Alpha Oumar Konaré tout comme Amadou Toumani Touré, ont vu leur cour se vider de ses nombreux courtisans à l’approche de la fin de leur mandat. Ils ont surtout la particularité d’avoir été, chacun, trahi par les siens.
Alpha Oumar Konaré, le premier président démocratiquement élu sous les couleurs de l’ADEMA-PASJ, a eu une fin de mandat assez surprenante : abandonné par les siens qui se disputaient sa succession plutôt que de l’aider à sortir honorablement. Sur son grand chantier de réforme constitutionnelle, le président Alpha Oumar s’est tellement senti seul dans le combat qu’il a dû abandonner. Son discours d’adieu traduit assez son amertume : « Nous aurions pu faire plus si la compréhension avait été plus grande, plus solidaire, de la part de certains de nos frères… ». Il se dit que le président à œuvrer pour que son successeur ne puisse pas sortir des rangs de son parti. Acte de vengeance ? C’est Amadou Toumani Touré, candidat indépendant, qui lui a succédé.
Ce dernier, non plus, n’a pas eu une fin de mandat très honorable. Alors que la question de la reforme constitutionnelle se posait et que la partie septentrionale du pays était envahie par les groupes rebelles et terroristes, ATT, le « héros de la révolution de mars 1991 » se faisait chasser par un coup d’Etat militaire. A-t-il été trahi par son entourage ? Nous ne saurons l’affirmer ici. Mais, vers la fin, beaucoup de courtisans du président ATT s’étaient transformés en grands détracteurs de celui-ci. Où est la morale politique ?
En 2013, Ibrahim Boubacar Kéita est élu président de la République. Une majorité se forme aussitôt autour de lui. Une majorité assez hétéroclite pour qu’on parle d’alliances contre nature. Ne dit-on pas que quand le vent souffle, il faut savoir chercher sa direction ! Presque tous les partis politiques se sont retrouvés dans la majorité présidentielle à l’exception de quelques uns. Aujourd’hui, beaucoup ont déjà quitté le navire et se positionnent en attendant un nouveau tourbillon, tourbillon que certains veulent provoquer dans l’espoir de bénéficier de meilleurs avantages.
Le Président Amadou Toumani Touré a dû se résoudre à accepter le « consensus politique » pour se défaire de l’assaut répétitif de certains « charognards politiques ». Cette condition satisfaite, le président n’a trouvé que des « griots politiques » pour chanter ses louanges. Vers la fin de son mandat, la cour s’est mise à se vider et quelques « amis/proches » se sont transformés en grands pourfendeurs de son régime.
Le président « IBK » n’échappe pas à la malédiction des présidents démocratiquement élus même si le registre dans lequel il se trouve, est un peu différent de celui de ses prédécesseurs. Il n’est pas au bout de deux mandats constitutionnels. Mais déjà, il reçoit la trahison de certains de ses « alliés » qui ne croient pas tellement à sa chance de se faire réélire. « C’est dans la difficulté qu’on sait reconnaitre ses amis ».
Les plus farouches ennemis du président IBK ne se comptent malheureusement pas, aujourd’hui, dans les rangs de l’opposition mais parmi ses anciens collaborateurs. Moussa Mara (ancien ministre et Premier ministre), Mamadou Igor Diarra (ancien ministre de l’économie et des finances), Racine Thiam (ancien directeur de la cellule de communication de la présidence), Oumar Mariko (allié de la première heure avant de quitter la majorité), les membres de ADP –Maliba (alliés de la première heure avant de quitter la majorité), Moussa Sinko Coulibaly (ancien ministre et proche du président IBK), Etienne Fakaba Sissoko (ancien conseiller chargé des questions économiques de la Présidence)… étaient-ils des alliés sincères ?
Quelle leçon politique retenir de tous ces agissements ? N’est-il pas temps de moraliser la politique au Mali que l’on assimile à un jeu d’intérêts personnels et individualistes au détriment de la morale politique qui voudrait que l’on ne vende pas son âme au diable mais d’avoir une certaine éthique.
Malheureusement, cette moralisation n’est pas pour demain et on est obligé d’assister pour longtemps encore cette « prostitution politique » qui ne dit pas son nom.
Sinaly
Source: Le Pouce