On a rêvé qu’avec vous, dans ce pays là-bas, on imposerait les compétences, mais on a fait le lit de la concupiscence;
On cherchait avec patience la pitance, on a reçu en puissance le visage de la pétance et le verbe de l’arrogance. Et voilà que la complaisance a remplacé la compétence;
On a voulu avoir des hommes qu’il faut à la place qu’il faut, on a plutôt remplacé les Gnamakalas par les Djelis; On a rêvé l’espoir; maintenant, on mange l’Espoir;
Ôh Fama! votre peuple vous regarde en silence; et votre silence est une scie-lance, une scie-langue qui n’a plus de langue pour dire sa langue. N’entends-tu pas ses murmures?
Ne voyez pas son visage? Seul, au fond de votre chambre, loin du bruit du Palais et des Sirènes de la République, écoutez calmement les vagues de la Méditerranée; vous entendrez les soupirs et les sanglots sans espoir de ta Jeunesse dans le chavirement d’un chalutier à destination de Lampedusa;
Lisez ces violences à répétition dans les quartiers, sur les routes et dans les gares et tu comprendras que la paix ne tient qu’à un fil. Quand on a le dos au mur on n’a plus peur que le mur s’effondre;
Ôh Fama! Regarde vos propres admirateurs qui applaudissent dans la douleur et dont les chants sont devenus mélancoliques et mélodramatiques et les pas de danse cruellement ensanglantés;
Regardez ce scribe qui a perdu sa plume en perdant sa voix mais qui se voit, dans la voix de sa pensée, être la voix des sans voix pour retracer la voie de leur voix;
Il ne fait qu’accomplir son devoir d’éveilleur de conscience pour lequel son pays l’a si brillamment formé. Pourtant, il vous avait prévenu des rouages de la Politique africaine et identités. Il vous avait conseillé de te méfier des Liaisons dangereuses. L’avez-vous lu? Avez-vous suivi ses conseils?
Ôh Fama! Le peuple voudrait bien encore compter sur vous. Mais il est de plus en plus hésitant. Il voudrait vous renouveler encore sa confiance pour ces jours si longs mais si courts du temps de votre règne, si vous déliez vos liens, si vous brisez vos propres chaînes et celles de votre entourage. Si vous vous libérez de votre servitude volontaire, vous rentrerez grandement et majestueusement dans l’histoire! Mais si vous n’écoutez pas votre propre conscience, l’histoire se souviendra de vous oubliez petitement!
Deviens ce que tu es plutôt que d’être ce que tu deviens ! Il reste le dernier saut; il te suffit ce saut, ce sursaut, ce saut d’honneur pour que ton peuple saute et sursaute pour cracher l’espoir, pour le faire renaitre, pour renaître;
Ôh Fama! Ne laisse pas mourir l’Espoir, renonce à un second mandat. Quand meurt l’Espoir, meurt le peuple et quand le peuple est prêt à mourir, il ne se contrôle plus.
La Rédaction
Source: Le Démocrate