Les premiers jours de la présidence de Ibrahim Boubakar Keita ( IBK) au Mali se révèle être, à notre étonnement, reconnaissons le, un sans faute.
Pour n’avoir dans un premier temps hésité à intervenir militairement dans le camp retranché de Kati , fief de celui que l’on considérait, il y a peu encore, comme un allié de poids qu’il avait pris le soin d ‘aller visiter lors de sa campagne électorale, l’ex-capitaine devenu Général Sanogo, où d’anciens compagnons d’armes venaient de se mutiner contre leur ancien leader qu’ils accusaient de les avoir oublié dans les promotions vertigineuses dont son petit groupe de putschistes avait bénéficié. D’avoir ensuite désarmé la garde rapprochée dudit Général et de l’avoir prié de quitter Kati tout en lui offrant un Bureau à la Présidence comme conseiller ce qui permettait de dissoudre le comité de redressement militaire dont l’ex-capitaine avait la charge avec des émoluments trois fois supérieurs à ceux du Chef de l’État
Et, dans un troisième temps, d’avoir permis que fuita dans la presse malienne les déclarations de l’ex capitaine Drissa Coulibaly.
De ce dernier nous dirons qu’il appartient à ces seigneurs de la guerre qui, à la tête d’une milice armée d’une cinquantaine d’hommes, s’ emploient , mercenaires, dans les guerres des environs ( Sierra Leone, Cote d ‘Ivoire, Liberia, Lybie ..). Revenu de Sierra Leone il se mit dés le putsch au service de Sanogo. Il nous livre aujourd’hui ses souvenirs, ses analyses, sa rancœur et ses accusations, pour le moins surprenantes.
Dans un interview accordé à notre confrère ‘‘Le Sphinx’’, il décrit, en détail, les exécutions extrajudiciaires et les disparitions mystérieuses de soldats au camp Soundiata de Kati.
Dans cette interview, publiée le 25 octobre dernier, tout y passe : l’exécution des ‘‘béret rouges’’ et le transfert de leurs corps dans des puits à Kati –Sananfara, la disparition mystérieuse du colonel Youssouf Traoré, ex –numéro 4 de la junte militaire, la mort de Lassine Keïta dit ‘‘Rougeot’’, de l’adjudant –chef Dramane Sissoko, chef de la sécurité du général Sanogo…
Selon le capitaine Coulibaly, toutes ces exécutions auraient été opérées sur ordre du chef des putschistes. Et se situerait dans le cadre d’un ‘‘deal’’ qui liait le chef des putschistes au président de la République par intérim d’alors : Pr Dioncounda Traoré lequel « deal « pouvant se résumer en
la sécurité de Dioncounda contre le grade de général d’armée, à la fin de la transition
Enfin le même Coulibaly, qui s’estime trahi par Sanogo et entend vider son sac, demandant à ce qu’il soit jugé, révèle quant à l’exécution des bérets rouges -garde présidentielle- que
« C’est le lieutenant Seyba Diarra, l’adjudant chef Samba Sangaré, Coulibaly et Famakan Keïta, tous membres du CNDRE, qui ont exécuté les bérets rouges ».Avant, dit –il, de balancer leurs corps dans des puits à Kati.
Révélations qui mettent, on le serait à moins, la rue bamakoise en effervescence et oblige, ou aide IBK, à traduire le dit Sanogo en Justice pour répondre de ses actes à Kati mais aussi, on s ‘en doute, bien que cela n’ait pas été clairement formulé, de répondre du massacre des bérets rouges, et de diverses et nombreuses répressions et arrestations extra-judiciaires dont les victimes osent aujourd’hui se faire connaître .
Fin de partie pour l’hébété capitaine qui aimait jouer les terreurs et les gros bras, traitait le Président par intérim avec arrogance, démissionnait le Premier Ministre, emprisonnait les journalistes ? On est en droit de la penser quoique beaucoup à Bamako doutent encore. Le boa aurait mangé la hyène.
Si tel était le cas on peut dire qu’un caillou douloureux aurait été enlevé des chaussures du Mali et de son Président et qu’il est grand temps comme le demande l’ex- opposant à la Présidentielle, qu’un procès soit ouvert et que le coupable paie.
Autre sujet délicat ce que j’avais appelé « le syndrome de Kidal », affronter, incorporer et assimiler dans le corps de la République ceux qui hier se levaient, en armes, revendiquant l’indépendance de l’Azawad, vaste espace du Nord .
Le contentieux est ancien il comprend 1°-l’abandon par les autorités de Bamako de cette province lointaine et différente, au bénéfice des provinces du Sud, 2° la tentative pour apaiser les menaces d’acheter quelques leaders et notables en les nommant à des postes de « respectabilité » et en incorporant dans l’armée quelques ex rebelles, 3°-Les exactions de l’armée malienne
4° la révolte de l’Azawad et la déroute de l’armée malienne avec à la clef quelques dizaines d’exécutés ( Aguelhock) 5° le refus, dans le cadre de la reconquête du territoire, de laisser l’ armée malienne s’approcher de leur territoire où l’armée française et l’armée tchadienne étaient les bienvenues 6° Les accords négociés à Ouagadougou garantissant aux rebelles touaregs prisonniers leur élargissement contre le cantonnement des rebelles, le désarmement et l’installation d’un gouvernement malien civil, un gouverneur, et son administration à Kidal.
Car les « choses « ne se passent pas au mieux. Le MNLA a parfois du mal à retenir ses troupes dans des actes de vengeance. L’armée malienne en veut aussi d’avoir été mal traitée, des déserteurs, des assassinats de Aguelhock et d’être, comme armée nationale, tenue en dehors des territoires de sa responsabilité. Enfin à Bamako de nombreux politiques n’en finissent pas de jeter de l’huile sur le feu de la discorde en s’élevant contre la remise en Liberté de soldats rebelles touaregs considérés comme des assassins.
Le Président IBK vient d ‘ouvrir en grande pompe hier les Assises Nationales sur le Nord qui entendent accorder tous les violons alors que déjà quelques fausses notes, l’opération étant à peine commencée et les discours pas encore prononcés quant aux délégués du Nord qui se voient privés de siéger au bénéfice d’autres représentants du Nord- mais habitant le Sud- ayant été choisis, non par les préfets du Nord, mais par les gens de Bamako .
Mais passé ces bémols que’ IBK a décidé d’aplanir et gommer il reste un réel espoir que les discussions débouchent sur ce qui était encore inaudible il y a un an à savoir un statut de l’Azawad dans la République Malienne sur le modèle de la Catalogne en Espagne.
« Tout est négociable, à dit IBK, bien inspiré, dans le cadre d’un Mali indivisible”. On ne saurait être plus clair.