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Marché des fruits : la mangue, la star du moment

Ce fruit tropical succulent est prisé des consommateurs et fait le bonheur des vendeurs et producteurs. Il est exporté vers d’autres destinations

La mangue est sans doute l’un des fruits les plus commercialisés au Mali en ces moments. à Bamako, ces agrumes succulents inondent les marchés, les rayons des supermarchés. Des points de vente improvisés pullulent dans les quartiers, aux coins des rues et artères principales de Bamako et sa périphérie. Vendeurs et vendeuses à la sauvette vont d’un service à un autre, d’une maison à une autre, etc. Maliens, résidents et visiteurs en raffolent. Ce, au grand bonheur des caisses de l’état, des producteurs et des vendeurs en tout genre qui font de bonnes affaires.

Le Mali est connu et reconnu à l’échelle mondiale pour la qualité de ses mangues. En 2015, la production nationale a atteint 600.000 tonnes. Elle a rapporté 30 millions de dollars, soit un peu plus de 16,5 milliards de Fcfa de recettes d’exportations. Une grande partie de cette production est vendue sur le marché national.

Dans la capitale, le marché aux fruits connu sous l’appellation populaire «Namassa Danga» est l’un des plus fréquentés. Situé au bord du fleuve Niger, entre Libya hôtel, l’ambassade de France et la direction de la presse communautaire (Kibaru), il draine des foules. Des fruits en tout genre, des mangues essentiellement sont exposés de part et d’autre du bitume. Ce qui créé souvent des embouteillages monstres sur cet axe très fréquenté par les gros porteurs.

Alima, Fatoumata et Aïcha viennent s’y approvisionner, presque quotidiennement. Main dans la main, elles tentent de traverser la route sous un soleil de plomb. Klaxons et bourdonnements assourdissants montent à la surface. Elles peinent à se frayer un passage, s’arrêtent au beau milieu de la route. Et ne tarderont pas à s’attirer la colère de certains qui les invitent à hâter les pas. Imperturbables, elles traversent la route, avant de se diriger vers des vendeurs en gros.

Vendeuse en détail de mangues, Alima, 31 ans, sonde le marché avant de se résoudre à payer sa marchandise. «Je n’ai pas un seul fournisseur. Aujourd’hui tu peux avoir de bonnes mangues chez quelqu’un, demain tu en trouveras chez un autre. Les clients sont très regardants sur la qualité. Nous sommes obligées d’acheter avec celui qui vend des mangues de qualité pour fidéliser la clientèle», raconte-t-elle.

Après cet épisode, nous passons sous des hangars de fortune surplombant des débris de fruits pourris et autres déchets pour arriver au niveau de «Kibaru». Aux pieds des murs de clôture de cette institution, le grossiste Amadou Coulibaly, vend des mangues. Une foule de femmes massées autour de lui. Un groupe de jeunes veille au grain. Muni d’un cahier et d’un stylo, les uns notent les ventes. Les autres s’assurent que toutes les clientes payent avant de s’en aller. Installé sous un petit hangar, il vend différentes variétés de mangues : « nounkourouni, foumani, greffé, soumalen, colmani, etc. ». Monogame et père de sept enfants, le quinquagénaire explique. «J’ai hérité un verger de mon père.

L’exploitation s’étend sur 12 hectares à Baguineda. J’y produis chaque année de la mangue. Une partie de la production est vendue à des clients sur place dans le champ. Je vends le reste à Namassa Danga. Mon épouse m’aide à le faire», explique Amadou Coulibaly, révélant avoir eu cette idée grâce à sa femme. Maçon pendant ses heures libres, Amadou dit avoir rencontré, à ses débuts, de réelles difficultés pour faire prospérer son champ. Grâce à sa détermination et aux multiples formations reçues çà et là, il se dit satisfait du résultat aujourd’hui. Il travaille avec vingt-cinq personnes, sur fonds propres.

Ses mangues sont prisées. «Les mangues d’Amadou Coulibaly sont de la qualité et bien appréciées des clients. Je me ravitaille uniquement auprès de lui», confie Aminata Berthé, une vendeuse rencontrée en train de discuter le prix. Elle paie le tas de dix mangues à 1.000 Fcfa. Avant de les rétrocéder à ses clients à raison de 500 Fcfa le tas de trois mangues. Les moins grosses sont vendues à 1.000 Fcfa le tas de sept mangues, explique Aminata, confirmant que le commerce de mangues est florissant en cette période.

La devanture du Centre international de conférence de Bamako (CICB) est connue par les amateurs de mangues. Succulentes, les mangues qui y sont exposées seraient également moins chères, à en croire Abdoulaye Sacko, un client qui venait de garer sa voiture 4/4. «Ma famille adore les mangues. Je les achète pour leur faire plaisir», souligne-t-il, précisant qu’il dépense 1.500 Fcfa par jour pour ce faire. à la tête de l’entreprise «IB Negoce», Issa Bagayoko exporte des mangues à destination de l’Europe et du Maroc, depuis 2000. Il collabore avec plus 400 petits producteurs. Par an, son entreprise exporte 200 à 400 tonnes de mangues.

Le chef de la division législation et contrôle phytosanitaire évalue à 822.500 kg la quantité de mangues exportée par la route, 46.760 kg par bateau et 22.180 kg par avion. Cela pendant la décade du 20 au 30 avril dernier, précise Adama Keïta.

Dramane Sidibé est le directeur général du Projet inclusif ou Financement inclusif des filières agricoles, ayant pour but d’accroitre l’inclusion financière des petits producteurs et des petites et moyennes entreprises (PME) agro-alimentaires au Mali. Ce projet permettra de soutenir quatre petites et moyennes entreprises agricoles (PMEA) de mangues pour un total de 20 coopératives, à raison de cinq par PMEA basées à Bamako.

Pour y arriver, le Projet soutient la production, la commercialisation et la transformation, précise-t-il. Concernant ces deux derniers volets, l’appui actuel mobilisé tourne autour d’un milliard de Fcfa, contre 600 millions de Fcfa pour la production, selon le directeur général. Pour avoir accès au financement, précise Dramane Sidibé, le demandeur doit appartenir à une organisation de producteurs présente dans une des régions d’intervention : Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou et Mopti. Il doit également être une entreprise formelle créée depuis au moins 2 ans et avoir un chiffre d’affaire inférieur ou égal à 500 millions de Fcfa.

Fadi CISSÉ

Source: Essor
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