Le Premier ministre, Dr. Boubou Cissé, a achevé dimanche une visite de 5 jours dans le centre du Mali, région de Mopti, qui concentre l’essentiel des déplacés au Mali, frappée aussi par les violences communautaires notamment contre lesquelles il préconise plus de “maillage sécuritaire“ et un dialogue entre protagonistes locaux.
Depuis l’apparition en 2015 dans le centre du Mali du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs “groupes d’autodéfense“.
Le nombre de personnes déplacées fuyant ces violences a quasiment quadruplé dans les régions de Mopti et de Ségou, entre mai 2018 et mai 2019, passant de 18 000 à 70 000, a indiqué le 1er juillet, dans un communiqué, le Bureau de coordination des affaires humanitaires (Ocha) des Nations unies.
“La région de Mopti, à elle seule, enregistre un quart – soit plus de 924 000 personnes – des 3,8 millions de personnes touchées par un manque sévère de vivres ou à risque dans le pays durant la période de soudure de juin à août“, selon l’Ocha.
Le chef du gouvernement malien s’est rendu dimanche à Hombori, où un chef de village a été récemment assassiné par de présumés jihadistes. A Douentza, ultime étape de sa tournée entamée le 3 juillet, M. Cissé a annoncé de nouvelles garnisons dans la région.
“Nous allons faire un maillage sécuritaire plus important. Nos forces vont se déployer sur le terrain. Au total, ce sont 3 500 hommes qui vont monter. Sur les sept derniers jours, il y a déjà 1 500 militaires arrivés dans la région“, avait déclaré le chef du gouvernement malien le 4 juillet.
A Bandiaga, un fief des Dogons, il a réaffirmé samedi sa “ferme détermination” à apaiser les tensions communautaires. “On est à un moment où chacun doit dépasser ses rancœurs et ses meurtrissures, et (pour) que dans un sursaut salvateur, nous puissions organiser un vaste front de résistance à toute ethnisation et politisation de la situation”, a dit M. Cissé, vendredi à Bankass.
Le Premier ministre a “facilité une rencontre des vrais acteurs de la crise. Il y a désormais de l’espoir“, a déclaré Bocari Sagara, député de Bandiagara. Des chefs des communautés peules et dogons se sont rencontrés pour “continuer sur le chemin de la paix” et ont prévu de se rendre prochainement ensemble sur le terrain pour “faire baisser la tension”, selon des participants à ces rencontres.
Cissé avait lancé jeudi une opération de distribution gratuite de 8 000 tonnes de céréales aux populations “en insécurité alimentaire” de la région, après avoir souligné “le lien entre les violences sur le terrain et l’insécurité alimentaire”.
Serge Daniel
Mali Tribune