La CMAS, le FSD ET L’EMK ont décidé de battre, ce vendredi, le pavé pour dénoncer la mauvaise gouvernance. Mais aussi et surtout exigé la démission du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita et la dissolution des institutions de la République. Cette initiative est aujourd’hui soutenue par une cinquantaine de partis politiques et d’organisations de la société civile. Des délégations ont quitté certaines capitales régionales pour prendre part à cette marche inédite. Depuis l’annonce de cette marche, les sommités de la République ne dorment plus que d’un œil.
Pris de panique, les institutions de la République, des partis politiques et des organisations de la société civile proches de Koulouba se mobilisent pour apaiser la situation. Les leaders d’opinion alliés du régime ont multiplié, ces derniers jours, les initiatives et les prières afin de convaincre les organisateurs à surseoir à leur projet qui porte des germes de la destruction du Pays. Conscientes des conséquences fâcheuses que présente une telle manifestation dans le contexte actuel du pays, la panique est palpable dans les faits et gestes des plus hautes autorités. Cette peur bleue dans le camp des autorités, s’explique par plusieurs raisons.
D’abord, les organisateurs de la manifestation du 5 juin ont choisi un moment très critique marqué par l’échec des autorités dans tous les domaines de gestion du pays. Un échec qui semble créer une frustration générale. Une frustration qui s’est amplifiée, ces derniers mois, par certains évènements tristes.
De la mauvaise gestion des crises sécuritaires du nord et du centre du pays en passant par la crise sanitaire due à la maladie à coronavirus, viennent s’ajouter la colère issue du tripatouillage des résultats des élections législatives dans plusieurs localités du pays et de la répression de la marche pacifique à Sikasso contre l’arrêt de la Cour Constitutionnelle. S’y ajoutent, les évènements tragiques provoqués par la police à Kayes. Il y a aussi la grève interminable des enseignants, la fermeture de l’école et la pauvreté endémique qui frappe la majorité des Maliens sont, entre autres, des raisons qui poussent les Maliens à descendre dans la rue ce vendredi pour chasser le président de la République du palais de Koulouba. Du coup, cette manifestation est considérée comme celle de tous les risques. Et c’est pour éviter le pire au pays que les institutions de la République, les organisations de la société civile et des partis politiques de la mouvance présidentielle se mobilisent pour calmer le jeu.
C’est dans cette dynamique que le bureau de l’Assemblée nationale a reçu, mercredi dernier, en audience, des représentants de la CMAS. La Cour Constitutionnelle quant à elle, enchaine les communiqués en appelant les organisateurs de la marche au respect de l’autorité de l’Etat et de la Constitution. Dans un communiqué publié le 3 juin, la présidente de la Cour Constitutionnelle, Mme Manassa Danioko a indiqué que «le peuple a droit à la désobéissance civile à la seule condition de l’exercer pour la préservation de la forme républicaine de l’Etat». Mieux, pour la Cour constitutionnelle, la CMAS de Mohamoud Dicko et consorts ne peuvent évoquer la désobéissance.
La présidente de la cour constitutionnelle a été recadrée par des spécialistes du droit qui estiment «la cour constitutionnelle n’est la gardienne de la Constitution» comme elle a voulu le faire croire aux maliens. Pour ces juristes dont Me Mountaga tall et Maître Demba Traoré, la présidente de la Cour constitutionnelle joue le jeu du pyromane- pompier en tentant de donner une leçon de démocratie aux Maliens. Alors qu’elle est l’actrice principale de la situation actuelle pour avoir tripatouiller les élections législatives du 29 mars et du 19 avril.
Par ailleurs, des mouvements et clubs de soutien au régime et des partis politiques ont multiplié les conférences de presse et les déclarations dans le même sens de l’apaisement de la situation. A quelques heures de la marche, aucun parti politique de la mouvance présidentielle ne veut être le dernier à faire son communiqué pour prier les organisateurs à renoncer à leur projet ‘’dangereux’’ et ‘’déstabilisateur’’. Cela, pour ne pas être taxé partisan de la marche ou complice des organisateurs de la marche.
Le moins que l’on puisse dire est que ce comportement du régime s’apparente à un aveu d’impuissance face à la menace de la CMAS et de ses alliés. Un comportement qui ne fait que ragaillardir ce politico-religieux, imam Mouhamoud Dicko qui n’est pas à son premier essai à comparer son influence à celle du gouvernement. Et ce ne sera pas non plus, le dernier coup, si le gouvernement ne s’assume pas en prenant ses responsabilités, toutes ses responsabilités dans la gestion du pays.
Abou Berthé
Le Serment