Bamako, le 18 mars 2025 – Après le Niger, c’est au tour du Mali de quitter officiellement l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Une décision forte qui s’inscrit dans une dynamique de rupture avec certaines institutions internationales jugées incompatibles avec la nouvelle orientation souverainiste des États sahéliens. Ce retrait marque une nouvelle étape dans l’affirmation de l’indépendance diplomatique du pays et son engagement aux côtés de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Un divorce annoncé entre le Mali et la Francophonie
Bamada.net-Dans une correspondance officielle adressée au Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de la France, le gouvernement malien a notifié son retrait immédiat de l’OIF. Le communiqué évoque un désaccord profond avec les méthodes de l’organisation, accusée d’appliquer des sanctions discriminatoires à l’égard des États en transition et de ne pas respecter la souveraineté du Mali.
Le gouvernement malien reproche notamment à l’OIF une attitude partiale dans son traitement des crises politiques au sein des États membres. Depuis le début de la transition, les autorités de Bamako ont dénoncé plusieurs prises de position jugées défavorables à leur égard, notamment la suspension du pays des instances de l’organisation en 2021. Ce gel, qui visait à sanctionner la junte au pouvoir, a été perçu comme une ingérence dans les affaires intérieures du Mali.
Un signal fort en faveur de l’Alliance des États du Sahel
Cette décision de quitter l’OIF survient au lendemain de l’annonce similaire du Niger, et laisse présager un retrait prochain du Burkina Faso, les trois pays étant aujourd’hui engagés dans une dynamique de solidarité et d’unité à travers l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette alliance, créée en septembre 2023 par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, vise à renforcer la coopération entre ces pays dans les domaines de la défense, de la sécurité et du développement.
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En quittant la Francophonie, le Mali envoie un message clair : il privilégie désormais des partenariats régionaux et internationaux qui respectent pleinement sa souveraineté et ses choix politiques. À travers l’AES, Bamako affirme sa volonté de s’affranchir des influences extérieures jugées contraignantes et de bâtir une coopération fondée sur des intérêts communs avec ses voisins sahéliens.
Un repositionnement diplomatique assumé
Ce retrait s’inscrit dans une stratégie plus large de réorientation diplomatique. Le Mali, à l’instar du Niger et du Burkina Faso, a multiplié ces derniers mois les initiatives visant à réduire sa dépendance vis-à-vis des institutions occidentales. L’accent est désormais mis sur le renforcement des relations avec des partenaires considérés comme plus fiables, notamment la Russie et certains pays émergents.
Depuis le début de la transition, le Mali a ainsi rompu plusieurs accords militaires avec la France et ses alliés européens, et a intensifié ses relations avec des acteurs comme Moscou et Pékin. Cette nouvelle approche diplomatique reflète la volonté des autorités maliennes de diversifier leurs alliances et de s’affranchir de la tutelle des grandes organisations internationales perçues comme instrumentalisées par certaines puissances étrangères.
Quelles conséquences pour le Mali ?
Le départ du Mali de l’OIF ne signifie pas une rupture totale avec l’espace francophone, mais il illustre une volonté affirmée de redéfinir les termes de la coopération internationale. La Francophonie, qui se veut un espace de promotion de la langue et des valeurs partagées, est perçue par les autorités maliennes comme une structure dont le fonctionnement ne correspond plus aux intérêts du pays.
Sur le plan pratique, cette sortie pourrait avoir des répercussions sur les programmes d’assistance et les financements de certains projets éducatifs et culturels liés à la Francophonie. Toutefois, le gouvernement malien semble prêt à assumer ce choix, en misant sur des partenariats alternatifs pour compenser d’éventuelles pertes en matière d’aide et d’investissements.
Vers une recomposition de l’ordre régional
Le retrait successif du Niger et du Mali de l’OIF, et la probable annonce imminente du Burkina Faso, traduisent une recomposition de l’ordre politique au Sahel. L’Alliance des États du Sahel se positionne de plus en plus comme un bloc régional cohérent, prêt à défendre ses intérêts sans dépendre des institutions traditionnelles. Ce réalignement marque un tournant dans la politique extérieure des pays membres et pourrait inspirer d’autres nations africaines confrontées aux mêmes défis.
Alors que l’avenir de l’OIF en Afrique de l’Ouest semble incertain, le Mali poursuit son chemin vers une autonomie renforcée et un partenariat stratégique plus adapté à ses ambitions. L’heure est à la souveraineté, à la coopération entre États sahéliens et à la construction d’un nouveau modèle d’intégration régionale, loin des structures héritées de l’ère coloniale.
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Moussa Keita
Source: Bamada.net