Des plus petits aux plus gros équipements, les entreprises africaines produisent localement et vont parfois jusqu’à exporter aux côtés des leaders mondiaux. À Abidjan, du 22 au 25 janvier, Shield Africa, le salon de la sécurité en Afrique, a permis de davantage s’approcher de cette réalité. Le trafic d’armes tue 45 000 personnes chaque année en Afrique et alimente des conflits régionaux, selon une étude de Small Arms Survey. On dénombrerait ainsi plus de 30 millions d’armes légères en circulation sur le continent. Si l’Afrique est peu présente sur le marché mondial de la sécurité, le salon Shield Africa, rendez-vous des acteurs mondiaux de la sécurité en Afrique, a quand même pu se tenir à Abidjan.
Les entreprises africaines peu nombreuses
Moins d’une dizaine sur 143 exposants était présente. dont notamment des sud-africaines déjà bien implantées dans ce business. « C’est historique, l’Afrique du Sud est présente dans le secteur depuis longtemps, rappelle Koos Joubert, conseiller technique chez DCD. Je pense que l’Afrique du Sud comprend les problèmes africains. Les questions liées aux problèmes de contrôle aux frontières et les menaces. Nous appartenons au même continent, il nous est donc très facile d’interagir avec les clients en Afrique. » Ainsi, cette société sud-africaine produit des véhicules armés pour le continent africain, mais pas seulement. « L’Afrique est l’une de nos cibles principales. En tant que Sud-Africains, nous comprenons mieux les besoins de l’Afrique. Nous produisons notamment des véhicules de transport de troupes blindés Springbuck, adaptés aux spécificités africaines, c’est-à-dire une humidité élevée, des températures extrêmes. Des véhicules au design très basique, simples et très faciles à utiliser. Nous avons également le véhicule de détection de mines Husky, avec un capteur à induction d’impulsion pour les mines de métaux et un radar pénétrant dans le sol pour les mines non métalliques. Nous livrons ces véhicules en Égypte, en Jordanie et, dans une large mesure, en Amérique, avec 1 600 véhicules employés en Irak et en Afghanistan. »
Il reste à gagner la confiance des acteurs locaux
À un autre niveau, celui du marché des équipements plus légers, l’offre « made in Africa » se développe. Portée par le Maroc, notamment. « Nous n’avons pas peur de la concurrence, assure ainsi Farouk Arroub, directeur général de The Tactical. Alors que le drapeau du royaume chérifien est fièrement arboré à tous les coins du stand, il présente ses productions made in Morocco. Des chaussures, gilets, tenues de combat…, toute la panoplie du parfait soldat. « Une partie de la production est réalisée au Maroc ; pour d’autres, on travaille avec des usines en Chine et ailleurs… Comme nos concurrents. » Mais, là encore, le désormais très célèbre slogan marocain prôné sur tout le continent est avancé. « Notre valeur ajoutée, c’est que nous sommes une compagnie marocaine, donc africaine, on ne fait pas que du business, on vient apporter notre service au service de la sécurité sur notre continent. » Une approche manifestement appréciée. Le stand aura connu une certaine effervescence alors que le Maroc forme, d’ores et déjà, des acteurs des forces de sécurité de nombre de pays de la sous-région, dans le cadre des relations bilatérales qu’il entretient avec ses « pays frères », avec une expertise reconnue dans le domaine.
Plus discrète, dans un coin du salon, la Sotexci affiche toutefois sur son stand « Fabriqué en Côte d’Ivoire. « Nous sommes la première société de fabrication d’équipements militaires de la sous-région, assure Yasser El Hussein, administrateur de la Sotexci. » Si lui aussi estime que ses productions sont aussi compétitives que les autres acteurs mondiaux du secteur, reste à gagner la confiance des responsables locaux. « C’est une question de souveraineté nationale, estime un responsable des forces de sécurité ivoiriennes. Nous sommes encore dépendants en matière de sécurité. Nos appareils, engins et même les logiciels informatiques sont importés de l’étranger. Ce qui pose un certain nombre de problèmes. Il faudra à terme trouver des solutions, locales. Mais cela demande des moyens, technologiques et financiers. Surtout, d’énormes moyens financiers… », explique-t-il.
Source: lepoint