Alors que le président IBK vient de signer le décret sur la légalisation du mariage religieux, des femmes confient leur satisfaction. Elle y voient une réelle avancée.
Le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keït, a comme promis signé un décret sur la légalisation du mariage religieux. Cette nouvelle est saluée par plusieurs femmes qui y voient l’accomplissement de plusieurs années de combat car avec cette officialisation, le mariage religieux sera soumis aux mêmes lois que celui effectué au centre d’Etat civil.
Cette officialisation du mariage religieux était un débat qui durait depuis des années. Le Mali étant un pays laïc, c’est la loi qui régit le mariage sur plage. Le mariage est donc célébré devant les représentants de l’Etat civil, ce qui oblige bon nombre de couples musulmans a célébré deux mariages. Le premier qui est religieux s’effectue devant le ministre du culte et le deuxième devant l’officier d’Etat civil.
Un statut en cas de contentieux
Le mariage civil protège donc les droits des femmes et leur accorde un statut surtout lors de contentieux comme le divorce ou après le décès du conjoint. Mais avec la promesse faite par le président Ibrahim Boubakar Keïta d’officialiser le mariage religieux, ne serait-ce pas un pas en arrière pour les droits des femmes ? “Si c’est légaliser, c’est bien parce que si juridiquement c’est accepté et consensuel, ça ne fait que arranger les femmes par ce qu’en ce moment, les femmes font le mariage religieux sans papier et quand il n y a pas de papiers ont ne peux pas dire que c’est officialisé”, estime Madame Diawara Bintou Coulibaly, présidente de l’Association malienne pour le progrès et la défense des droits des femmes.
Par ailleurs, le mariage religieux officialisé aura les mêmes conditions que le mariage civil. Le mariage ainsi célébré sera constaté par un imprimé-type devant comporter les sceaux de l’Etat, les signes du ministre du culte et les énonciations prévues à l’article 301 du nouveau code des personnes et de la famille. “Pour que ce soit officialisé, il faut que les conditions soient réunies pour qu’on puisse respecter tout ce qui se trouve au niveau de l’Etat civil, par exemple au Sénégal eux ils le font mais ils respectent les cadres de l’Etat civil”, explique Diawara Bintou Coulibaly.
Le professeur Mamadou Samake, sociologue à l’université de Bamako, est du même avis que Diawara Bintou Coulibaly. “Vous savez, dans les pays comme le Canada le mariage est un acte presque laïc. Que le mariage soit célébré à la mosquée ou à l’église, il est reconnu par l’administration canadienne”, raconte-t-il. “C’est conforme à la réalité sociale du Mali. En tout cas, en tant que sociologue analyste de ma société, je ne peux qu’encourager l’adoption d’un tel décret.”
De ce fait, avec cette officialisation, les femmes seront dorénavant protégées contre les dérives d’un mariage religieux qui, jusqu’à présent, était juridiquement considéré comme un concubinage et laissait la porte ouverte à un comportement frauduleux des hommes.
Deutsche Welle