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Mali : L’URD confrontée à l’après-Soumaïla Cissé

Près de trois mois après la disparition brutale de Soumaïla Cissé, son parti lui cherche encore un successeur. Et à mesure que l’échéance de la présidentielle approche, si plusieurs noms sont évoqués, aucun ne semble faire consensus.


La disparition brutale de Soumaïla Cissé, le 25 décembre dernier, a rebattu les cartes au sein de la formation politique qu’il a créée en 2003 après son départ de l’Adema-PASJ, l’Union pour la République et la démocratie (URD). À un peu plus d’un an de la présidentielle prévue en 2022, le débat fait rage au sein du parti pour savoir qui prendra la relève et portera ses couleurs lors du scrutin.
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Si aucune date exacte n’a encore été fixée, le scrutin, qui doit se tenir à l’issue des 18 mois de transition, agite d’ores et déjà les partis politiques. Faute de candidats officiellement déclarés, les rumeur vont bon train sur les ambitions présidentielles des uns et des autres.

Les partisans du colonel Assimi Goïta – que la charte de transition interdit théoriquement de se présenter en raison de son poste de vice-président- le poussent ainsi à se lancer dans la course. Aux premiers rangs de ces candidats putatifs figurent aussi des vétérans de la scène politique malienne, d’Aliou Boubacar Diallo à l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, en passant par Modibo Sidibé ou Cheick Modibo Diarra.

Mais le paysage politique du Mali est en pleine recomposition. L’URD, comme d’autres, enregistre un afflux de nouvelles adhésions. Mais ce succès a un revers. « Tous les grands partis sont à la dérive et certains en profitent pour marchander leur soutien », souligne Alexis Kalambry, analyste et observateur de la scène politique.
Rajeunissement

L’arrivée à l’URD de Mamadou Igor Diarra, avec son mouvement Mali En Action (ME), a provoqué un tumulte médiatique. Ce banquier, ancien ministre de l’Énergie, des Mines et de l’Eau (2008-2011), puis de l’Économie et des Finances (2015-2016), est en effet cité comme un potentiel candidat. L’URD a donc pris soin de préciser que Mamadou Igor Diarra adhérait « sans conditions, pour honorer une promesse faite du vivant de Soumaïla Cissé ». « Il est venu pour travailler, pour rester longtemps et tenter sa chance après », assure Ousmane Samassekou, secrétaire général d’une section bamakoise du parti. Pour un cadre de la formation, qui préfère rester anonyme, « l’arrivée de Mamadou Igor Diarra complique encore les choses, surtout qu’il est vu comme ayant le profil pour succéder à Soumaïla Cissé ».

“Le nom de son fils, Bocar Cissé, économiste de 43 ans, circule activement

Si des cadres de l’URD se montrent peu loquaces, la question de la succession de Soumaïla Cissé reste entière. Alors que ses camarades tentent, tant bien que mal, d’endosser le costume d’héritier, le nom de son fils, Bocar Cissé, économiste de 43 ans, circule activement. Mais lui ne serait pas intéressé. « Il n’a jamais trempé dans la politique et s’est toujours tenu éloigné du parti, assure un proche. Et c’est mal le connaître que de penser qu’il a ce type d’ambition. »

À la tête du parti, Salikou Sanogo, premier vice-président, est décrit par certaines sources comme le digne représentant d’une vieille garde appelée à céder face aux ambitions des jeunes loups. Cette volonté de rajeunir la tête du parti n’est pas nouvelle, confie l’un de ses membres. « Aucun changement n’a eu lieu car Cissé était fort. Mais depuis longtemps déjà, un clan réclamait un visage plus jeune pour l’URD ». Le parti cèdera-t-il aux sirènes du jeunisme ? « Le maintien de Salikou Sanogo s’explique car il est facteur de stabilité et de diversité, analyse Alexis Kalambry. Son avantage, c’est qu’il n’a pas d’autres ambitions et une frange importante du parti se reconnaît en lui. Si on le pousse vers la sortie, le parti risque de se morceler. »

« L’URD n’explosera pas »

Ces dernières semaines, un autre nom revient aussi avec insistance : celui de Me Demba Traoré, pressenti pour ravir la tête du parti et se porter candidat à la présidentielle. Il bénéficierait du soutien de jeunes operateurs économiques proches du parti. L’intéressé botte en touche : « J’ai lu ça sur les réseaux sociaux, on ne peut pas empêcher des militants d’exprimer leur souhait. Le plus important, c’est que je n’ai dit à personne que je suis candidat ».

Avocat depuis 1995, Demba Traoré, 48 ans, a été tour à tour conseiller communal, député à l’Assemblée nationale et ministre. « Il ne lui reste qu’à être président, même s’il y en a beaucoup comme lui au sein du parti », lance un membre proche de Demba Traoré. « Il est politique, fidèle, constant dans son engagement et s’est vraiment battu. Le seul problème est qu’il n’a pas d’argent », ajoute Alexis Kalambry. Si ses ambitions se confirment, Demba Traoré devrait aussi travailler à créer l’unanimité.

Tous les candidats à la succession de Soumaïla Cissé devront aussi se forger une carrure sur le plan international, ce qui faisait l’une des forces de l’ancien chef de file de l’oppotion et qui manque cruellement à la plupart des postulants.

« Après la mort de Soumaïla Cissé, l’URD n’explosera pas. Le parti s’agrandira de jour en jour pour réaliser ses idéaux et sa vision », assurait récemment Salikou Sanogo lors d’une cérémonie d’adhésion des nouveaux membres. Les mois à venir diront s’il a tort ou raison.

Source: Seneweb

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