La situation sécuritaire se dégrade tragiquement dans le pays. Depuis plusieurs semaines, la Katiba Macina d’Amadou Kouffa, membre du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, le Jnim d’Iyad Ag Ghaly, est à l’offensive dans plusieurs secteurs du centre du pays : Gourma, pays Dogon, cercles de Niono et de Djenné… Les populations civiles en font les frais et cette situation sécuritaire alarmante est invoquée par les autorités pour justifier une éventuelle prolongation de la durée de la transition.
Dans le cercle de Niono, dans la région de Ségou, l’emprise de la Katiba Macina ne cesse de s’étendre. Farabougou, Dogofry, Siby, Mariko… les jihadistes empêchent les paysans d’aller aux champs et brûlent les récoltes, privant les populations de leurs moyens de subsistance.
Les chasseurs traditionnels dozos qui s’opposent à eux subissent des pertes et s’en prennent à leur tour à des villages pastoraux. Les éleveurs ne peuvent plus se rendre au marché pour vendre leur bétail et déplorent des actes de violence et de racket. Les combats entre dozos et jihadistes ont fait des dizaines de morts.
Cette semaine de nouveaux mouvements de populations ont été constatés. Les sources locales et les organisations humanitaires mobilisées dans la zone parlent de milliers de déplacés.
L’armée accusée d’exactions
Dans le cercle de Djenné, dans la région de Mopti, les populations sont également prises en étau. D’un côté, les jihadistes de la Katiba Macina ont pris le contrôle de nombreux villages. De l’autre, les Forces spéciales maliennes basées à Sofara, qui tentent de les contrer, ont procédé depuis le début du mois à de nombreuses arrestations : vingt-deux selon l’armée, plusieurs dizaines selon des sources locales qui, surtout, accusent l’armée d’exactions. Certaines sources évoquent des dizaines d’exécutions, ce que l’état-major malien a formellement démenti ce mercredi 13 octobre dans un communiqué.
Quelles conséquences pour les populations civiles ? Comment vivent-elles dans les zones menacées voire contrôlées par la Katiba Macina ? Les élections censées marquer la fin de la période de transition amorcée par le coup d’État militaire qui a renversé le président IBK en août 2020 sont-elles menacées ? Réponses et explications avec Boubacar Ba, directeur du Centre d’analyse sur la gouvernance et la sécurité au Sahel. Avec le cas, pour commencer, du cercle de Djenné.
[Il y a] le problème de confiance entre les communautés et les forces armées sur le terrain et le fait que les jihadistes veulent appliquer la charia tout autour […] Les groupes viennent dans les mosquées, ils ont des exigences par rapport aux prières, à l’application de l’islam […] Le dialogue continue mais ce sont les combats qui dictent la loi sur le terrain […] Je ne pense pas que ce soit instrumentalisé. Les élections sont importantes mais la situation sécuritaire dicte que l’on puisse engager des négociations et circonscrire le large spectre des affrontements armés multiples dans le pays.
Source: RFI