Après plus d’une décennie de présence sur le territoire malien, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) a officiellement achevé son processus de retrait ce vendredi 15 novembre 2024. Cet aboutissement marque une page importante de l’histoire récente du Mali, alors que le pays se tourne désormais vers une gestion pleinement souveraine de sa sécurité.
La Minusma : Une mission aux objectifs ambitieux
Bamada.net-Déployée en 2013 à la suite de l’intervention française contre des groupes jihadistes menaçant Bamako, la Minusma avait pour mission principale de soutenir la stabilisation du Mali, de protéger les civils et de contribuer au retour de l’autorité de l’État dans les zones sous influence terroriste. Forte d’environ 15 000 membres, incluant militaires, policiers et civils issus de 56 pays, la mission représentait l’une des opérations les plus complexes et coûteuses de l’ONU.
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Cependant, malgré les moyens déployés, les résultats ont souvent été jugés en deçà des attentes, avec des critiques portant sur un manque de coordination avec les forces maliennes, des contraintes budgétaires et une perception de dépendance vis-à-vis des puissances occidentales.
Un retrait progressif et anticipé
Le retrait complet de la Minusma avait été décidé par le Conseil de sécurité des Nations Unies le 30 juin 2023, à la demande des autorités maliennes de transition. Le processus de liquidation, initialement prévu pour s’achever le 31 décembre 2024, a été finalisé avec plusieurs semaines d’avance.
Au cours des derniers mois, la mission a procédé à la résiliation de ses contrats, au rapatriement de son personnel international, ainsi qu’au transfert d’équipements vers d’autres missions onusiennes ou vers les pays contributeurs. Ce vendredi, les autorités maliennes ont officiellement repris possession du dernier site stratégique de la Minusma à Bamako, situé près de l’aéroport, après la rétrocession du camp de Gao en juillet dernier.
Un départ au bilan mitigé
Si la Minusma a contribué à éviter l’effondrement complet de l’État malien en 2013, ses limites ont été largement soulignées. La mission, dépourvue de mandat offensif, a été critiquée pour son incapacité à combattre efficacement les groupes terroristes et à stabiliser durablement certaines régions.
Selon certains analystes, ce départ marque également une rupture idéologique entre le Mali et ses anciens partenaires occidentaux. Depuis l’arrivée de la junte au pouvoir, les autorités maliennes ont accusé la Minusma, ainsi que la France, de ne pas avoir amélioré la situation sécuritaire, optant pour un rapprochement avec la Russie afin de renforcer leurs capacités militaires.
Les défis sécuritaires à venir
Avec le départ définitif de la Minusma, le Mali fait face à des défis sécuritaires colossaux. Les attaques terroristes continuent de frapper le pays, comme en témoigne l’attaque de septembre dernier à Bamako, qui a coûté la vie à 80 personnes. La résurgence des rébellions dans le Nord ajoute une complexité supplémentaire à la situation.
Pour Tidiane Dioh, consultant en stratégie internationale, « les autorités maliennes devront désormais assumer seules la sécurisation d’un territoire immense, dont certaines zones échappent encore à leur contrôle. Bien que difficile, cette tâche est une étape cruciale pour affirmer la souveraineté nationale. »
Une nouvelle ère pour le Mali
La fin de la Minusma ouvre une nouvelle ère pour le Mali, celle d’une gestion intégralement nationale des enjeux sécuritaires. Alors que le pays s’éloigne des partenariats traditionnels pour explorer d’autres alliances stratégiques, la population malienne nourrit l’espoir d’une stabilisation durable et d’un retour à une paix tant attendue.
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Le départ de la Minusma, bien qu’historique, laisse derrière lui des défis de taille, qui mettront à l’épreuve la résilience et la détermination des autorités maliennes dans leur quête de souveraineté et de sécurité.
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Moussa Keita
Source: Bamada.net