Bruno Bertez est un homme de média français qui n’a pas la langue dans sa poche. Il est coutumier des sorties fracassantes qui font le buzz à tous les coups. C’est le cas encore cette fois-ci. Dans une livraison publiée le vendredi sur le site internet la-chronique-agora.com, Bruno Bertez fait une saillie monumentale, sous le titre très provocateur « Europe/USA : Vassaux contre butors ». Dans un langage plus civilisé et décortiquant la nature profonde de la relation Europe/USA, il prétend que l’Europe fait montre d’une servilité ahurissante.
Très poil à gratter, il voue une forme d’admiration àDonald Trump, le milliardaire américain, chantre de l’unilatéralisme, qui, soutient-il, a le sens des réalités : « Il sait que la construction européenne non seulement ne rend pas l’Europe plus forte, mais qu’elle la rend plus faible et plus vulnérable. Il a compris ce que De Gaulle lui-même disait – à savoir qu’un ensemble sans chef, sans unité, est condamné à obéir ».
Sans aucune tendresse pour le Vieux continent, Bruno Bertez lâche : « L’absence d’homogénéité, les divergences et surtout les spécialisations économiques différentes font qu’il est facile d’enfoncer un coin et de faire éclater le colosse aux pieds d’argile européen. L’ensemble européen est plus faible que chacun des grands pays qui le composent ».
C’est un gros pavé que le financier français très actif dans les médias suisses lance dans la mare européenne, réussissant à secouer fortement certaines certitudes – au-delà même de l’Europe – que l’on croyait fortement ancrées. Pour lui, l’Amérique de Trump tirerait parti de ce constat accablant « en attaquant le mercantilisme allemand ». Or, en tant que « leader européen »,
l’Allemagne sera peu encline aux sacrifices et, atout majeur, Ursula von der Leyen sera une bonne caisse de résonance de Berlin à Bruxelles. Bruno Bertez abhorre la langue de bois et préfère dire les choses crûment : « Angela Merkel, la chancelière allemande, fera tout pour empêcher que son industrie soit sanctionnée et donc qu’elle fera payer… les Français ».
Si tout se passe comme prévu, le Brexit sera acté ce vendredi 31 janvier, et en pariant sur un « divorce du couple franco-allemand », Bruno Bertez joue les oiseaux de mauvais augure en annonçant rien moins qu’une déconstruction de l’Europe face à l’Amérique et la Chine.
Dans un argumentaire qu’il veut convainquant, l’homme d’affaires aux idées conspirationnistes connues affirme, parlant d’Angela Merkel : « Déjà, elle a planté le poignard dans le dos de Macron en prenant ses distances vis-à-vis de ses envies de politique étrangère autonome et de ses prises de distance avec l’OTAN. Tout cela pour s’attirer les bonnes grâces de Trump et bénéficier d’une certaine mansuétude en matière de commerce extérieur. Merkel est en passe de livrer son « partenaire » français en otage à Trump – et pourquoi pas notre agriculture en prime ».
La charge est particulièrement rude et tout le monde en prend pour son grade. « Merkel se trompe si elle croit pouvoir remonter la pente plus tard. Nous payons le prix de décennies de servilité et de lâcheté. Si Trump est réélu, ce ne sera que le début car son projet géopolitique, sous cet aspect, est cohérent : utiliser les angles militaires et la puissance pour faire payer ceux qui se croient partenaires alors qu’ils ne sont que vassaux ».
Très remonté et usant d’un ton prophétique, l’intellectuel iconoclaste prédit : « L’Europe va payer le prix des mensonges et des illusions qui ont présidé à sa naissance. Vassale elle est et serve elle deviendra ». Sur la même tonalité sentencieuse, Bruno Bertez conclut sa charge : « Ce n’est pas seulement la prospérité qui est en jeu, c’est la liberté et la dignité. Nous boirons la coupe jusqu’à la lie ». Cette fois-ci, la messe est bien dite !
Serge de MERIDIO
Source : Infosept