NEW YORK (Nations Unies), 3 juillet (Xinhua) — Au terme d’une mission au Mali du 24 au 29 juin, l’expert indépendant sur la situation des droits de l’Homme dans ce pays, Alioune Tine, a exprimé sa grave préoccupation concernant la détérioration continue de la situation sécuritaire, des droits de l’Homme et humanitaire au centre du pays, ainsi que dans la région de Ménaka.
Lors de sa visite, l’expert indépendant a recueilli des témoignages directs et indirects sur plusieurs attaques menées par des milices communautaires, souvent avec la participation de groupes armés, qui ont entraîné des morts, des blessés, des destructions ou incendies de biens et des déplacements de populations.
Le gouvernement s’est engagé à ouvrir des enquêtes criminelles sur des allégations de graves violations et abus des droits de l’Homme.
“Je recommande vivement aux autorités de donner une suite concrète à ces déclarations en engageant des enquêtes impartiales pour traduire en justice tous les auteurs présumés de ces actes. Ces attaques sont devenues de plus en plus meurtrières et récurrentes pour diverses raisons avec l’implication des groupes armés causant une grave et inquiétante évolution qu’il faut adresser d’urgence pour stopper la spirale de la violence. Je ne voudrais pas voir ces communautés s’entretuer et se déchirer suite à des manipulations”, a déclaré Alioune Tine cité dans un communiqué de presse de la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA).
Lors d’une visite à Mopti, dans le centre du Mali, M. Tine a entendu des membres de la société civile ainsi que des représentants des communautés sur la question des attaques indiscriminées de la part de groupes extrémistes, notamment Jama’ at Nusrat al-Islam Wa al-Muslmeen (JNIM).
La présence très limitée de l’Etat dans cette région, son absence dans plusieurs localités du centre, le manque de services communautaires de base et l’insécurité causée par les extrémistes, les groupes armés, les acteurs du crime organisé auxquels s’ajoutent les opérations antiterroristes qui ne respectent pas les normes internationales des droits de l’Homme, sont de nature à créer des confusions et des amalgames au sein des communautés de la région.
De plus, les terroristes tirent parti de l’absence de l’Etat pour instrumentaliser les communautés et les opposer les unes contre les autres. A la fin du mois de février 2018, plus de 657 écoles ont été forcées de fermer dans les régions du centre et du nord, affectant plus de 190.000 élèves.
L’expert indépendant a exprimé sa profonde préoccupation concernant l’augmentation du nombre d’allégations de violations graves des droits de l’Homme qui seraient commises par les forces armées maliennes.
Il a félicité le Premier Ministre pour sa déclaration en mai de cette année réaffirmant que le gouvernement ne tolèrerait aucune exaction contre la population civile mais a souligné aux autorités la nécessité qu’ une enquête rapide, indépendante et impartiale soit ouverte et que tous les auteurs présumés soient traduits en justice.
L’expert indépendant a également été saisi de graves violations et abus des droits de l’Homme qui continuent de se produire dans la région de Ménaka, dont certains sont imputés aux groupes armés. Il a demandé aux autorités maliennes d’ouvrir des enquêtes judiciaires dans les plus brefs délais afin de rendre justice aux nombreuses victimes de ces crimes.