Dans la perspective de la deuxième édition du Salon international de l’artisanat du Mali (Siama) qui se tiendra dans deux mois à Bamako, le président de l’Assemblée permanente des chambres de métiers du Mali (Apcm) a bien voulu répondre à nos questions. Dans cette interview, Mamadou Minkoro Traoré, qui affirme n’avoir aujourd’hui aucune ambition politique, parle essentiellement de l’organisation du Siama 2019. Il y évoque également les élections au niveau de l’Apcm, prévues en 2020. Lisez plutôt !
Le Prétoire: Vous vous apprêtez à organiser le Siama. Qu’est-ce que c’est ? Mamadou Minkoro Traoré : Le Siama, c’est le Salon international de l’artisanat du Mali. Il se déroulera du 07 au 21 novembre 2019. Nous serons à notre deuxième édition puisque la première, sous la férule de notre ministre, Nina Walett Intallou, a eu lieu en novembre 2017. Cette année, c’est l’Apcm qui l’organisera suite à la promesse de notre ministre, comme le Siagri est organisé par l’Apcam et la Febak par la Ccim. Cette seconde édition est une promesse tenue par notre ministre.
Croyez-vous à la réussite de cette édition dans la mesure où le Mali vit une crise sécuritaire et sociale très aiguë ?
Nous sommes très optimistes mais du côté des finances, nous avons des inquiétudes. Si ce n’est pas grâce à l’appui de vous hommes de médias au secteur de l’artisanat, nous n’avons pas les moyens de notre ambition puisqu’il fallait se lever tôt, communiquer afin que les artisans emboîtent le pas pour bien se préparer en créant. Mais à la date d’aujourd’hui, cette communication n’a pas pu être faite parce que nous n’avons pas les moyens. Mais, mieux vaut tard que jamais, puisque nous sommes à presque deux mois de cette deuxième édition du Siama qui se tiendra du 07 au 21 novembre prochain, au Parc des expositions, à Kalaban-Coura, sur la route de l’Aéroport.
Comment participe-t-on au Siama ?
Pour y participer, il faut être artisan malien ou étranger. Le règlement intérieur exige que ce soit des produits de l’artisanat malien. Les conditions d’accès, c’est de payer le stand. Il y a le stand ordinaire qui coûte 300 000FCFA la location ; mais lorsqu’un artisan a la carte professionnelle du Mali, délivrée par les Chambres des métiers, l’Etat prend en compte 50% de la location du stand. 500 000 FCFA pour le stand dit tapis rouge qui n’est pas subventionné par l’Etat.
Comment cette édition est-elle organisée ?
L’Apcm est en partenariat avec de grandes organisations professionnelles patronales et syndicales comme la Fnam, Fmaga et tant d’autres organisations. Nous sommes divisés en huit commissions, ainsi que des sous-commissions. Chaque commission est à pied d’œuvre pour la réussite de l’événement. Malheureusement, toutes les commissions sont confrontées à un problème de budget.
Vous parlez de salon international. Est-ce que vous avez des invités au plan régional, sous-régional et même continental ? Quelles sont les parties étrangères qui se sont manifestées pour participer à ce deuxième salon ?
Le Sénégal est l’invité d’honneur qui sera représenté par son ministre, avec des surprises agréables ainsi que de nombreux artisans sénégalais et l’inscription de beaucoup de pays africains, tels que la Tunisie, le Maroc, l’Algérie qui a déjà réservé une dizaine de stands. Il y a aussi le Burkina Faso et d’autres pays voisins chez qui nous participons à des salons. Ils auront des artisans qui effectueront le déplacement de Bamako. C’est un salon international où les pays européens et américains seront présents.
Est-ce que vous avez eu de manifestations ? Combien d’exposants avez-vous prévus ?
