Engagés dans une guerre contre les djihadistes, les trois régimes militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont signé, avant-hier samedi, une charte consacrant leur alliance pour «établir une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle». Dénommée «Alliance des Etats du Sahel», elle est essentiellement portée par le Mali en tant dépositaire de la Charte et sa création intervient sur fond de tensions croissantes avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui menace d’intervenir militairement au Niger pour libérer le président déchu Mohamed Bazoum et réinstaller dans ses fonctions de président.
Et, selon le contenu de ladite charte (art. 6), «toute atteinte à la souveraineté et à l’intégrité du territoire d’une ou de plusieurs parties contractantes sera considérée comme une agression contre les autres parties et engagera un devoir d’assistance et de secours de toutes les parties, de manière individuelle ou collective, y compris l’emploi de la force armée pour rétablir et assurer la sécurité au sein de l’espace couvert par l’Alliance». Par-delà cette reprise de leur précédente menace de voler au secours du Niger en cas d’intervention de la CEDEAO, «les parties contractantes» s’engagent également à prévenir et à affronter ensemble toutes velléités rebelles ou autres menaces d’atteinte à l’intégrité du territoire et à la souveraineté de chaque composante de l’Alliance. Elles prévoient de privilégier les voies diplomatiques et de règlement pacifique, mais n’excluent pas en cas de nécessité de fédérer leurs forces pour faire face ensemble d’éventuelles formes de déstabilisation ou de rupture de la paix, selon les termes de son article 5. Entre elles, en revanche, la menace, l’emploi de la force ou l’agression contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique sont prohibés, souligne le texte.
Le terrorisme n’est pas en reste, avec notamment la promesse de lutter contre le fléau terroriste sous toutes ses manifestations ainsi que la criminalité en bande organisée dans l’espace commun de l’Alliance.
En attendant la mise en place des organes, les mécanismes subséquents et les modalités de son fonctionnement, que les parties s’engagent à mettre place ultérieurement, la Charte est ouverte à «tout autre Etat partageant les mêmes réalités géographiques, politiques, socio-culturelles qui accepte les objectifs de l’Alliance » et toute demande d’adhésion «est acceptée à l’unanimité des Etats Parties». Il va sans dire que les manifestations d’intérêts ne vont pas se bousculer au portillon parce qu’en plus de se superposer au G5 ou de se substituer à lui, l’AES s’inscrit également comme une remise en cause des mécanismes en vigueur de règlement des conflits intercommunautaires et une réponse belliciste aux forces anti-putsch de la communauté ouest-africaine.
Amidou Keita
Le Témoin