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Mali : Surchauffe du front social à trois mois de l’élection présidentielle

L’élection présidentielle est prévue pour le 29 juillet 2018. A trois mois de ce scrutin crucial pour le Mali, le front social est de nouveau en ébullition. Pour preuve, plusieurs secteurs menacent de débrayer le mois de mai prochain. Le ton sera donné par la section syndicale de la justice qui entend observer une grève de 5 jours à compter de 8 mai 2018. En même temps, la section syndicale des surveillants de prison affiliée à la Centrale démocratique des travailleurs du Mali (CDTM) mènera une grève de 48 heures à compter du 8 mai 2018. Les commerçants eux aussi, veulent fermer boutique à cause de la cherté du prix de dédouanement des marchandises. En conférence de presse le mardi 17 avril 2018, les travailleurs du chemin de fer aussi sont montré leur mécontentement suite au non paiement de leurs salaires, des problèmes de locomotives et la réfection des chemins de fer. La fin du (premier) mandat du président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta s’annonce donc très difficile.

Le mois de mai prochain s’annonce rude pour le gouvernement, car deux syndicats dans deux secteurs stratégiques du pays mèneront ensembles des mouvements de grève. Dans un préavis de grève signé le lundi 16 avril 2018 par le secrétaire général de la section syndicale de la justice, Issa Sékou Sidibé, adressé au gouvernement à travers Mme le ministre de la fonction publique et des relations avec les institutions, dont nous copie, le syndicat revendique 11 points qui tournent autour de l’amélioration des conditions de travail et de vie des 819 agents évoluant dans le secteur. « Le mouvement de protestation débutera le 08 Mai 2018 à 00H et prendra fin le 12 mai 2018 à 23H 59Mn », a indiqué le secrétaire général, Issa Sékou Sidibé. En plus de ce syndicat, la section syndicale des surveillants de prison (SSSP) affiliée à la Centrale démocratique des travailleurs du Mali (CDTM) mènera une grève de 48 heures à compter du 8 mai 2018. Ce syndicat, dirigé par Brahima Sogodogo, a adressé un préavis de grève, le 14 avril dernier, au gouvernement à travers Mme le ministre de la fonction publique et des relations avec les institutions, Diarra Raky Talla. « Vu la lettre n°00608/MEF-SG du 12 février 2018 du Ministre de l’Economie et des Finances émettant un avis défavorable à l’adoption des projets de décret allouant des primes et indemnités aux surveillants de prison ;  Considérant que les arguments sur lesquels se fonde l’avis du Ministre de l’Economie et des Finances sont violateurs de la loi n°2016-031 du 07 juillet 2016 en ses articles 145, 148 et 149 ; Considérant le comportement passif et l’incapacité des départements ministériels chargés de défendre ce dossier, notamment le Ministères de la Justice et le Ministère du Travail et de la Fonction Publique chargé des Relations avec les Institutions ; Considérant le discours à la nation du Président de la République à l’occasion de la fête de l’armée de 2017, où il annonce expressément l’alignement des surveillants de prison aux avantages accordés aux Forces de défense et de Sécurité ; Après plusieurs correspondances pour donner la chance au dialogue social, le bureau exécutif décide d’observer une grève de 48 heures si les revendications suivantes ne sont pas satisfaites : l’adoption des deux décrets relatifs aux primes et aux indemnités à allouer aux fonctionnaires du cadre de la surveillance des services pénitentiaires et de l’éducation surveillée ; l’application intégrale de la loi N°2016-031 du 07 juillet 2016 portant statut des fonctionnaires du cadre de la surveillance des services pénitentiaire et de l’éducation surveillée », c’est ce qui ressort du préavis de grève de la section syndicale des surveillants de prison, signé par son secrétaire général, Brahima Sogodogo, le 13 avril dernier, adressé au gouvernement le lendemain, 14 avril 2018.

