Le camp de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) à Kidal (nord-est) a été frappée tôt le matin par une attaque combinée “qui a causé la mort d’au moins cinq Casques bleus et blessé environ 30 autres”, selon une déclaration du porte-parole du secrétaire général de l’ONU Ban ki-moon.
Ces attaques “n’affaibliront pas la détermination des Nations unies à soutenir le gouvernement malien, les parties signataires de l’accord de paix et le peuple malien dans leurs efforts pour parvenir à une paix et une stabilité durables”, assure le secrétaire général, en référence à l’accord signé en mai-juin 2015 par le gouvernement et l’ex-rébellion à dominante touareg.
Un précédent bilan faisait état de quatre morts et une trentaine de blessés, dont plusieurs grièvement touchés.
Des tirs de roquette ont précédé l’explosion d’un “véhicule avec à son bord des kamikazes” à l’intérieur du camp, selon un responsable du contingent guinéen touché.
“Le véhicule a foncé dans le camp entre deux tirs de roquettes”, a précisé ce responsable, se demandant pourquoi l’alarme n’avait pas fonctionné.
Le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, a dénoncé un “acte odieux et irresponsable” qui “traduit le désarroi du camp des ennemis de la paix” au Mali, soulignant qu’il se produisait “48 heures après (son) passage à Kidal”, lors de sa première visite de terrain, entamée lundi dans le nord du pays.
Parallèlement, trois soldats maliens ont péri et deux autres été blessés dans une embuscade dans la région de Tombouctou (nord-ouest), où une attaque contre une base de policiers nigérians une semaine auparavant avait coûté la vie à un militaire malien, ainsi qu’à quatre assaillants. Cet attentat avait été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
– ‘La menace pèse toujours sur le Mali’ –
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a appelé à la restauration de l’autorité de Bamako à Kidal, bastion de l’ex-rébellion, qui lui échappe depuis près de quatre ans, lors d’une conférence de presse avec le chef de l’Etat allemand Joachim Gauck.
“Il faut trouver une solution à cela. Kidal ne va pas rester comme ça, une plaie béante au flanc du Mali, où des agressions sont commises quotidiennement et que la communauté internationale et nous mêmes restons comme ça à observer cela, non!”, a lancé M. Keïta.
Le président allemand, dont le pays dirige la Mission européenne de formation de l’armée malienne (EUTM) et compte envoyer jusqu’à 650 militaires supplémentaires au sein de la Minusma, s’est dit conscient “que la menace pèse toujours sur ce pays”.
“Mais la situation était pire il y a quelques années. Et c’est l?intervention de nos amis français qui a été décisive pour arrêter les terroristes”, a-t-il dit en référence à l’intervention lancée en 2013, ajoutant: “Le terrorisme peut frapper n’importe où et n’importe comment. Mais cela ne veut pas dire que nous allons rester bras croisés”.
Deux soldats guinéens de l’ONU avaient été tués fin novembre 2015 à Kidal dans une attaque à la roquette contre le camp de la Minusma, revendiquée par le groupe jihadiste Ansar Dine.
La Minusma, déployée depuis juillet 2013, est la mission de maintien de la paix de l’ONU la plus coûteuse en vies humaines depuis la Somalie en 1993-1995.
Les attaques de jihadistes présumés se sont succédé cette semaine dans le nord du Mali.
Un douanier et deux civils ont été tués jeudi à Hombori (nord) lors d’une attaque. Trois militaires maliens ont aussi été tués mardi dans l’explosion d’un engin improvisé au passage de leur véhicule un peu plus au sud, près de la frontière avec le Burkina Faso.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Ces groupes jihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés du nord à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale qui se poursuit.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin d’un accord de paix entre le gouvernement et l’ex-rébellion.