Le front de contestation contre le président malien a appelé à manifester vendredi pour réclamer la démission du chef de l’Etat, estimant n’avoir obtenu satisfaction sur aucune de ses exigences pour sortir d’une crise qui inquiète la communauté internationale. L’évolution de cette crise semblait cependant suspendue à une possible intervention du chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta dans la soirée mercredi. “Nous sommes arrivés à un tournant de notre lutte.
Nous revenons à notre objectif qui est de faire partir pacifiquement le président de la République”, a dit l’un des chefs de file du mouvement de protestation, Choguel Maïga, lors d’une conférence de presse. Après avoir fait descendre des milliers de Maliens dans les rues de Bamako en juin, le mouvement dit du 5 juin avait dit la semaine passée vouloir donner sa chance au dialogue et renoncer à faire de la démission du président un préalable à la discussion.
Mais le mouvement avait prévenu qu’il appellerait à un nouveau rassemblement le 10 juillet si ses exigences n’étaient pas satisfaites, à commencer par la dissolution du Parlement et la formation d’un gouvernement de transition dont le mouvement désignerait le Premier ministre, que le président ne pourrait pas démettre.Au cours des derniers jours et malgré des rencontres avec le front de contestation ainsi que d’autres interlocuteurs, le président n’a donné aucun signe public de vouloir accéder à ces demandes.Toutefois, celui qui passe pour le leader de la contestation, l’imam Mahmoud Dicko, personnalité religieuse très écoutée, est apparu inopinément au cours de la conférence de presse de mercredi et a annoncé que le chef de l’Etat s’exprimerait dans la soirée.”Nous avons donné la chance au dialogue (…) C’était difficile, mais les gens ont accepté.
En contrepartie, le président ne m’a rien donné pour les Maliens” a-t-il dit.”Je suis venu ici pour vous dire que le président m’a promis de faire un discours ce soir. Il m’a promis de faire une annonce”, a-t-il ajouté.La contestation à laquelle fait face Ibrahim Boubacar Keïta, président depuis 2013, préoccupe les alliés du Mali, inquiets de son potentiel déstabilisateur dans un pays confronté au jihadisme et à une série de défis majeurs, dans une région elle-même tourmentée.
La contestation prospère sur les maux du Mali, vaste pays parmi les plus pauvres du monde: dégradation sécuritaire et incapacité à y faire face après des années de violence, marasme économique, défaillance des services de l’Etat, discrédit répandu d’institutions suspectes de corruption. L’intervention de la Cour constitutionnelle dans les résultats des législatives de mars-avril est considérée comme un élément déclencheur de la mobilisation.
Source : AFP