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Mali : une percée du Canada qui vient s’ajouter à celle du Danemark

Choisi pour étudier les résultats du PACEPEP, ce Programme qui devait tendre, sous le contrôle de l’ambassade du Danemark, à dynamiser le secteur privé à partir des situations d’extrême pauvreté qui existent au Mali, le Canadien Jean François Guay est aussi l’initiateur, avec son compatriote Gino Pelletier, d’une société, Forex Afrique, dont ce dernier nous dit ceci, à la date du 17 janvier 2020, sur le site qu’il lui consacre (forex-afrique.com) :

« L’entreprise intervient dans le domaine du BTP avec spécialisation dans les forages et travaux hydrauliques, les énergies renouvelables, l’environnement et dans la gestion de projets soutenus par le secteur public, les ONG et le secteur privé. »

Ici, il ne s’agit plus, comme dans le PACEPEP, de glaner des produits du côté de la production agricole la plus modeste, mais de se brancher sur le secteur du bâtiment et des travaux publics, et donc de se situer à l’interface du secteur public et du secteur privé au titre d’une activité plus ou moins caritative (ONG) mais qui peut engager l’État ou ses diverses administrations régionales ou locales…

Au-delà, le champ visé est bien plus large que le seul Mali auquel le PACEPEP s’adressait :
« Animé d’une stratégie d’expansion, Forex a récemment ouvert une succursale en Guinée et interviendra prochainement au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso. »

Ce petit détour ayant été effectué, nous nous sommes orientés vers un article présent sur le site maliactu.info à cette même date du 17 janvier 2020. Il était placé sous la signature d’« Adama », et portait la date du 8 octobre 2013. À ce moment-là, le PACEPEP n’était pas encore entré en vigueur. Voici ce que nous y avons lu :
« L’hôtel Massaley a abrité le jeudi 3 octobre, la campagne de plaidoyer pour la suppression des entraves au commerce des céréales dans la sous-région ouest africaine. Cette initiative est co-présidée par le Conseil national du patronat du Mali (CNPM) et l’Initiative intégrée pour la croissance économique au Mali (IICEM). »

(Hôtel Massaley de Bamako –
La lutte contre la pauvreté et contre l’insécurité alimentaire ne se refuse décidément rien…)

Et voilà que tout à coup nous avons retrouvé un personnage que nous commençons à bien connaître, un homme qui lutte de façon très décidée contre la pauvreté au Mali et pour l’émergence d’un secteur privé dynamique qui va vous la ratatiner vite fait…
« Dans son discours d’ouverture, le directeur de l’IICEM, Jean François Guay, a déclaré que l’objectif majeur de la réunion était de décider avec les acteurs, les parties prenantes et les personnes ressources des thèmes de plaidoyer à retenir et la stratégie de plaidoyer et de communication adéquate. Tandis que les thèmes principaux du plaidoyer ainsi que les argumentations adoptés sont : la stratégie de plaidoyer et de communication, un comité de suivi a été mis en place, l’assemblée générale constitutive de l’association malienne pour la fluidité du commerce (AMF2C). » (Nous soulignons les termes que nous considérons comme les plus significatifs de la démarche entreprise, dans le cadre de ses activités d’ensemble au Mali, par M. Guay.)

Nous le voyons : il s’agit tout simplement d’engager une campagne de propagande à travers le Mali, mais aussi dans la sous-région ouest africaine, pour convaincre tout un chacun de la nécessité de faire profondément pénétrer les pratiques commerciales dans le domaine des céréales. Nous ajouterons : pour en extraire la plus-value et faire retomber celle-ci dans les bonnes poches…

Et la suite ne s’en cache pas, puisque c’est M. Guay qui l’aura dit, lui-même, à l’occasion de cette rencontre qui l’engageait aux côtés d’un patronat malien qui ne peut pas être totalement dupe de cette démarche d’ensemble qui n’a que peu de rapports avec la fin de la pauvreté au Mali :
« Selon lui, le gouvernement des Etats Unis qui finance, à travers l’USAID, le projet IICEM, vise à accroître la productivité et la production agricoles. »

