Boukary Daou
Après huit jours passés dans les locaux de la sécurité d’Etat, Boucary Daou est désormais dans ceux de la BIJ, la Brigade d’investigation judiciaire. Le journaliste malien sera apparemment déféré au parquet le 18 mars. Il avait été arrêté le 6 mars à Bamako après la publication d’une lettre ouverte de soldats combattant au Nord et protestant contre les avantages accordés au capitaine putschiste Sanogo.
Avec notre envoyé spécial à Bamako, Guillaume Thibault
Boukary Daou a pu longuement s’entretenir avec ses avocats, le 15 mars, et préparer sa défense car le journaliste devrait être présenté lundi prochain au procureur. Maître Cheick Oumar Konaré prévoit plusieurs possibilités : « Il se pourrait qu’il s’agisse de diffusion de fausses nouvelles, qu’on parle d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Il se peut qu’on parle d’autres infractions. Il se peut tout simplement que le dossier soit classé. Moi je reste optimiste. Ce qui a été publié n’est que l’expression de l’opinion d’une partie des soldats. Et la liberté d’opinion est une liberté constitutionnelle ».
Alors qu’ils s’attendaient à une libération provisoire, les journalistes maliens, très solidaires, ont décidé de continuer leur lutte pour faire respecter les droits de Boukary Daou. Kassoum Traoré, président de l’association des jeunes reporters du Mali déclare :
« Ils l’ont interpellé pendant plus de 8 jours, on se dit que ce n’est pas normal. On est dans un Etat de droit ou on ne l’est pas, c’est ce que nous avons déploré. Il ne faut pas qu’on crie victoire dès maintenant parce qu’il n’y a rien à gagner. Jusqu’à présent, Boukary Daou est entre les mains de la justice malienne. Il est encore privé de ses libertés. Et tant qu’il ne couvre pas ses libertés, nous allons continuer avec les actions ».
Si les journaux vont à nouveau être imprimés, les journalistes maliens refusent de couvrir l’actualité institutionnelle et attendent beaucoup d’une possible médiation du Haut conseil islamique pour aider Boukary Daou dans ses démarches judiciaires.
Par RFI