Désigné candidat du parti des abeilles, l’ex-président de transition se mure dans un silence qui entretient les doutes sur sa volonté de se présenter à la présidentielle du 29 juillet. Déjà minée par des divisions internes, l’Adema-PASJ semble dans l’impasse.
Que pense vraiment Dioncounda Traoré ? Va-t-il se lancer dans la course à Koulouba ? Personne, aujourd’hui, ne semble en mesure de répondre à ces questions. Si l’intéressé ne pipe mot, son entourage se veut formel : il n’a pas l’intention de se présenter à la présidentielle du 29 juillet. À 76 ans, l’ex-président de transition est fatigué et estime sa carrière politique terminée. Marqué par son passage éprouvant à la tête de l’État d’avril 2012 à septembre 2013, l’homme à l’écharpe blanche et aux tempes grisonnantes aspire davantage à une retraite paisible qu’à un nouveau mandat.
Certains, autour de lui, ne l’ont pas entendu de cette oreille. Alors que les militants de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema-PASJ) se déchiraient sur la nécessité de présenter, ou non, un candidat face à leur allié Ibrahim Boubacar Keïta, ce membre historique du parti est apparu comme le seul capable d’unir les abeilles dans la ruche.
Ses partisans de la section de Nara, son fief, à 350 kilomètres au nord de Bamako, ont donc déposé un dossier à son nom aux primaires organisées fin mars. Sorti grand vainqueur de cette consultation interne, Dioncounda Traoré est depuis considéré comme le candidat du parti, malgré ses réticences personnelles à endosser ce rôle.
Divisions au sein du parti
« Tout ceci est une mascarade, peste Kalfa Sanogo, maire de Sikasso et ancien aspirant à l’investiture de l’Adema-PASJ. Certains cadres ont présenté la candidature de Dioncounda contre son gré pour enrayer le processus de désignation interne et empêcher toute candidature face à IBK. » Face à ce qu’il considère être une manœuvre de la direction du parti, favorable au président sortant, il mène depuis sa propre coalition, « Kalfa 2018 ».
Il n’est pas normal de se retrouver dans une telle situation », déplore Adama Sangaré
À trois mois de la présidentielle, l’Adema-PASJ semble dans une impasse : ses troupes sont divisées et personne ne sait ce que son candidat souhaite réellement faire. « Il n’est pas normal de se retrouver dans une telle situation, déplore Adama Sangaré, vice-président du parti et opposé à une candidature des abeilles. Tout cela ne serait pas arrivé si certains avaient compris qu’il ne servait à rien de se présenter sans un minimum de soutiens. »
Le silence auquel s’astreint Dioncounda Traoré depuis un mois ne fait qu’accentuer les incertitudes autour de l’Adema-PASJ. Beaucoup n’expliquent pas – y compris dans son premier cercle – pourquoi il n’exprime pas clairement sa position, afin de mettre un terme aux spéculations.
Tout cela sont des fantasmes. Si Dioncounda soutenait IBK, il le dirait clairement », rétorque un de ses fidèles
Pour d’autres, ce mutisme serait volontaire : il permettrait d’entretenir le flou autour d’une éventuelle candidature et, in fine, de la rendre caduque au profit d’IBK – dont Traoré est réputé assez proche. « Tout cela sont des fantasmes. Si Dioncounda soutenait IBK, il le dirait clairement », rétorque un de ses fidèles. Selon lui, son mentor, de nature taiseuse, finira par parler. « Rien ne presse, estime-t-il. Regardez les autres grands partis : ni le RPM [le Rassemblement pour le Mali, le parti d’IBK, ndlr] ni l’URD [l’Union pour la république et la démocratie, le premier parti d’opposition, ndlr] n’ont encore investi leurs candidats ! ». …
Jeune Afrique