Rappelons-le, l’USAID, c’est la main charitable tendue par les États-Unis pour mobiliser la dynamique capitaliste partout où il y a de la pauvreté… Or, il s’agit d’aller dans la profondeur…
« Ainsi, ces efforts pourraient, cependant, être vains sur la durée si des mesures ne sont pas prises pour développer les marchés locaux et sous régionaux, a-t-il ajouté. Tout en donnant l’assurance que les marchés existants agissent comme un puissant stimulateur pour produire davantage. »

Les marchés… Ce qui passe par la monnaie… une monnaie qu’on ne pourra s’empêcher de faire transiter par des banques qui sont elles-mêmes des capteurs de la plus-value, c’est-à-dire : de la richesse créée par celles et ceux qui travaillent. Ah, si elles pouvaient devenir, elles, les véritables stimulatrices d’un travail agricole qui leur assurerait des bénéfices royaux !…

Et voici que M. Guay en vient à faire des « révélations » :
« Il a révélé que le projet IICEM accompagne depuis 2011 un processus de plaidoyer (pour éliminer les entraves au commerce de céréales dans la sous-région) mené de concert avec les acteurs et opérateurs du marché, les services techniques de l’Etat, les organisations nationales ainsi que les partenaires techniques et financiers du Mali intervenant dans l’agrobusiness et la sécurité alimentaire. Ce processus est mené sous l’égide du Conseil national du patronat du Mali qui préside le Comité de plaidoyer créé à cet effet. »

À quoi s’agit-il donc de remédier ? Cela nous a été dit un peu plus haut, dans une phrase que nous n’avons pas encore citée :
« L’accroissement de l’offre et la liberté du commerce frontalier sont des facteurs de lutte efficaces contre l’insécurité alimentaire et pour l’accélération de la croissance économique, a-t-il précisé. »

S’il s’agit de s’attaquer à l’ « insécurité alimentaire », faut-il vraiment s’en remettre au CNPM ? N’y a-t-il pas un État malien (dont on prétend, par ailleurs, que les dirigeants ont été élus démocratiquement) qui devrait avoir comme tout premier souci d’y remédier de façon définitive ?…

Eh bien, non ! Et nous allons immédiatement pouvoir comprendre pour quelle raison M. Guay et ses petits camarades ont décidé de préparer un système de propagande dont le porte-étendard sera le patronat malien en tant que délégué des intérêts capitalistes et impérialistes étrangers qui ont absolument besoin de plier le Mali et la sous-région ouest-africaine (entre autres) à la loi du commerce…
« Pour conclure, il a souligné que plusieurs activités ont déjà été menées dans le cadre de ce processus : réunions d’identification des problèmes et préoccupations des protagonistes du commerce de céréales, ateliers de formation et de diffusion d’informations sur les règles du commerce dans la CEDEAO, conférences de plaidoyer dans le format débat public-privé dans les capitales régionales Mopti, Sikasso, Ségou, Kayes et à Bamako. »

Attention à ces mots-là : « plaidoyer dans le format débat public-privé » !… Nous le savons maintenant très bien pour l’avoir trouvé constamment dans les préoccupations de M. Guay : c’est le secteur privé qui doit dévorer le secteur public… Ainsi le débat n’est-il là que pour montrer à la population malienne que l’État malien n’est plus du tout l’affaire du peuple malien… au sens où il pourrait contrôler un secteur public qui serait effectivement l’expression d’une citoyenneté malienne véritable.

Il suffirait désormais de s’en remettre au patronat malien (pour l’apparence) et à l’impérialisme états-unien et européen (pour la pleine réalité de l’exploitation des travailleuses et des travailleurs maliens)…

AgoraVox
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