Quelques centaines de Maliens ont marché ce samedi à Bamako pour dénoncer les exactions, notamment de l’armée, l’impunité et l’inaction de l’État. Dans la région de Motpi, dans le centre du pays, les militaires maliens sont couramment accusés d’abus contre des civils appartenant à la communauté peule.
Sur l’une des artères principales de Bamako, quelques centaines de personnes marchent silencieusement, les mains en l’air en signe d’indignation. Ils dénoncent des exactions commises contre des civils dans la région de Mopti où « c’est la loi du plus fort qui règne aujourd’hui, il n’y a pas de justice ».
« La dernière fois qu’on s’en est pris aux Peuls, on les a mis de côté et on les a assassinés. Ça s’appelle comment ? C’est pas dans ce Mali que je suis née ! » s’indigne une manifestante.
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Originaire du centre, Hamadoun Dicko, de l’association Tabital Pulakuu, dénonce un amalgame : « Quand tu parles peul ou que tu ressembles aux Peuls, tu es une cible tout de suite ». Il a « même peur de retourner » dans la région, « parce que quand tu es là-bas les jihadistes te prennent pour cible, vont dire “toi tu étais à Bamako, tu es avec les autorités” et les militaires se lèvent pour aller nous tuer, soi-disant que tous les Peuls sont des jihadistes ».
Au moins 43 morts dans le centre du Mali en 2018
Tous insistent : il n’y a pas de conflit entre Peuls et Dogons. « Nous nous sommes originaires de ces régions-là. On a des amis Dogons, on a des amis peuls » assure Oumar Barry, l’un des organisateurs de la marche. Il ne veut pas « que l’Etat oppose ces populations ».
Selon l’ONU, au moins 43 civils ont été tués et 24 blessés lors d’attaques ciblées et de conflits intercommunautaires dans le centre du pays depuis le début de l’année. L’un des derniers exemples en date : les évènements de Boulkessy où des soldats maliens sont accusés d’avoir tué arbitrairement 12 civils le 19 mai. Bavure confirmée en début de semaine par la Minusma, après enquête.
RFI