Les mangues vertes sont dangereuses et nuisent à la santé. Selon les spécialistes, elles causent la colique, mais aussi des douleurs d’estomac, des troubles digestifs, des vomissements, car le fruit vert contient de l’acide. Il faut éviter de consommer un tel fruit parce qu’il peut conduire à la déshydratation et à l’intoxication alimentaire.
A Bamako, en cette saison, les étals des vendeuses sont d’un vert douteux. L’invasion des rues de la capitale par les mangues non mûres ou vertes, est de mise. Ce filon donne des idées à certains, notamment à des femmes qui en font leur gagne pain. Devant les établissements scolaires et dans les ruelles, des vendeuses tiennent une petite table où sont étalées des mangues, le plus souvent vertes. Le plus étonnant, c’est que même avant la saison reconnue des mangues, des vendeuses parviennent à offrir ce fruit à leurs clients, avec tout le danger que cela peut comporter. Les mangues vertes n’ont rien à voir avec celles qui sont cueillies à terme.
Le véritable problème est que la clientèle est principalement composée d’enfants et de jeunes, surtout en milieu scolaire. Le plus grave, c’est que ces momes s’y adonnent à cœur joie en y ajoutant du sel, du piment ou d’autres ingrédients. Ces mangues sont cédées à petit prix (entre 25 et 100 F CFA l’unité). Ce commerce permet à des vendeuses de subvenir à leurs besoins et de faire plaisir aux clients qui en raffolent. Mais elles ne mesurent pas l’effet que cela peut engendrer sur la santé des consommateurs. La responsabilité des administrateurs scolaires est aussi pointée par certains parents d’élèves.
Nous sommes devant un établissement scolaire au niveau de la commune I. Il est 10 heures, c’est la recréation et la plupart des enfants ruent sur les mangues vertes. En moins de quelques minutes, la vendeuse est envahie par une dizaine d’enfants. Ce qui montre que le commerce de ce fruit est très florissant. Chaque enfant se retire du lot avec son sachet contenant des mangues coupées en lamelles. Un élève de cette école avoue qu’il achète tous les jours, ces mangues non mûres. Toutefois, il admet que ses parents l’ignorent.
Une autre écolière ajoutera :«j’en ai déjà mangé même aujourd’hui. Quand je mange ces mangues, ça ne me fait rien. J’en mange même à la maison, mais en l’absence de mes parents». Elle reconnaît que ces derniers lui déconseillent ces mangues vertes qui peuvent nuire à la santé.
Mme Coulibaly nous confie que de nos jours, la vente des mangues vertes est plus rentable que celle des mangues mûres. En effet, avec les mangues non mûres, elle peut vendre jusqu’à 1500F par jour, Contrairement aux mangues mûres. Notre interlocutrice cueille des mangues à son domicile, mais elle s’en procure également dans les vergers. La clientèle de Mme Coulibaly est composée également des enfants qui adorent accompagner leurs mangues de sel et de piment. «Je vends ce fruit pour avoir mon pain quotidien, car mon mari est décédé et c’est à moi que revient la charge des enfants. Avant je faisais la lessive, mais maintenant je vends des mangues non mûres et c’est plus rentable», a-t-elle confessé. Elle est parfaitement convaincue que sa marchandise ne rend pas malade car aucun élève n’est venu se plaindre. Elle ajoutent que si elle fait deux jours sans vendre, ses clients commencent à la réclamer.
Une autre vendeuse rencontrée au marché affirme n’avoir jamais accepté d’acheter les mangues non mûres pour les vendre. Mais un coup d’œil sur son étal atteste le contraire.
Mme Goro de l’Unité des ressources génétiques (URG) du ministère de l’Agriculture affirme que la récolte des mangues se fait par période. Selon elle, il faut faire la sélection par variétés chaque fois pour faire la différence entre les mangues mûres et les non mûres. Elle a aussi souligné que l’une des missions des autorités doit être la lutte contre la consommation de mangues non mûres car les personnes touchées sont pour la plupart des enfants. Mme Goro a également demandé aux parents d’être vigilants et de surveiller de près leurs enfants. Les responsables scolaires doivent aussi interdire la vente de ce fruit à côté de leurs établissements.
En outre, les autorités peuvent mener une campagne de sensibilisation à travers les différents medias.
Aminata Traoré et
Isabelle Diarra
Source: Essor