Le mariage occupe une place prépondérante en milieu nomade bérabiche. Ce pacte social est l’ossature des échanges communautaires et de survie. Ce deuxième texte en aborde le sens.
La communauté pense qu’il est de son devoir de marier les jeunes filles. Ce rôle est fondamental et ne pas l’exercer constituerait une négligence, voire un manquement grave à son devoir. La plupart des familles cherchent à assurer à leur fille un avenir sûr en l’unissant à la personne qu’elles croient être la meilleure. Ces nomades n’acceptent jamais de livrer leurs filles à un inconnu.
Le fait de connaitre la famille ou la parenté du prétendant leur donne le sentiment que leur fille sera protégée. Ils confient de fait leur fille à un époux et à une belle-famille de confiance avec lesquels ils ont des liens d’honneur constituant, pour eux, un gage de sécurité et de bon traitement pour la jeune épouse au sein d’une belle-famille qui ne l’accueillera pas en étrangère. « Le jour où je suis entrée dans ma belle-famille, on m’a immédiatement acceptée comme si je faisais partie de la famille bien avant. C’était pour moi un plaisir sincère », partage avec nous Fadi, une jeune arabe.
Une affaire de parents, un acte social et communautaire
Halima, issue de cette même communauté, nous confie : « Je me suis mariée à l’âge de quinze ans avec un cousin proche. Cela m’a beaucoup aidée. J’ai fondé mon foyer, et je suis libre et indépendante dans ma famille. J’ai eu des enfants. Mon premier fils, je l’ai eu à l’âge de dix-sept ans. Il n’y a pas eu de problème lors de l’accouchement, malgré que chez nous, dans le désert, il n’y ait pas de dispensaire. Les femmes âgées remplacent la sage-femme. Dieu merci, mon fils est devenu un homme aujourd’hui. Il s’occupe de nos animaux. Son petit frère est né trois ans après. Tous deux s’occupent de la boutique et de tout ce qui concerne l’approvisionnement en denrées alimentaires ».
La plupart du temps, les jeunes mariées sont accompagnées d’une femme très âgée, qui sert de conseillère nuptiale, et de filles de leur âge pour leur tenir compagnie. La fête se tient avec faste, à la mesure des possibilités du nouveau marié. Elle est agrémentée de grands repas de viande bien cuite, accompagnée du couscous avec de la sauce blanche. C’est l’un plat favori dans la communauté, à base de viande et de beurre de chèvre. Après ce repas, les frères, amis et parents rendent visent pour saluer. Ces célébrations sont l’une des rares occasions où des personnes vivant dans des campements très éloignés peuvent se rencontrer. Ainsi, pour ces festivités partagées, on apporte des sacs de riz, du sucre, des bidons de beurres et des animaux tel que des chameaux, des chèvres, des moutons ou encore des bœufs.
Un phénomène né de nécessités
Dans la plupart des cas, ces nomades donnent leurs jeunes filles en mariage à un cousin ou un proche parent, afin de consolider les liens de parenté. Le mariage d’une fille de la famille peut se faire également avec un homme riche ou issu d’une famille riche, afin de nouer un lien.
Une réponse négative de la part des parents de la jeune fille peut nuire à la fraternité et la cohésion entre les deux parties. Cela peut créer des tensions et des méfiances durant plusieurs années. Or, dans ce milieu difficile, l’absence de confiance peut donner lieu à une véritable menace pour la survie. Si l’on ne peut plus s’asseoir ensemble ni voyager, ni se saluer, encore moins prier ensemble, on est alors ennemis dans un milieu où la solidarité est la base de l’existence.