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Mali : qui sont les rebelles qu’affronte l’armée dans le nord ?

Depuis plusieurs jours, les positions de l’armée malienne sont attaquées par des groupes armés dans le nord du pays.

Est-ce la fin de l’Accord dit d’Alger? Officiellement dénommé Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, ce texte censé mettre fin au conflit qui, depuis 2012 déchire ce vaste pays sahélien, avait été signé le 15 mai et 20 juin 2015 à Bamako, après des négociations menées à Alger, entre le gouvernement malien et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), une coalition regroupant les groupes armés issus de la rébellion déclenchée début 2012.

Depuis quelques semaines, les « ex-rebelles » ne cessent d’attaquer des emprises de l’armée malienne dans le nord du pays. Ce que les autorités de Bamako refusent encore d’admettre comme une reprise de la belligérance entre l’armée malienne et les ex rebelles, préférant évoquer des opérations opposant l’armée aux « groupes armés terroristes ».

Les groupes ayant repris les armes contre les unités de l’armée régulière regroupent plusieurs entités politico-militaires basées dans le nord du pays. Ils comprennent des éléments à l’origine de la rébellion de 2012, mais aujourd’hui on y compte d’autres acteurs.

Cette coalition autoproclamée comme un « Cadre Stratégique Permanent pour la Paix, la Sécurité et le Développement (CSP-PSD) », a vu le jour en avril 2021 et formalisée au mois de mai de la même année sous l’impulsion de l’ONG italienne « Ara Pacis ».

Bien qu’ayant fédéré la plupart des entités politico-militaires impliquées dans le processus de paix, le CSP-PSD n’avait pas réussi à avoir la reconnaissance des autorités de Bamako. Le fossé s’est d’ailleurs profondément creusé entre les deux parties à partir du mois de décembre 2022, lorsque les composantes de ce regroupement ont suspendu leur participation aux organes de l’Accord de paix exigeant la tenue d’une « réunion d’urgence » en un « lien neutre » afin de procéder à une évaluation de la mise en œuvre de ce document qui, huit ans après sa signature, n’a réalisé que de maigres avancées. Une situation qui a surtout profité aux jihadistes pour étendre leur influence dans une grande partie du nord du pays.

La goutte d’eau de trop

Toutefois, c’est la décision prise en janvier dernier par les autorités, issues du coup d’État de mai 2021, le second en dix mois après celui ayant destitué le président élu Ibrahim Boubacar Keita, consistant à suspendre les indemnités accordées aux représentants des mouvements armés au sein des organes de l’Accord de paix qui a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Depuis, à plusieurs reprises, les deux parties étaient passées au bord de l’affrontement. Ce qui aura finalement lieu suite au retrait anticipé de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) de sa base de Ber, dans la région de Tombouctou, permettant ainsi à l’armée de reprendre pied dans cette localité qui était sous le contrôle de l’ex rébellion depuis une décennie.

Les forces armées maliennes (FAMA) ne se sont pas contentées d’occuper le camp laissé par la Minusma. Elles ont également poussé les combattants de l’ex rébellion à quitter la localité, alors que celle-ci croyait qu’elle devait lui revenir jusqu’à la mise en place de l’armée reconstituée préconisée par l’Accord issu du processus d’Alger, évoquant l’accord de cessez-le-feu signé en mai 2014 qui prévoyait un gel des positions des belligérants.

Bamako perd des alliés dans le nord 

Aujourd’hui, même si l’Etat malien tarde encore à l’admettre, l’ex rébellion semble avoir bel et bien repris. En témoignent les revendications des assauts lancés le 12 septembre contre la ville de Bourem, dans la région de Gao et celle de Léré, dans la région de Tombouctou, le dimanche 17 septembre dernier.

Ces combattants du CSP-PSD sont issus des différents mouvements politico-militaires de la rébellion de 2012: le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA), le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA) composé de transfuges du groupe jihadiste Ansar Dine, et le Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA).

Le CSP-PSD compte aussi dans ses rangs des mouvements de la Plateforme du 14 juin 2014 d’Alger, à l’origine composée essentiellement de groupes armés pro-gouvernementaux. Également signataire de l’Accord de 2015 au même titre que la CMA), la Plateforme est composée d’une branche du Mouvement Arabe de l’Azawad (tendance Hanoune Ould Sidi Ali de Gao) et le Groupe d’Autodéfense Imghad et Alliés (GATIA) notamment la tendance favorable à Fahad Ag AL-Mahmoud. Lequel a pris ses distances avec le général Elhadj Ag Gamou qui assurait le rôle d’autorité militaire du GATIA. D’ailleurs, dans un appel rendu public ce lundi 18 septembre et authentifié par APA, Fahad AG Almahmoud a plaidé en faveur de la constitution d’une grande alliance des mouvements touaregs contre l’armée malienne.

Proche lui aussi de Bamako, le Mouvement Pour le salut de l’Azawad tendance Daoussahak (MSA-D) dont le secrétaire général est membre du Conseil national de la transition (le parlement provisoire installé par les autorités de transition en cours au Mali), n’a pas encore décliné sa position.

Les jihadistes, des spectateurs ?

À côté de ces divers groupes armés, une large partie du nord, du centre et de l’est du Mali abrite plusieurs groupes jihadistes parfois rivaux. Parmi eux, le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) – coalition créée en 2017 et principale alliée d’Al-Qaïda au Sahel – et la branche sahélienne de l’Etat Islamique, ex-Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS) née deux ans plus tôt.

A ce jour, rien ne permet d’indiquer que ces deux groupes prennent part aux affrontements récents ou en cours opposant les rebelles à l’armée régulière. En 2012, des groupes islamistes proches des jihadistes liés à Al-Qaïda n’avaient pas hésité à prêter main forte aux rebelles touaregs avant de les supplanter pour occuper toutes les villes du nord du pays, d’où ils seront délogés un an plus tard par l’intervention Serval à la demande de Bamako.

MD/los/ac/APA

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