La nouvelle élite politique a réussi identifier et isoler le virus. Dès lors, sorciers blancs et charlatans noirs s’affairent urbi et orbi pour provoquer la rechute du malade dont la guérison pourrait sonner le glas de leur entreprise criminelle de mystification et de déstabilisation.
La bêtise humaine est vraiment sans limites
Pour couper le bois, le bûcheron se sert de la hache dont le manche est fait de bois. Pendant que la CEDEAO n’hésite pas à violer ses propres textes pour taper durement sur un des siens, la France dans sa tentative d’étouffer le Mali reçoit le soutien de l’Union Européenne. L’organisation sous régionale dont la France avait déjà anticipé la décision, a fermé ses frontières terrestres et aériennes avec le Mali. Cependant, Air France qui réalise la moitié de ses profits en Afrique de l’Ouest avec deux vols quotidiens en direction du Mali, a été autorisée à reprendre ses vols sur Bamako. D’un côté, réalisme et pragmatisme, de l’autre, légèreté et méchanceté. Alors, vive la bêtise humaine qui semble avoir élu durablement domicile chez certains chefs d’Etat africains dont les pays sont pourtant confrontés comme le Mali aux pires aléas de la politique néocoloniale française. Par la grâce de Dieu, le Mali ne mourra pas pour quelques frontières fermées, mais tous ceux qui se sont compromis dans cette affaire pour les beaux yeux de la France se sont décrédibilisés aux yeux de leurs populations et du reste de l’Afrique. Le génie créateur du peuple malien s’inspirant de « Kurukan-fuga », est désormais au service d’une véritable fraternité de case pour panser les plaies. Le réveil est brutal pour la France et ses affidés qui étaient loin de s’imaginer que le Mali pouvait avoir une réaction aussi ferme et tenir aussi longtemps. Assimi Goïta a repris le contrôle de son espace terrestre et aérien grâce à la coopération avec la Russie. Il s’est trouvé des alliés hautement stratégiques en Afrique (Algérie et Mauritanie) qui lui ouvrent toute la frontière nord, sans compter celle de la Guinée qui n’a jamais été fermée. En Asie, la Chine, l’Iran et les pays arabes lui tendent les bras. Même en Europe de l’ouest, la Turquie offre ses services. Peut-on faire mieux en si peu de temps ? Aujourd’hui, personne ne doute de l’efficacité du parapluie militaire russe et du génie entrepreneurial de la Chine, de la solidarité des pays arabes, de l’ingéniosité de l’Iran et de la Turquie. Sentant que l’affaire est en train de se gâter pour eux, certains étrangleurs de l’ombre ne décolèrent plus. Comme à Waterloo, la France est obligée de capituler pour insuffisance de résultats. La CEDEAO elle aussi lâchée en plein vol, est à la recherche d’une voie de contournement honorable. L’opposition politique radicale vit la descente aux enfers la plus pénible de son histoire. Comme Modibo Kéita aux premières heures de l’indépendance, Assimi Goïta est en train de montrer le chemin de l’honneur et de la dignité. La jeunesse malienne revit.
Partout au Mali, un jour nouveau se lève
Le schéma catastrophe programmé pour le Mali par quelques politiciens locaux revanchards et par les « experts » de la CEDEAO-UEMOA ne se réalise pas au bout de quelques jours ou de quelques semaines au grand dam de la France car, les patriotes maliens et notamment les jeunes sont restés soudés et solidaires de leurs autorités. La diplomatie et la communication de crise n’ont jamais été aussi agressives et efficaces au Mali. La tentative d’étranglement est en train de tourner au fiasco et au ridicule pour ses initiateurs. Que faire à présent ? Comme on ne reconstruit pas un pays avec ceux qui veulent l’assujettir, ni avec des apatrides, la diversification des partenariats à l’international est une première réponse qui sera complétée par le maintien de la dynamique politique actuelle « Assimi-Choguel », pour éviter tout chamboulement et un retour au statu quo. Il faut donc sortir de l’architecture institutionnelle qui permet au Président de la République de tout décider. En outre, il faudra remettre de l’ordre dans la création anarchique des associations et des partis politiques qui a empêché la constitution d’une majorité politique homogène et d’une opinion publique centrée sur la seule défense des intérêts du pays. Au titre du serment des responsables politiques et administratifs, ceux-ci doivent désormais s’engager expressément sur l’honneur en faveur d’une armée nationale de métier, républicaine et forte pouvant protéger l’Etat de droit, l’économie nationale et l’intégrité du territoire. La lutte contre la corruption et la sauvegarde des valeurs morales et culturelles seront les deux autres piliers du serment. L’histoire retiendra qu’un jeune officier malien patriote, ancien du Darfour et commandant l’unité des forces spéciales, qui a passé une dizaine d’années sur le front nord et côtoyé la mort au quotidien, est parvenu à force de courage et d’abnégation à arrêter au péril de sa vie, les conséquences de l’hémorragie provoquée par trente ans d’une démocratie alimentaire frelatée. Plus d’un mois après les sanctions de la CEDEAO et la reprise en main du pays, la sécurité et la paix reviennent progressivement. Un jour nouveau se lève enfin de Kayes à Kidal. Il est encore temps pour les anciens bourreaux de faire leur mea culpa car les maliens sont enclins au pardon. Cependant, ils doivent savoir que persévérer dans l’erreur est diabolique et que le diable se combat sans répit et par tous les moyens.
Le Mali vient d’engager face à la France la bataille pour son indépendance, c’est-à-dire la capacité de décider de son destin. Celle-ci a reçu le soutien des pays de l’Union européenne. Quant au Mali, il a reçu les sanctions de la CEDEAO francophone dont les pays sont en première ligne pour le compte de la France. Il est difficile de libérer un esclave à qui on a inculqué que ses liens sont une parure que les autres lui envient. Il appartient à chaque peuple de le comprendre et d’en tirer les leçons.
Mahamadou Camara
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