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Manifestations de juillet 2020 : La MINUSMA présente les résultats de son enquête

La Mission onusienne a rendu public hier un document de 30 pages qui fourmille de précisions sur les cas de morts et de blessés lors de ces folles journées à Bamako

 

Aux termes de son enquête spéciale, la Division des droits de l’Homme de la Minusma (DDHP) a conclu que 14 personnes formellement identifiées ont été tuées lors des interventions des forces de maintien de l’ordre et au moins 158 autres, civiles et militaires, ont été blessées entre le 10 et le 14 juillet 2020. On se rappelle que le 10 juillet dernier, les tensions quasiment insurrectionnelles qui parcouraient Bamako depuis des semaines avaient pris une tournure dramatique. Galvanisés par un appel à «la désobéissance civile» du M5-RFP, les manifestants envahirent des services publics. La situation ne tarda pas à tourner au drame.

Dans le rapport qu’elle a présenté hier à la presse, la Mission onusienne a confirmé les allégations de violations des droits de l’Homme imputables aux forces de défense et de sécurité, notamment l’usage excessif de la force de manière toutefois non systématique lors de ces évènements. Les manifestants sont aussi épinglés pour avoir commis des « actes de violence et de destruction» au cours de ces évènements.
Ce rapport de 30 pages est le fruit d’un travail mené par une équipe composée de 30 chargés de droits de l’Homme, un chargé de la protection de l’enfance et deux experts scientifiques de la police des Nations unies. L’équipe a enquêté du 20 juillet au 17 août 2020, sur les évènements qui se sont produits à Bamako et dans certaines régions. Il ressort des conclusions de la mission que « quatorze manifestants, tous de sexe masculin, dont deux enfants ont été tués lors des interventions des forces de maintien de l’ordre notamment la gendarmerie nationale, la police nationale, la garde nationale et la Force spéciale anti-terroriste (FORSAT)».

Pour la DDHP, les décès ainsi que la plupart des blessures infligées aux manifestants résultent d’un usage disproportionné de la force notamment l’usage de balles réelles à l’Assemblée nationale, à Badalabougou (aux alentours de la résidence de l’imam Mahmoud Dicko et de celle de l’ancien président de la Cour constitutionnelle) et à Sogoniko.
Des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre devant la mosquée de l’imam Mahmoud Dicko ont fait quatre morts dont «deux ont été tuées par des balles tirées par des éléments de la FORSAT», selon le rapport. Aussi, deux personnes dont un jeune homme de 16 ans, ont été tuées vers la résidence privée de l’ex-président de la Cour constitutionnelle.

À l’ORTM, détaille le document, les manifestants ont lancé des « pierres sur les éléments des forces de l’ordre, cassé et brûlé des véhicules, saccagé et pillé des biens ». Même scénario à l’Assemblée nationale où les forces présentes ont dû recourir à la méthode forte, tuant quatre personnes. Le lendemain, toujours aux alentours de l’Assemblée nationale, des patrouilles des forces de défense et de sécurité ont effectué « des opérations de sécurisation » en procédant à des tirs de grenades lacrymogènes et des tirs à balles réelles. Ces tirs ont causé la mort d’une personne et plusieurs blessés dont un enfant. Le même jour, à Sogoniko, une opération similaire a causé la mort d’une personne.
Pendant ces folles journées à Bamako, au moins 40 manifestants ont été blessés et 118 agents des forces de défense et de sécurité, parmi lesquels 81 fonctionnaires de police, ont été blessés du fait d’actes de violence imputables aux manifestants.

«Certains agents ont été blessés par des jets de pierre des manifestants ou par des objets contondants », révèlent les enquêteurs qui rapportent également que deux fonctionnaires de police auraient été blessés à l’abdomen par balles, vers la station Oryx de la Cité du Niger et au pied du domicile du président de la Cour constitutionnelle.
« Toutes les preuves et autres documentions collectées au cours de l’enquête de la Minusma seront mises à la disposition des autorités judiciaires à leur requête et conformément au protocole établi », souligne le document. Par contre, la DDHP n’a pas pu corroborer les allégations reçues de personnes ayant prétendument subi des actes de torture et autres mauvais traitements, imputés aux éléments des Forces de sécurité au cours des évènements. Il en est de même pour les allégations de certains leaders du M5-RFP sur de mauvaises conditions de détention des personnes arrêtées à Bamako.

Issa DEMBÉLÉ

Source : L’ESSOR

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