Alors que la Cedeao tente toujours de raisonner les régimes putschistes, les ministres de l’Alliance des États du Sahel (AES) se réunissaient, ce 15 février à Ouagadougou, pour jeter les bases d’une fédération entre les trois pays.
Début février, le Mali, le Niger et le Burkina Faso avaient pris de vitesse la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest en annonçant leur retrait « ans délai » de ladite Cedeao. Ils n’entendent manifestement pas décélérer. Et comment mieux claquemurer leurs pays hors de l’organisation sous-régionale, sinon en portant sur les fonts baptismaux une communauté alternative ?
Logique de commando
Si Rome, selon la sentence, ne s’est pas faite en un jour, l’Alliance des États du Sahel (AES) semble vouloir brûler les étapes, avant la fin de transitions politiques dont il lui sera de plus en plus aisé de modifier les calendriers. C’est à Ouagadougou que des ministres de l’AES se sont réunis, ce jeudi 15 février, pour ancrer l’idéologie néo-souverainiste dans le cambouis.
Pas question d’en rester au concept d’alliance. Les membres des gouvernements malien, burkinabè et nigérien entendent édifier une confédération, puis une fédération, sur les « références historiques et propres aux peuples du Sahel » et avec une architecture institutionnelle légère. Toujours une logique de commando…
La réunion de Ouagadougou se situait entre une rencontre de hauts fonctionnaires, tenue du 12 au 14 février, et un prochain sommet des trois chefs d’État. De ces travaux ouagalais, il ressort que la révision de la Charte de l’AES – pour acter le retrait de la Cedeao – ne serait pas nécessaire, le traité portant création d’une confédération devant valider, le moment venu, le triple claquement de porte.
Feuille de route confédérative
Les délégations recommandent l’élaboration d’une feuille de route de la Confédération des États du Sahel, l’accélération de l’élaboration de la charte graphique de l’AES, l’élaboration dans de meilleurs délais des projets et protocole additionnel relatifs à la répartition et aux compétences entre la Confédération et les États, l’identification des partenaires stratégiques et l’adoption d’un protocole additionnel relatif à la libre circulation des personnes et des biens, à la défense et à la sécurité.
Si les étapes devaient ainsi être « brûlées » pour prendre de court les cercles concentriques institutionnels extérieurs à l’AES, les trois pays frères seraient naturellement confrontés à la question monétaire. Structurellement, les néo-panafricanistes exècrent le symbole colonial que représente le franc CFA. Conjoncturellement, les ministres ont condamné « »la confiscation illégale et illégitime des avoirs du Niger par l’Uemoa à travers la BCEAO ».
Il y a quelques jours, le chef du régime nigérien avait « devancé l’iguane dans l’eau ». En interview télévisée, le général Abdourahamane Tiani évoquait la possible création d’une monnaie commune au Niger, au Burkina Faso et au Mali, comme une « étape de sortie » d’une « colonisation » qui serait, selon lui, toujours de mise.
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