Malgré l’appel au calme et au dialogue du secrétaire général de l’ONU, les chefs de file du mouvement de contestation qui frappe le Mali depuis le début du mois ont de nouveau appelé, samedi soir, à la désobéissance civile si l’État ne répond pas à certaines revendications.
Les dirigeants de la contestation en cours contre le président malien Ibrahim Boubacar Keïta ont rejeté samedi soir les pistes proposées par des médiateurs ouest-africains pour sortir le pays de la crise. Ils ont réitéré leur demande de démission du chef de l’État, et refusent la formation d’un gouvernement d’union nationale.
« Dans les circonstances actuelles, aucun gouvernement, même ‘d’union nationale’, dont le M5-RFP n’est ni demandeur, ni preneur, ne saurait résoudre les problèmes du Mali », a affirmé dans un communiqué le mouvement contestataire, qui prône une « refondation » aux contours flous du Mali.
Démission du président
« Aussi, le M5-RFP réitère sa demande de démission du Président Ibrahim Boubacar Keïta et (de) son régime », selon le communiqué.
A l’appel du « Mouvement du 5 juin » (M5-RFP), coalition hétéroclite dont la figure emblématique est l’influent imam Mahmoud Dicko, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi à Bamako pour réclamer le départ immédiat du chef de l’État, au pouvoir depuis 2013.
Au soir de cette manifestation, les chefs de la diplomatie du Niger, du Nigeria et de la Côte d’Ivoire, en mission de bons offices au Mali au nom de l’organisation régionale Cédéao, ont évoqué la « nécessité » de mettre en place un « gouvernement consensuel d’union nationale », une option à laquelle le président Keïta a récemment ouvert la voie.
Ils prônaient également l’organisation d’élections législatives partielles dans des circonscriptions où une intervention de la Cour constitutionnelle a été favorable au camp du président Keïta, ce qui avait suscité la colère de l’opposition. Leurs efforts de médiation ont reçu samedi le « plein soutien » du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
Samedi soir, le M5-RFP a estimé que les envoyés de la Cédéao n’avaient tenu « aucunement compte de la source de tous les maux et de toutes les crises du Mali, à savoir la mauvaise gouvernance, la corruption et la violation des principes républicains et démocratiques dont le Président Ibrahim Boubacar Keïta est le seul et unique responsable ».
Il dénonce également la « totale illégalité » d’éventuelles élections partielles et souligne sa « détermination à mettre en œuvre tous les moyens légaux et légitimes » pour obtenir le départ du président, « qui seul peut aujourd’hui sauver le Mali ».
Signe des tensions politiques croissantes au Mali ces dernières semaines, ce mouvement exprime l’exaspération nourrie par les milliers de victimes ces dernières années des attaques jihadistes et des violences intercommunautaires, par le ressenti de l’impuissance de l’État, le marasme économique, la crise des services publics et de l’école et la perception d’une corruption répandue.
avec AFP. Ouest-France
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