C’est en tout cas ce qui se murmure au siège de l’Alliance Démocratique pour la Paix (ADP-Maliba), un parti d’opposition malien qui compte 9 députés. Les militants et les cadres de ce parti soutiennent qu’il faut maintenir la pression sur les autorités maliennes pour que la question du fichier électoral et celle des cartes NINA soit prise au sérieux. « Je suis militant de l’ADP-Maliba depuis sa création et à cause de ce problème de carte NINA je n’ai toujours par réussi à voter pour mon parti, est-ce normal dans un pays sérieux ? », fulmine Mohamed Traoré, militant de la Commune 3 de Bamako. Ils sont des centaines de milliers dans ce cas au Mali et dans la diaspora.
En effet, la problématique de la carte NINA (ndlr : Numéro d’Identification Nationale) est devenue une épée de Damoclès suspendue au-dessus des autorités maliennes depuis 2013. Indispensable pour voter ou pour remplir certaines formalités administratives, la Carte NINA est pourtant introuvable et inaccessible au malien lambda. Ayant d’énormes difficultés pour trouver une solution pérenne au sujet, le Gouvernement du Mali enchaine les contrats d’impression de ces cartes qui sont tout aussi rapidement annulés le surlendemain. Le dernier en date est avec la société Cissé Technologies et cette fois, c’est le Premier Ministre malien en personne qui se serait saisi du dossier pour annuler le marché conclu. C’est pourquoi, selon l’opposition et la société civile, la Majorité présidentielle ferait la sourde oreille à tous ceux qui s’intéressent au sujet.
Pourtant, depuis plus d’un an, plusieurs partis politiques sont montés au créneau afin d’obtenir un regard indépendant sur le fichier électoral et sur la problématique de la distribution des cartes NINA. Sans succès. Déjà, lors des dernières élections communales de Novembre 2016, l’ADP-Maliba avait déploré une désorganisation « monstrueuse ». « Cela fait plus de quatre ans que la Majorité gère le fichier électoral et les cartes NINA sans que personne ne sache ce qu’ils en font », rappelle Cheick Oumar Diallo, Secrétaire Politique de l’ADP-Maliba. L’URD de Soumaila Cissé et le SADI d’Oumar Mariko, tous de l’opposition malienne, ont à leur tour manifesté leur souhait d’avoir un audit du fichier électoral. Lors d’une visite de la Délégation Générale aux élections, le Député Soumaila Cissé avait souhaité que cela se fasse dans les meilleurs délais.
A nouveau en début septembre, du côté de la Société Civile, c’est le Collectif pour la Défense de la République, une association dirigée par le polémiste Mohamed Bathily dit « Ras Bath », qui en a fait son cheval de bataille. Pour ce faire, son organisation s’est muée en « Mouvement Alternance 2018 ». Au cœur de son combat, la transparence des élections présidentielles de l’an prochain. « Il faut apurer le fichier pour en retirer ceux qui n’ont pas le droit de vote et inscrire les nouveaux électeurs », rappelle à qui veut l’entendre le bouillant Ras Bath. La question de la carte NINA est également au cœur des activités de « Alternance 2018 » à travers le slogan : « Ma carte NINA est mon arme ».
La préoccupation autour de cette carte est largement portée par l’ADP-Maliba. Et pour le montrer, ce parti a franchi un nouveau cap en adressant une correspondance au Premier Ministre malien. « Au-delà de la question électorale, le problème de la carte NINA cause des tords souvent irréparables aux maliens de l’extérieur comme de l’intérieur », y déplore notamment le Député Amadou Thiam.
Jusqu’à présent, l’ADP-Maliba n’a reçu aucune réponse des autorités maliennes. Face à ce mutisme sur cette demande d’audit, le parti de l’homme d’affaires Aliou Boubacar Diallo envisage de lancer une pétition nationale qui doit réunir « au moins 500.000 signatures ». A l’initiative, on retrouve le Secrétaire Politique Cheick Oumar Diallo qui semble convaincu que c’est la bonne formule. « Tant que les autorités ne verront pas que des centaines de milliers de maliens en font leur problème, le sujet ne sera pas pris au sérieux », indique-t-il.
Selon nos informations, l’ADP-Maliba souhaite que cette pétition soit organisée en partenariat avec des partis politiques et des associations de la société civile pour que ce soit une cause nationale. Mais pour le moment, le lancement de la pétition est suspendu à la réponse que le Premier Ministre donnera au courrier qui lui a été adressé en fin Septembre.
Affaire à suivre…
Amadou Traoré
Par Aujourd’hui-Mali