Nous connaissons le nombre. Déjà les pavillons climatisés, il est prévu 1000 exposants parce qu’il y a un grand pavillon qui peut accueillir 100 exposants, les autres stands, 50 exposants. Donc, chaque stand accueillera 500 exposants, soit 1000. En dehors des stands climatisés, il y a des stands bâtis parce qu’il y a certains corps de métiers qui ont besoin d’espace, comme la menuiserie. Il y aura des espaces aménagés pour ce faire car, ils fabriquent des produits, puis les exposent. Alors que nos stands sont de 3 m2. Nous avons prévu des places dehors pour accueillir ce corps de métier. Idem pour la construction métallique, les décortiqueuses. Donc, tous les métiers qui occupent de la place sont prévus dehors. La place ne fera pas défaut. Il y aura de la restauration qui fait partie de l’artisanat, les rôtisseries et autres. L’artisanat, c’est surtout lorsque le travail est à prédominance manuelle. On peut utiliser des machines mais actionnées par l’être humain. En se référant à cette définition, toutes les boulangeries pour la plupart sont artisanales.
Le salon sera placé sous quel signe ; avez-vous déjà choisi un slogan pour mieux mobiliser les populations?
La présente édition est placée sous la présidence du Président de la République. Le thème choisi est: « L’accès des artisans, facteur de réduction de la pauvreté et moyen de créer la richesse ».
Est-ce que vous avez pris attache avec les banques maliennes puisque celles de l’Uemoa sont très frileuses par rapport au financement des artisans locaux ?
Nous avons écrit à toutes les banques de la place. Malheureusement, nous n’avons pas reçu à ce jour de réponse. Nous pensons avoir des sponsors, surtout officiels ; aucune réponse à ce jour ne nous est parvenue. Mais dans notre stratégie de démarche, nous allons les voir pour mieux leur expliquer. Nous avons commencé et continuions de les démarcher.
Est-ce à dire que le sponsor officiel n’est pas encore connu ?
Il y a des prétendants, attendons des réponses officielles.
Avez-vous un message particulier ?
Le salon est une occasion pour les talents cachés de se montrer, de se révéler. C’est aussi l’occasion de prouver à nos autorités que tout ce que nous importons comme meubles peut être fabriqué ici au Mali. Je prends comme exemple la première édition au cours de laquelle le Président de la République a été agréablement surpris de voir des produits tels que des salons et autres qui ont été fabriqués au Mali. Il suffit de nous faire confiance, nous ferons le reste. Je profite de cette occasion pour lancer un appel à tous les artisans, à toutes les entreprises artisanales parce que ce secteur aussi est mal compris. Puisque lorsqu’on parle de l’artisanat, les gens pensent à l’artisanat informel, d’art. Malheureusement, ce n’est pas le cas car, nous avons des entreprises artisanales formelles et nous avons des entreprises formelles. Certes, le secteur est dominé par l’informel, mais fortifié par 30 à 35% de formel. J’en appelle à la créativité et à l’innovation de tous les artisans pour montrer à nos autorités que nous pouvons fabriquer les produits qu’elles achètent ailleurs.
Où se font les inscriptions ?
Les inscriptions se font à l’Apcm, à Ngolonina, auprès de la comptabilité, au ministère de l’Artisanat et du Tourisme, auprès de la DFM. Pour ceux qui sont loin, ils pourront s’adresser à nos organisations professionnelles ou à nos Chambres des métiers de leur localité, puisque la Fnam est présente dans tous les cercles du Mali.
Comment êtes-vous arrivé à la tête de l’Apcm ?
