fait savoir le traditionaliste Koufecou.
Toutefois, il est indispensable de préserver certaines valeurs traditionnelles qui constituent le fondement des sociétés africaines : « Si vous pouvez les appliquer tant mieux, dans le cas contraire, il faut refuser mais pas de façon radicale et avec mépris, » conclut-il.
Fatoumata Koita
Source: Bamakonews