Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a affirmé lundi que son pays devait répondre “aux frustrations de (ses) frères touareg”, en ouvrant à Bamako les “états généraux de la décentralisation”.
“Il nous faut apporter des réponses définitives aux frustrations de nos frères touareg”, a déclaré le chef de l’Etat, en reconnaissant des “insuffisances et des dysfonctionnements” dans la politique de décentralisation jusqu’alors menée au Mali.
Quelque 600 personnes participent à ces “états généraux”, représentants de l’Etat et des régions essentiellement. Ces assises sont une des premières phases d’un dialogue censé pacifier le nord du Mali, soumis en 2012 à une rébellion touareg suivie d’un coup d’Etat militaire à Bamako, puis d’une occupation par des groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda dont des éléments restent actifs dans la région.
Selon le président Keïta, “l’une des causes du cataclysme qu’a connu notre pays est la déliquescence de l’Etat”.
“Notre vision est celle d’un Etat fort”, mais “l’Etat fort n’est pas antinomique des collectivités locales fortes” car “cet Etat doit garantir à tous les citoyens les mêmes droits, l’accès aux soins, à l’éducation, etc”, a-t-il ajouté.
Si elle doit s’appliquer à l’ensemble des régions maliennes, cette question d’une plus grande décentralisation concerne plus spécifiquement le nord du pays, vaste région désertique qui occupe les deux tiers du territoire et où les infrastructures de base (eau, électricité, santé, éducation, routes) sont déficientes, voire inexistantes.
Les populations de ces régions issues de diverses communautés – Songhaï, Peul, Arabe, Touareg – se sentent abandonnées par l’Etat central. La pauvreté a servi de terreau depuis plusieurs années à divers groupes armés aux motivations politiques, religieuses et/ou criminelles, qui s’y sont livrés à toutes sortes de trafics et de violences.
Leurs activités ont atteint leur paroxysme en 2012. Les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qui réclament l’autonomie de ce territoire qu’ils appellent Azawad, ont lancé en janvier une nouvelle rébellion, après celles des années 1960, 1990 et 2000.
Mais ils ont été laminés par les groupes jihadistes qui ont occupé la région pendant neuf mois, la transformant en sanctuaire avant d’en être en grande partie chassés par une intervention militaire internationale initiée par la France et toujours en cours.