Vous savez, être à la tête de l’Apcm n’est pas une chose facile parce que c’est le système des grands électeurs. D’abord, à la base, il y a les premières élections par branche d’activité ou catégorie. Il y avait sept (07) branches : bois et ameublement qui comportait dix-sept (17) métiers ; c’est-à-dire tous ceux qui font du bois-rotin, ou matière première semblable au bois. Donc, tous ceux qui travaillent dans ce métier votent pour quatre maîtres-artisans et leurs employés votent pour un représentant. Donc, par catégorie, il faut cinq représentants, alors qu’il y a sept catégories (cinq par sept, cela fait trente et cinq (35), et chacune doit voter pour ameublement-bois, cuir-textile, métaux, hygiène-soins corporels, art et divers, ainsi de suite. Toutes ces branches votent cinq (5) représentants. Donc, il fallait passer au premier filet qui est ta branche et les dix-sept métiers devraient faire confiance à cinq personnes et j’ai passé ce premier tour, Dieu merci, la tête haute. C’est après ce tour que les cinq branches se retrouvent, soit cinq fois sept, trente et cinq. Et dans la commune, il fallait prendre les organisations professionnelles les plus représentatives qui sont au moins dans tous les quartiers, sinon dans trois quartiers. Ces cinq représentants plus trente et cinq votent pour les représentants des métiers au niveau de la commune. Après, au niveau régional, ce sont les représentants des différentes communes qui élisent le bureau de la région. Ensuite, au niveau national, toutes les régions, tous les cercles envoient leurs représentants voter pour élire le président de l’Apcm. Voilà comment je me suis retrouvé à la tête de l’Apcm grâce à la confiance des cinq millions (5 000 000) d’artisans du Mali.
Depuis quand dirigez-vous l’Apcm ?
Je suis à la tête de l’Apcm depuis 29 décembre 2007. Mais j’ai pris fonction en 2008. Les mandats sont terminés. Nous devons procéder à leur renouvellement mais le nouveau code de l’Uemoa remet tout en cause, puisque les huit pays ont harmonisé les textes de telle sorte qu’il y avait les Chambres des Métiers au Mali, alors que dans les autres pays de l’Uemoa, le modèle est là. Donc, le Mali est revenu à ce texte. En clair, il fallait maintenir ces anciens qui connaissent les textes qu’ils doivent relire afin de se conformer au nouveau Code. Ce qui a été fait, Dieu merci. Ce Code est passé au niveau de l’Assemblée nationale et le décret a été approuvé par le chef de l’Etat depuis le 03 juillet dernier. Maintenant, nous sommes fin prêts à aller aux élections en 2020.
Seriez-vous candidat ?
Au moment opportun, je me prononcerai.
Avez-vous d’autres charges au-delà du Cesc et de l’Apcm ?
Je suis le président du Conseil africain de l’artisanat. J’ai été élu à Boulawaya, au Zimbawé. Cela n’a pas été facile puisque l’Afrique est divisée en quatre zones : Afrique de l’Ouest, de l’EST, du Nord et du Sud. Chaque zone vote son candidat. Je me suis retrouvé en compétition avec les représentants de trois zones, où le vote a été très houleux et au finish, j’ai eu la confiance de mes pairs. J’ai été membre également de la Chambre consulaire régionale et président de certaines commissions et seul représentant des artisans au Cesc. Ce n’est pas une revendication mais, l’Apcam est représentée par neuf (9) personnes, la Ccim par dix (10) personnes dont je suis le dixième. Aujourd’hui, nous les artisans avons notre groupe : Artisanat de profession, de transformation et d’art qui englobe cinq millions de personnes (5000 000). Je crois que nos autorités doivent être équitables en toute honnêteté pour que nous ayons le même nombre que les autres certes.
Je profite de l’occasion pour dire que l’artisanat doit être mieux représenté au Cesc que par une seule personne, avoir le même nombre que les autres regroupements.
Mamadou Minkoro Traoré a-t-il des ambitions politiques ?
Très franchement, je n’ai pas aujourd’hui aucune ambition politique. Je n’ai pas envie de me jeter dans certains marigots, surtout politiques. Je suis apolitique. Le futur appartient à Dieu, je ne sais pas ce qui peut arriver après. Mais j’aimerais rester dans mon monde professionnel de l’artisanat.
Réalisée par N.D
Source: Le Prétoire