Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali, a, le samedi dernier, une nouvelle fois attiré l’attention sur la situation préoccupante qui prévaut au Mali, un pays au bord du gouffre. Face à ce qu’il qualifie de « malaise profond ou encore de crise de confiance entre l’élite et le peuple », le leader religieux préconise un véritable diagnostic des maux, afin d’y trouver des remèdes.
Le leader religieux a tenu ce discours dans la salle Bazoumana Sissoko du Palais de la culture Amadou Hampâté Ba, pleine à craquer. Le ministre en charge des affaires religieuses et du culte, Thierno Oumar Hass Diallo, les autorités de la commune V, plusieurs leaders religieux et une foule de sympathisants du « réseau Nièta » y étaient pour le lancement officiel des activités de la TV Nièta, une toute nouvelle chaîne de télévision privée.
L’occasion était bonne pour Mahmoud Dicko, parrain de l’événement, pour apporter des éclaircissements sur ses dernières sorties médiatiques, parfois mal interprétées au sein de l’opinion nationale. En effet, le président du Haut conseil islamique a récemment multiplié les déclarations concernant la situation actuelle du Mali. Il avait exprimé sans ambages, notamment sur une radio internationale, des préoccupations liées à la mauvaise gouvernance et à l’insécurité, deux fronts sur lesquels le régime en place est en passe de perdre la guerre. Depuis, les commentaires fusent. Certains avaient vu en cette posture du leader religieux, le signe d’une rupture totale d’avec le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. Mais, selon Mahmoud Dicko, il n’y a « aucun différend entre moi et le chef de l’Etat ». Cependant, a-t-il poursuivi, « je ne peux pas rester indifférent à l’état dans lequel se trouve le pays. Et j’exprimerais toujours mon point de vue… rien ne peut m’empêcher de dire la vérité». En clair, Mahmoud Dicko, en se prononçant sur les sujets intéressants la vie de la nation et en disant surtout la « vérité », s’estime être tout simplement dans son rôle de leader religieux, de citoyen, de patriote… D’ailleurs, a-t-il rappelé, c’est le «chef de l’Etat lui-même qui nous (leaders religieux) a demandé de toujours dénoncer ce qui ne va dans le pays». Ainsi, Mahmoud Dicko clame haut et fort: « Aujourd’hui, il y a une crise de confiance entre l’élite et le peuple ». Et « si nous n’y prenons pas garde, ce pays ira là où personne ne s’attend, le gouffre». Selon lui, la situation actuelle, déjà désastreuse, est entretenue par des véreux qui œuvrent dans l’ombre. Actuellement, a-t-il révélé, des « esprits malveillants » sont à la manœuvre pour « opposer la jeunesse aux leaders religieux, afin d’en finir définitivement avec le Mali ».
Pour sauver le pays, il a indiqué la nécessité de poser les vrais problèmes, les diagnostiquer et trouver les vraies solutions. Aussi, a-t-il prôné l’union sacrée de tous les Maliens. « Tout le monde doit s’y investir », a lancé Dicko, tout en exhortant les « hommes politiques » à devenir des « hommes d’Etat ». Car, l’homme politique ne pense qu’au pouvoir, alors que l’homme d’Etat pose les jalons pour les générations futures. Malheureusement, a-t-il déploré, « dans ce pays, il n’y a plus que des hommes politiques ».
Par ailleurs, le président du Haut conseil islamique a salué l’avènement de la télévision Nièta qui devra surtout travailler au renforcement de la cohésion sociale.
Auparavant, plusieurs intervenants se sont succédés au pupitre pour saluer la création de cette télévision. Le représentant du maire de la commune V, le coordinateur des chefs de quartier de Bamako, Bamoussa Touré, le représentant des Imams du Mali, Fodé Cissé, ont tous formulé des bénédictions pour le rayonnement de la nouvelle chaîne. Ils ont souhaité que TV Nièta contribue à la compréhension de la religion musulmane et à la consolidation de la paix.
El hadj Sidy Ibrahim Djiré, directeur général de TV Nièta, a magnifié les qualités du parrain, Mahmoud Dicko dont l’accompagnement et les conseils précieux n’ont jamais fait défaut. La nouvelle « télé de tous les musulmans », a-t-il promis, jouera pleinement sa partition dans le rassemblement des musulmans et, au-delà, cultivera les valeurs enseignées par cette religion.
Puisque Nièta n’a pas une vocation commerciale, son directeur général compte surtout sur le soutien des bonnes volontés pour réussir ses missions. « Cette télé est la vôtre », a-t-il lancé au millier de participants à cet évènement qui s’est déroulé à l’allure d’un téléthon.
Sambou Diarra
L’ Aube