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Mali : les négociations d’Alger ne doivent pas consacrer l’impunité

Paris, Bamako, Nairobi, le 20 novembre 2014 – Les autorités maliennes doivent prendre en compte le besoin de justice des victimes et ne pas sacrifier la lutte contre l’impunité sur l’autel des négociations politiques, déclarent nos organisations [1] alors que certains groupes armés et le gouvernement malien reprennent les négociations de paix à Alger.

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Dans un document rendu public aujourd’hui, nos organisations font état de leurs recommandations pour que la paix négociée soit basée sur la reconnaissance du besoin de justice des victimes afin de garantir une solution à long terme, juste et équitable.

«  Les négociations qui s’ouvrent à Alger sont décisives pour l’avenir de la région. Soit les parties s’engagent à mettre fin à l’impunité pour garantir une paix durable, soit elles décident de s’autoamnistier et le cycle de violence reprendra   » a déclaré Me Drissa Traoré, vice-président de la FIDH. «  Nous appelons donc à un engagement clair et fort de toutes les parties à écarter toute amnistie, à soutenir la justice et à ne pas exiger la libération des présumés responsables de crimes graves ou de ne pas les protéger  » a-t-il ajouté.

Depuis 2012, les libérations qui se sont succédées d’auteurs présumés de graves violations des droits humains commises dans le Nord du pays, de même que le projet de confier l’ensemble des procédures ouvertes devant la justice nationale à un pôle spécialisé en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale qui ne retiendrait que des charges liées au terrorisme écartant celles liées aux violations des droits humains, laissent craindre une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Un tel processus favoriserait l’impunité, qui est pourtant l’une des causes majeures des conflits récurrents au Nord du Mali.

Les autorités maliennes doivent donner aux juges d’instruction qui sont actuellement en charge des procédures ouvertes les moyens d’enquêter sur les graves violations des droits humains perpétrées, ou créer un pôle spécialisé en matière de graves violations des droits humains, en particulier celles perpétrées dans le Nord du pays.

La FIDH et l’AMDH ont déjà fait part de leurs préconisations au président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta et au ministre de la justice, M. Bathily, en juin 2014. Ces préconisations ont été reprises par la feuille de route adoptée par les 230 participants au séminaire sur la justice transitionnelle et la réconciliation nationale organisé les 6 et 7 novembre 2014 à Bamako. La FIDH et l’AMDH ont également déposé plainte, aux côtés de 4 autres organisations de défense des droits humains, le 12 novembre 2014, au nom de 80 victimes de crimes sexuels constitutifs de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Par ailleurs, la FIDH et l’AMDH sont parties civiles dans plusieurs procédures judiciaires au Mali et accompagnent des victimes de crimes commis par les groupes armés au Nord et l’ex-junte au pouvoir.

Source: fidh.org

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