Les cheminots exigent le paiement de leur salaire

Selon le secrétaire général de la section syndicale des surveillants de prison, cette grève débutera le mardi 08 mai 2018 à 00 heure et s’achèvera le jeudi 10 mai 2018 à 00 heure. Dans une lettre du ministère de l’économie et des finances que nous détenons une copie, l’incidence financière des deux projets de décret s’élève à F CFA : 2 806 509 238 dont 1 529 874 387 pour les primes et 1 276 634 851 pour les indemnités. « Cette incidence ne prend pas en compte la prime de technicité, la prime de qualification professionnelle, l’indemnité de caisse et de gestion, l’indemnité de déplacement, l’indemnité pour heures supplémentaires, l’indemnité de cherté de vie et le taux journalier d’allocation. Les primes et indemnités proposées sont identiques à celles allouées aux fonctionnaires de la Police nationale tandis que les deux corps ne sont pas investis des mêmes missions. Par ailleurs, l’incidence financière dégagée n’est pas prévue dans le budget d’Etat 2018 », souligne la lettre du ministère de l’économie et des finances. Répondant à la lettre du ministère de l’économie et des finances, le syndicat indique que la loi n°2016-031 du 7 juillet 2016 portant statut des Fonctionnaires du Cadre de la Surveillance des Services Pénitentiaires et de l’Education Surveillée qui consacre le caractère sécuritaire de la mission des Surveillants de prison dispose en son article 148 : « La liste des primes et indemnités, leur taux, ainsi que les conditions et modalités de leur octroi, sont déterminés par décret pris en Conseil des ministres ». C’est dans ce cadre, précisent les syndicalistes, sur demande des syndicats des Surveillants de prison, que deux projets de décret relatifs aux primes et aux indemnités à allouer aux Fonctionnaires du Cadre de la Surveillance des Services Pénitentiaires et de l’Education Surveillée ont été initiés par le Ministère de la Justice. Dans la procédure d’adoption desdits textes, le syndicat, à l’image de Daouda Konaté, secrétaire administratif de la SSSP, constate avec amertume que le Ministre de l’Economie et des Finances a émis un avis défavorable à leur adoption. Par ailleurs, le syndicat estime qu’une loi de finance rectificative peut être initiée pour prendre en compte l’incidence financière des deux projets de décret. « Le débat sur l’appartenance du corps des surveillants de prison aux forces de sécurités est révolu et voila que la lettre du ministre de l’économie et des finances fait revenir le sujet. Le faisant, il viole la loi N°2016-031 du 07 juillet 2016 en son article 148 et la constitution du 25 février 1992 en son article 70. Cela est constitutif de faute grave de la part d’un ministre de la République », a déclaré le secrétaire général de la SSSP, Brahima Sogodogo. Les commerçants eux aussi, veulent fermer boutique à cause de la cherté du prix de dédouanement des marchandises. En Assemblée générale,  le 24 mars dernier, les commerçants dénonçaient le coût élevé des taxes sur le dédouanement. Parlant du dédouanement des marchandises, le porte-parole, Ibrahim Maiga, a fait savoir  que le dédouanement des marchandises au Mali est très cher contrairement aux autres pays de la sous-région tel que le Burkina Faso dont le dédouanement des marchandises de 40 pieds est estimé à 6 millions contre 14 millions au Mali. A l’en croire, cela est un handicap pour le développement du secteur. Ainsi, ils exigent une réduction de 80% sur les taxes de dédouanement et  à défaut d’avoir gain de cause, ils sont déterminés à n’engager aucune procédure de dédouanement de leurs marchandises qui sont au niveau des postes de douane, une décision déjà exécutée par certains commerçants. «Les taxes élevées sur le dédouanement étouffent notre activité. A cause de cette situation, les chiffres d’affaires de commerçants sont en rouge. Certains sont en train de mettre les clés sous le paillasson», a-t-il rappelé tout ému. Malgré la mise sur pied du train voyageur, le mécontentement des cheminots a atteint son paroxysme. En conférence de presse le mardi 17 avril 2018, les travailleurs du chemin de fer aussi sont montré leur mécontentement suite au non paiement de leurs salaires, des problèmes de locomotives et la réfection des chemins de fer.

Aguibou Sogodogo

Source: Le Républicain

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