Le Mali a débloqué 11 milliards de francs CFA (environ 16,8 millions d’euros) pour réhabiliter les infrastructures détruites lors du conflit ayant meurtri le pays en 2012 et 2013, selon la télévision publique malienne ORTM.
Les conventions relatives à ce financement ont été remises mercredi par le ministre malien du Plan et de la Prospective, Cheickna Seydi Ahamadi Diawara, aux agences chargées de l’exécution des travaux, en présence des gouverneurs des régions concernées: Kidal, Gao, Tombouctou (nord), mais aussi Mopti et Ségou (centre), a rapporté jeudi cette télévision reçue à Dakar.
De même source, ce financement, inscrit au budget de l’Etat pour 2013, fait partie du « plan d’urgence de réhabilitation des édifices détruits par les terroristes », d’un coût estimé au total à 25 milliards de francs CFA (plus de 38 millions d’euros), le reste devant être fourni l’année prochaine.
Des groupes islamistes armés, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), avaient profité d’une offensive de rebelles touareg dans le nord, suivie d’un coup d’Etat en mars 2012 à Bamako, pour occuper le nord du Mali pendant près de 10 mois. Ils en ont été en grande partie chassés à partir de janvier 2013 par une intervention militaire franco-africaine.
Les groupes jihadistes ont notamment détruit des mausolées de saints musulmans et de précieux manuscrits conservés à Tombouctou, cité inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco et qui fut un grand centre intellectuel de l’islam.
Plusieurs édifices publics et privés ont également été endommagés dans les régions de Tombouctou, Gao et Kidal, mais aussi dans des localités des régions de Mopti et Ségou. Là, les jihadistes avaient affronté les militaires après avoir entrepris en janvier de progresser du nord vers le sud, une progression stoppée par l’intervention de l’armée française.
Il y a quelques mois, « une première évaluation (des dégâts) avait été faite (…) et l’estimation allait au-delà de 100 milliards de francs CFA (environ 152,5 millions d’euros) », a expliqué le ministre Diawara à l’ORTM.
« Mais, depuis, il y a eu des actions pour prendre en charge une certaine partie de ce qui était envisagé, (…) il y a eu des interventions des partenaires, de l’Etat. Et les services techniques du ministère du Plan ont réexaminé ce programme et ramené le coût aujourd’hui à 25 milliards de FCFA qui constituent, à notre avis, le minimum indispensable pour que l’administration puisse fonctionner normalement », a-t-il affirmé.
S’exprimant au nom de ses pairs, le gouverneur de Kidal, le colonel Adama Kamissoko, s’est réjoui du démarrage du programme, particulièrement « pour la relance du développement des régions du nord ».
Il permettra aux autorités administratives de procéder « à la réhabilitation des infrastructures endommagées et à la mise en oeuvre des projets et programmes d’investissement » pour le développement de leurs régions, a dit le colonel Kamissoko.
Une équipe d’experts mandatés par l’Unesco s’était rendue à Tombouctou en mai et juin pour une mission d’évaluation, qui a conclu que « les dommages causés au patrimoine culturel » de la ville étaient « plus importants que ce qui avait été envisagé initialement ».
« 15 mausolées de Tombouctou furent détruits, dont neuf inscrits au patrimoine mondial. Nous estimons qu’environ 4.200 manuscrits de l’Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba (ex-Centre Ahmed Baba) ont été brûlés et que 300.000 autres issus de la région de Tombouctou sont exposés au trafic illicite », avait déclaré le chef de la mission, Lazare Eloundou-Assomo, à l’issue de la visite, le 7 juin.