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Mali,DEMISSION DU PROCUREUR DE BAMAKO:Quand un magistrat affiche son indépendance ! :: MALI

Le landerneau politico-judiciaire du Mali est en ébullition. Ce constat, on peut le faire au regard de la convocation par la Justice, de sept autres généraux après Amadou Haya Sanogo, mais aussi, en raison de la démission du procureur de la République près le Tribunal de première instance de la commune 3 de Bamako, Mohamed Sidda Dicko qui estime ne pas être en phase avec des instructions du ministre malien de la Justice, Me Mohamed Ali Bathily.

Mohamed__Ali_Bathily ministre justice

A l’occasion de cette démission, il a été donné à l’opinion de constater qu’il y a vraiment des dissensions entre le ministre malien de la Justice et le parquet représenté par le Procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Daniel Tessougué. Faisant écho à leur collègue démissionnaire, d’autres magistrats n’ont pas manqué d’exprimer leur volonté de pouvoir travailler en toute indépendance.

Le système, copié sur le modèle français où le parquet est soumis au ministre de la Justice, supérieur hiérarchique des procureurs, n’est pas sain

Cette réaction du monde politico-judiciaire n’est pas une mauvaise chose en soi. C’est bien que chacun des acteurs concernés s’exprime dans le cadre de l’Etat de droit. C’est surtout bien pour la Justice et in fine pour la démocratie, que les magistrats soient le plus indépendants possible du pouvoir exécutif. Ainsi, sans qu’il soit besoin de chercher à savoir qui, du ministre malien de la Justice, du procureur démissionnaire ou du parquet dans son ensemble, a raison, on peut dire que ces remous sont un signe de vitalité démocratique et qu’ils sont donc salutaires à tout point de vue. C’est une sorte de divorce, une remise en cause des relations incestueuses entre le pouvoir judiciaire, surtout dans son volet parquet, et le pouvoir exécutif. Le système, copié sur le modèle français où le parquet est soumis au ministre de la Justice, supérieur hiérarchique des procureurs, n’est pas sain. Surtout dans des pays où les hommes politiques s’illustrent rarement par leur hauteur de vue, leur souci de défendre l’intérêt général et de protéger le bien commun.

En tout cas, comme dans bien d’autres secteurs d’activités sous nos tropiques, il n’est pas courant que des magistrats osent ainsi assumer leurs responsabilités au point de mettre en danger leur poste à l’image d’Epiphane Zorro en Côte d’Ivoire. Même si, pour le Mali, l’affaire n’est pas inédite, les cas de procureurs de la République qui rendent leur démission suite à des instructions de leur supérieur hiérarchique, qui leur posent un problème de conscience, sont rares sur ce continent. Pourtant, chaque fois qu’un magistrat jette un pavé dans la mare de cette façon, ce sont, d’une manière ou d’une autre, les limites de l’indépendance de la Justice dans son ensemble qui sont repoussées et la démocratie qui en sort grandie. Les relations incestueuses entre le parquet et le ministre de la Justice nuisent très souvent à une Justice qui cherche encore ses marques sous nos cieux.

Ces cas de procureurs qui exigent leur indépendance dans le traitement de leurs dossiers et de hauts gradés qui sont dans la ligne de mire de la Justice, faut-il le rappeler, interviennent à un moment où le président malien, Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), a fait sien le principe selon lequel « Nul n’est au-dessus de la loi ». Ceux qui, comme le Général Sanogo, doutaient de l’engagement de la nouvelle équipe dirigeante du Mali, l’auront d’ailleurs appris à leurs dépens. Dans un Mali où le copinage avait relégué au second plan le devoir de justice, où la démocratie en trompe-l’œil cachait des dessous nauséabonds en termes de gestion de la chose publique, entre autres, il est de bon ton que les nouvelles autorités fassent de la Justice leur cheval de bataille. L’importance de la Justice comme pilier de la démocratie n’est plus à démontrer. On note, entre autres, qu’elle constitue un contrepoids crédible aux autres pouvoirs et permet de résoudre les différends de façon organisée et apaisée. Ce qui favorise la paix sociale.

source : camer

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