De l’esclavage moderne, voila comment on peut qualifier ce que l’entreprise canadienne dirigée par Sékou Konaté fait subir à ses employés, à l’image de Tidiani Diakité dit Pelé, foreur de son état, qui a perdu tous ses biens personnels et documents officiels au cours des tragiques événements de Kobada. La société avait refusé de lui payer ses arriérés de salaires avant de lui faire une avance, et refuserait toujours de lui rembourser ses biens perdus sur le site de la société à Kobada.
Suite à la destruction du camp de la société African Golden Group (AGG) dans l’affrontement qui a opposé les orpailleurs et les gendarmes en mai dernier, les employés de la société ont tout perdu en plus de leur emploi. De leurs habits aux couchettes en passant par les documents officiels, les portables, et de nombreux autres effets personnels.
Rien n’a été épargné par les vandales, qui ont laissé le camp dans un état de ruine. Ce jour-là, face à la détermination des orpailleurs, les employés comme Pelé n’ont eu la vie sauve que grâce à l’agilité de leurs jambes.
Après avoir été abandonnés par les responsables de la société qui ont fui avec tous les véhicules pour se refugier à Sélingué, Pelé et les autres étaient obligés de rester dans la brousse de 10h du matin à 20h, moment de l’arrivée des renforts de la gendarmerie.
Licenciements abusifs ?
Repliés sur Bamako, les employés n’ont jamais été réunis par la société. Ce n’est que deux semaines après leur arrivée à Bamako que la société les a convoqués pour remettre à chacun, un billet de 2 000 F Cfa.
Ils ont été informé qu’à partir de cet instant précis, il n’y aura plus de salaire, alors même qu’ils n’ont pas été mis dans leurs droits. Les responsables n’ont trouvé d’autres mots de consolation pour ces pauvres pères de famille qui venaient de tout perdre que de leur dire, qu’ils ne seront pas dédommagés, quant à leurs biens perdus, car la société ne serait pas assurée et aurait, elle aussi, perdu.
A Pelé, par exemple, foreur de son état qui aura tout perdu (des documents officiels de valeur inestimable, un permis de conduire international, deux cartes bancaires, des attestations de travail, une valise et une forte somme d’argent) la société devait plusieurs jours de salaire et des heures supplémentaires. A ce jour encore, il court après son dû que la société refuserait de lui donner.
Contacté par nos soins, l’intéressé affirme qu’il ne demande ni plus ni moins que le remboursement de ses biens perdus et de son argent.
Cette société minière est présente au Mali depuis 2004, avec 250 km2 exploités en toute illégalité. Nous en avions apporté les preuves il y a peu dans ces mêmes colonnes. AGG est l’une de ces sociétés qui se cachent derrière l’inspection du travail pour exploiter les travailleurs. Dans cette société, beaucoup n’ont pas de contrat. Pour profiter des employés, la société les emploie comme des travailleurs journaliers. Ils n’ont droit à rien, pas d’heures supplémentaires, pas de repos maladie même pas de l’aspirine.
Il est temps que les autorités compétentes jettent un coup d’œil sur ce qui se passe dans cette société, qui tantôt affame les orpailleurs, tantôt les employés. N’y a-t-il pas de loi dans ce pays ? En tous cas, Pelé n’entend pas rester les bras croisés. Il compte se battre jusqu’à ce que justice soit faite.
Harber MAIGA
Source: Le Prétoire