Le gouvernement s’amuse avec le feu. Oui, l’État malien s’amuse avec le feu : en effet, en autorisant le prédicateur extrémiste Mahmoud Dicko à créer officiellement un mouvement politique, c’est une véritable boîte de Pandore qui a été ouverte au Mali déjà en proie aux attaques meurtrières des fous d’Allah.
Comme il fallait s’y attendre, en décidant de créer la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahamoud Dicko (CMAS), l’ancien président du Haut-Conseil islamique malien avait clairement affiché ses intentions politiques qui sont, étancher sa soif. Il faut le dire, contraires aux valeurs républicaines et à la laïcité sur lesquelles est fondé le pays de Modibo Keita.
Pour s’en convaincre, intéressons-nous à celui dont la capacité de mobilisation inquiète et fait des envieux dans la classe politique malienne.
Celui qui a toujours surfé sur l’univers de l’islam sunnite s’était ouvertement opposé en 2009 au projet de code des personnes et de la famille présenté par le gouvernement malien et est même parvenu, grâce à une mobilisation record, à obtenir sa révision.
Après l’attaque du Radisson Blu de Bamako en 2015, il avait déclaré : « Les terroristes nous ont été envoyés par Dieu pour nous punir de la promotion de l’homosexualité importée par l’Occident et qui prospère dans notre société ».
En 2018, ce rigoriste wahabite formé en Mauritanie et en Arabie saoudite était également parvenu à faire reculer le gouvernement malien sur son projet de manuel scolaire sur l’éducation sexuelle.
N’est-il pas aussi celui-là qui a obtenu la tête de l’ancien PM Soumeylou Boubèye Maïga qu’il avait vertement tancé lors d’un rassemblement qui aurait connu la participation de près de 60 000 personnes ?
Alors c’est cet homme-là, connu pour son conservatisme et ses idées aux accents islamistes, qui est aujourd’hui en train de mobiliser ses ouailles pour monter à l’assaut du palais de Koulouba, à travers une manifestation le 5 juin pour demander à IBK de démissionner de la présidence du Mali.
Il faut dire qu’il y a quelques mois, la CMAS a clairement exprimé son intention de participer aux élections maliennes, dans les jours à venir. Et quand on connaît l’estime dont il jouit auprès des populations des villes et des campagnes, le rêve de Mahamoud Dicko pour le pouvoir est non seulement à prendre au sérieux, mais aussi à redouter au vu du projet de société qu’il porte.
On comprend qu’au regard de sa grande capacité de mobilisation, le gouvernement malien n’ait pas fermé les portes de l’arène politique à un tel personnage de peur de subir les foudres de ses fatwas.
Maintenant que le loup islamiste est dans la bergerie de la république, il faut faire avec et s’attendre à en subir les conséquences.
Et l’histoire politique du grand voisin algérien est toujours dans les mémoires, avec la création en 1989 du Front islamique du salut par deux prévaricateurs que sont Abbassi Madani et Ali Belhadj. Pour n’avoir pas su prévenir les risques de l’immixtion du parti islamiste dans la scène politique, les autorités d’Alger ont dû se résoudre à jouer au pompier après l’incendie en annulant les législatives remportées par le FIS et en procédant à sa dissolution pure et simple en 1992. Hélas ! Le mal était déjà fait, et la guerre civile qui s’en est suivie a déchiré le pays.
Espérons que l’histoire ne se répétera pas dans notre pays, le Mali.
Nouveau Réveil