Le Premier ministre malien, Boubou Cissé, a dévoilé, hier, 5 mai 2019, la composition des membres de son gouvernement. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’une équipe éléphantesque de 37 membres, qui comprend des personnalités issues aussi bien de la majorité que de l’opposition. On peut, par exemple, citer le cas de Tiébilé Dramé qui a été l’ex-directeur de campagne de Soumaila Cissé à la dernière présidentielle. C’est à lui qu’échoit le maroquin des Affaires étrangères. On note aussi la présence, dans ce nouveau gouvernement, d’un proche du général putschiste Amadou Sanogo. Il s’agit de l’ex-chef d’Etat-major des armées, le général Ibrahim Dahirou Dembélé qui avait vu son contrôle judiciaire levé en 2018 ; ce qui lui avait valu de réintégrer l’armée en qualité d’inspecteur général. En tout cas, pour une ouverture, c’en est une et on comprend pourquoi la nouvelle équipe gouvernementale a tardé à être dévoilée. Ainsi donc, on peut dire que « l’accord de gouvernance » signé le 2 mai dernier, entre la majorité et une partie de l’opposition, vient d’être mis en œuvre. Mais comme on le sait, le tout n’est pas de former un gouvernement.
Boubou Cissé ne bénéficiera pas d’état de grâce
Il faut qu’il soit à la hauteur des défis auxquels fait face le Mali où en plus du terrorisme, les conflits communautaires ont gagné du terrain. En témoigne la tuerie d’Ogossagou où près de 160 civils, essentiellement des peuls, ont été littéralement massacrés. Ce qui a valu d’ailleurs la démission du Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga, accusé d’incapacité à assurer la protection des populations mais aussi des militaires. Cela dit, Boubou Cissé réussira-t-il là où son prédécesseur a échoué ? On attend de voir. Car comme on le dit, c’est au pied du mur que l’on reconnaît le vrai maçon. Mais une chose est certaine. Les attentes du peuple malien sont si nombreuses qu’il ne bénéficiera pas d’état de grâce. Il doit aller au charbon pour que le Mali, à défaut de retrouver sa quiétude d’antan, ne demeure pas un sanctuaire pour terroristes. Et ce ne sont pas les ressources qui lui feront défaut. Car, avec la formation de ce gouvernement de large ouverture, les Maliens semblent avoir compris qu’au-delà de ce qui les divise, ils doivent faire montre d’une union sacrée face à l’ennemi qui menace l’intégrité et l’existence même de leur patrie. Osons donc espérer que chacun jouera franc-jeu. Car, faut-il le rappeler, les gouvernements d’union nationale ou de large ouverture ont parfois cela de regrettable qu’ils se transforment souvent en paniers à crabes.
B.O
Le Pays.bf